Transition politique : Kafando à l’épreuve des réformes et de la fronde de la garde présidentielle

0
Michel Kafando le président par intérim du Burkina Faso (G) et le lieutenant colonel Isaac Zida (D), au Palais présidentiel, à Ouagadougou, le 19/11/14. AFP/ Sia KAMBOU
Michel Kafando le président par intérim du Burkina Faso (G) et le lieutenant colonel Isaac Zida (D), au Palais présidentiel, à Ouagadougou, le 19/11/14.
AFP/ Sia KAMBOU

Déjà en fin décembre, une première fronde menaçait le Premier ministre Isaac Zida quant à l’aboutissement de leurs doléances. Les officiers du RSP demandent le rétablissement d’une prime de fin d’année, de la non dissolution du régiment, de l’arrêt des réformes les concernant et de leur maintien jusqu’à l’installation des autorités légitimes à l’issue des élections de fin 2015. En plus de cela, les membres du régiment exigent la nomination du colonel-major Kéré, actuellement chef de corps du RSP  au poste de  chef d’état-major particulier du président Kafando, et son remplacement à la tête du RSP par le lieutenant-colonel Coulibaly, ancien aide de camp de Blaise Compaoré qui l’avait accompagné dans sa fuite en Côte d’Ivoire. L’argument avancé serait d’ordre hiérarchique, mais il s’agit en réalité de remettre à la tête du RSP et auprès du président de la transition des proches de Blaise Compaoré.

Le président Kafando ainsi que Zida font ainsi face à leur première crise aussi violente qu’inattendue.

 

Mais il fallait s’y attendre. Il est connu que dans tout pays où un coup d’Etat est perpétré, le premier réflexe c’est de mettre hors d’état de nuire la garde présidentielle, proche du chef d’Etat déchu et qui jouissait de multiples privilèges. C’est aussi, globalement le cas au Burkina Faso, sauf qu’elle n’a pas pris l’allure d’une chasse aux sorcières. Ceci est certainement dû au fait que le RSP conserve sa toute-puissance malgré le départ précipité de Blaise. Le président de la transition du Faso devra allier habileté et fermeté pour venir à bout de cette fronde. Car, si certaines de leurs doléances peuvent paraitre légitimes, il n’en est pas de même pour le reste. Les nominations sont du seul ressort du Chef d’Etat, fusse-t-il intérimaire.

 

Isaac Zida, déjà en mauvaise posture

A sa nomination et sur injonction de Kafando, il a bien tenté de réformer le RSP, voire même de le dissoudre et de le constituer en une simple corporation de l’Armée de Terre. Mais pour quelqu’un qui a déjà fait partie de ce régiment et qui, maintenant, se retrouve dans les hautes sphères de l’Etat, c’est chose difficile. D’un côté, une partie de la masse populaire lui reproche d’avoir été numéro 2 du RSP et de l’autre, ce même Régiment l’accuse de vouloir sa perte.

Egalement, lorsqu’il déclara publiquement que toute la lumière sera faite sur les assassinats de Thomas Sankara et de Norbert Zongo, il a exaspéré une partie des officiers du Régiment, les auteurs de ces crimes faisant, sans doute, parti. Autre fait qui déplu, c’est la nomination de certains officiers en son sein tout en ignorant l’ordre hiérarchique.

Néanmoins, le fait qu’il ait démis le Général Diendéré de ses fonctions, à la surprise générale de l’opinion publique, a quelque peu ragaillardi son aura. Surtout que ce dernier comptait parmi les plus fervents fidèles de Blaise Compaoré. Cette décision est d’autant plus surprenante que c’est bien le Général qui avait fait joué ses relations pour nommer le même Isaac Zida dans le RSP.

 

Gilbert Diendéré, candidat à la présidentielle ?

En vue de l’élection présidentielle prévue en octobre, les formations politiques se mettent déjà en ordre de bataille. L’ex parti présidentiel, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), est à la recherche de son candidat pour la reconquête du pouvoir.

Il circule dans la presse burkinabé, qu’après moult tractations, le Général Gilbert Diendéré aurait accepté d’être le porte étendard du parti pour la présidentielle prochaine. Malgré son passé très peu glorieux dans le pays et même dans la sous-région  ouest africaine, il lui est reconnu sa profonde connaissance du secteur de la sécurité du Burkina Faso. Certains burkinabés vont même jusqu’à proposer aux autorités de transition de négocier avec ce dernier pour qu’il partage sa large expérience en la matière.

Pour le moment, rien n’est officiel. L’ancien ministre Djibril Bassolé ainsi que Kadré Désiré Ouédraogo sont aussi dans les startings blocs.

 

Blaise Compaoré a provoqué sa propre perte en persistant dans son projet de modification de la Constitution jusqu’à ce que la rue lui chasse du pouvoir. En sera-t-il de même pour la RSP si jamais ses officiers insistent pour obtenir l’aboutissement de leurs revendications ?

Affaire à suivre…

Ahmed M. Thiam

Commentaires via Facebook :