Ce mercredi 15 mai 2015, à l’Institut national de formation judiciaire, s’est tenu un atelier de deux jours sur le rôle de la justice sur la toxicomanie. La rencontre avait également un but de partage d’expériences des justices des différents pays sur le phénomène suivi de l’installation du réseau épidémiologique ouest-africain sur la consommation de drogue au Mali.
En présence de plusieurs représentants de la Cedeao et du Mali, intervenant dans la question de la drogue, le représentant du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Cheick Tidiane Traoré, a, en prélude, évoqué que pour faire face aux défis combien nombreux sur le trafic et la consommation de la drogue, il a fallu d’abord chercher à renforcer le mécanisme de coordination de la lutte contre la drogue et le crime organisé; renforcer le cadre légal de la lutte contre les trafics illicites et le crime organisé et le rendre conforme aux conventions internationales en vigueur sur le crime organisé. Des efforts ont également été faits sur le contrôle des drogues, la corruption et la prévention du terrorisme; le renforcement les capacités opérationnelles des services de répression, le renforcement les capacités des différents services en charge de la lutte contre le blanchiment de capitaux, du financement du terrorisme et la lutte contre la corruption, la réalisation d’une meilleure connaissance de la situation des trafics illicites et de l’abus des drogues.
Cette décision a permis à notre pays d’améliorer les équipements des structures classiques de la police, la gendarmerie, la douane, la garde nationale et des nouvelles structures ont été créées à savoir : le Bureau général, l’Office central des stupéfiants (OCS), l’Unité mixte de contrôle cellule conteneurs (Umcc), les pôles économiques et financiers à Bamako, Kayes et Mopti, le Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, etc.
À en croire Cheick Tidiane Traoré, au plan normatif, le Mali a signé et ratifié la quasi-totalité des instruments juridiques internationaux et régionaux concernant la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme, le trafic de drogue, la traite des personnes, le trafic des migrants et le trafic illicite d’armes à feu. Des efforts considérables ont été déployés depuis longtemps et sont toujours en cours pour rendre nos lois nationales, conformes aux engagements internationaux.
Entre 2015 et 2017, les forces de défense et de sécurité du Mali ont saisi d’énormes quantités de drogues et arrêté 612 trafiquants.
Il a ajouté qu’il y a d’autres chiffres inquiétants sur les personnes arrêtées, car 7% sont des femmes. Les caractéristiques sociodémographiques des toxicomanes entre 2016 et 2017 montrent une progression de 16,5% pour la tranche d’âge allant de -10 à 19 ans. Ces données démontrent à suffisance que la consommation de stupéfiants se pose aujourd’hui en problème de santé publique et requiert d’énormes efforts en matière de prévention de l’usage de drogues, de soutien et de traitement des usagers.
À cet effet, il dira qu’il y a nécessité de revoir notre législation sur les drogues afin d’intégrer des mesures alternatives à l’emprisonnement et autant que possible celles liées à la prise en charge et au traitement des toxicomanes. Cela est envisageable, pourvu que ne soient pas perdues de vue les raisons profondes qui ont amené notre pays à adopter une politique de fermeté vis-à-vis de la question de drogues, a-t-il conclu.
Selon Daniel Akouassi Akwaman, Coordinateur du réseau épidémiologique ouest-africain sur la consommation de drogue, ce programme est financé par l’Union européenne (UE) dans le cadre d’un don à la Commission de la Cedeao. Aux dires du coordinateur, ce soutien de l’UE au contrôle et à la prévention de la toxicomanie en général et à son assistance à la Commission de la Cedeao en particulier est louable. L’impact grave des drogues illicites sur la santé, le développement, la paix et la sécurité est bien reconnu et il n’est plus nécessaire de les énumérer. C’est pourquoi, à en croire au rapport mondial sur les drogues de 2017, environ 190 000 personnes meurent chaque année des suites de consommation des drogues illicites. Pour lui, les problèmes causés par la toxicomanie ont également des effets d’entraînement sur les familles, les communautés et la nation dans son ensemble ; la toxicomanie est également le catalyseur du trafic de drogue. Et vu ses conséquences néfastes, la toxicomanie demeure aujourd’hui un problème complexe qui exige des efforts concertés pour y faire face.
Adama TRAORE