Transhumance : Macky Sall, l’éthique de surface

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Macky Sall

Évidemment, ce n’est pas une surprise ! Quand on a accueilli dans sa propre formation politique Thierno Lô, Abdou Fall, Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye, Bécaye Diop, Sitor Ndour et que l’on encourage ceux qui «hésitent» encore à franchir les territoires asséchés de l’opposition, on est obligé de prendre ses responsabilités et d’assumer publiquement ses convictions cachées. Ce que le chef de l’Etat a fait. Tellement mal à l’aise qu’il s’est surpris à établir la comparaison entre la transhumance des politiciens et les mouvements professionnels des journalistes.

On n’était pas si loin du minable ! Adieu sobriété, vertu, éthique, moralisation de la vie politique et tutti quanti ! On a compris que notre président de la République ne semble plus avoir les pieds sur terre depuis qu’il s’est rendu compte qu’il n’a en face de lui ni une opposition politique crédible et forte, ni une société civile décapitée et recyclée dans les embrouillaminis de la dolce vitae. Il doit être désormais clair aux yeux de tous que pour Macky Sall, la fin justifie les moyens et que la realpolitik va de plus en plus s’imposer dans ses actes. Ses propos de Kaffrine ne disent pas autre chose.

Chef d’un parti qui n’a d’assises que celles permises par la détention de tous les leviers du pouvoir, le président de la République, à travers cette logique de massification de son camp, nous signifie simplement qu’il n’a aucune intention de révolutionner la praxis politique politicienne, qu’il est finalement un politicien comme les autres. De son ex-maître Mao Zedong, il aura au moins appris que «la politique est une guerre sans effusion de sang…». C’est déjà ça ! Sa chance, et il en a eu bigrement, c’est d’avoir été témoin d’un contexte particulier de l’histoire de notre pays, d’avoir pu en capter les exigences de toutes sortes, d’être sorti victorieux d’un long et dur combat contre un seigneur et son système. C’est tout à son honneur.

Mais il en aurait été incapable sans le soutien des forces vives de la Nation, sans le sacrifice suprême de citoyens ulcérés par les dérives autoritaires et monarchistes des Wade. C’est à cet héritage de sang et de sueur dont on espérait qu’il ferait faire un petit pas de géant à notre démocratie en construction que Macky Sall, sans état d’âme, a donné ce coup de poignard dans le dos qui nous ramène à certaines heures tragiques de l’ère Wade…

Momar DIENG

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