Au stade actuel de la précampagne pour la présidentielle américaine de novembre 2016, il serait hautement risqué de s’essayer à la prospective. Sautons néanmoins le pas pour dire que l’horizon a commencé à se décanter, autorisant une certaine lisibilité du paysage politique.
Sans être un spécialiste, on peut affirmer (avec le risque de se tromper) que l’on s’achemine, lentement mais sûrement, vers un duel au sommet Hillary Clinton – onald Trump en 2016. Si tel est le cas, le vent pourrait tourner en faveur de la représentante du camp démocrate.
Sans coup férir? Difficile de le dire. Mais son plus que probable adversaire républicain a accumulé tellement de bourdes lors des primaires que, en politicienne aguerrie, elle n’aura aucune peine à les capitaliser à son profit. Des déclarations à l’emporte-pièce aux prises de position racistes, il faudrait un véritable bêtisier pour consigner toutes bévues de Donald Trump.
N’a-t-il pas déclaré que s’il était élu Président, en guise de mesure-phare dans la lutte contre l’insécurité, il n’allait pas hésiter à chasser tous les musulmans des Etats-Unis? Tout se passe comme si, du haut de sa tour, symbole de sa réussite personnelle, Donald Trump, pris de vertige, avait totalement perdu le sens des réalités.
Il est entré en politique par effraction, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il serait très dangereux pour la sécurité et la paix mondiales de confier à un tel individu la valise nucléaire et le code du déclenchement du feu atomique. Il aura beau clamer qu’il ne les pensait pas, Trump n’en sera pas moins rattrapé par ses inepties, le temps des choses sérieuses venu.
Il aura largement ouvert à Hillary le boulevard qui mène à la Maison Blanche. L’ex First Lady a pour elle sa grande expérience dans la haute administration, comme en témoigne son passage au Département d’Etat, de 2009 à 2013. Elle fut aussi Sénatrice démocrate de l’Etat de New York de 2001 à 2009. De toutes les façons, face à Donald Trump, Hillary Clinton apparait comme le moindre mal.
Une femme Présidente des Etats-Unis d’Amérique, après un Noir Président du pays le plus puissant de la planète, ce n’est plus de l’ordre de l’imaginaire. C’est même une éventualité très probable. L’Amérique, sentant son déclin arriver, a choisi (c’est à son honneur) de jouer la carte du réalisme, en se dépouillant de son manteau d’arrogance. En donnant au Noir et à la Femme (?) leur chance.
Globalement, Barack Obama a pu se hisser à hauteur de souhait. Les Noirs peuvent être fiers de lui. L’économie américaine était à terre, il a pu la relever. Il a su réajuster la diplomatie américaine, dans monde de plus en plus multipolaire, en marquant de son sceau les dossiers iranien et cubain, même si certains faucons y perçoivent un signe de faiblesse. A l’heure du bilan, il aura également à son actif la réforme du système de santé.
A son débit, le mariage pour tous et certaines décisions prises sous la pression des lobbies. Ceux qui attendaient qu’il sorte l’Afrique de la misère ont été plutôt déçus. Paradoxalement, c’est son prédécesseur, Bush Jr, l’homme par qui la crise de l’Irak est arrivée, qui a le plus fait pour l’Afrique et les Noirs. En témoigne son Initiative contre le paludisme.
Qu’un des représentants de ceux qui n’ont inventé ni l’écriture ni la poudre à canon se soit hissé jusqu’à devenir le Président du pays le plus puissant du monde est un fait qui sera gravé en lettres d’or dans les annales de l’histoire. En cela, Barack Obama aura grandement contribué à conférer une grande visibilité à l’homme noir. C’est déjà ça.
Enfin, il est à parier que, si elle est élue, l’ex First Lady du 42ème Président des Etats-Unis, sensible comme elle l’est à la justice sociale, portera le plus haut possible l’étendard laissé par Obama.
Yaya Sidibé