PARIS (AFP) – mardi 23 décembre 2008 – 23h31 – L’ONU, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), les Etats-Unis et des dirigeants africains ont condamné la tentative de coup d’Etat en consécutive à la mort du président Lansana et appelé à une "transition pacifique et démocratique" dans ce pays.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à une "transition du pouvoir pacifique et démocratique, en accord avec la Constitution" et "exhorté les forces armées et toutes les parties prenantes au respect du processus démocratique".
A l’UA, le président de la Commission Jean Ping a "fermement condamné" la tentative de coup d’Etat militaire, survenue quelques heures après le décès du général Conté, estimant qu’elle constituait une "violation flagrante de la Constitution guinéenne".
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA (CPS) a été convoqué pour une réunion d’urgence mercredi à son siège d’Addis Abeba.
D’ores et déjà, l’UA a appelé "toutes les forces politiques de Guinée et autres institutions de l’Etat, notamment les forces armées, à assurer une transition constitutionnelle, pacifique et consensuelle, dans le respect de l’ordre démocratique", a indiqué le Commissaire à la Paix et la Sécurité, Ramtane Lamamra.
La présidence de l’UE a également appelé tous les responsables politiques et militaires "à respecter (…) les dispositions constitutionnelles afin d’assurer une transition pacifique en vue de l’organisation rapide d’élections libres et transparentes".
En cas de vacance du pouvoir, la gestion des affaires en Guinée doit revenir temporairement au président de l’Assemblée nationale, chargé d’organiser une élection présidentielle dans les 60 jours.
Comme le reste de la communauté internationale, les Etats-Unis ont appelé au respect de ce processus. "Nous encourageons les institutions guinéennes à prendre toutes les mesures nécessaires à une transition pacifique et démocratique", a dit la Maison Blanche.
Même ton en France, ancienne puissance coloniale, qui a souhaité "l’organisation d’élections libres et transparentes rapidement".
La Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) a demandé aux organisations internationales de "suspendre immédiatement la Guinée de leurs instances" si le putsch était confirmé.
A l’UA, Ramtane Lamamra a indiqué que "dès la tenue de (la réunion d’urgence du CPS), on peut penser que la Guinée sera suspendue de participation aux réunions et activités" de l’organisation panafricaine.
La Guinée "sera automatiquement suspendue" de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest en cas de succès de la tentative de coup, a déjà prévenu la Cédéao.
Dans ce contexte, l’inquiétude de voir la région déstabilisée prévaut.
Le Liberia a ainsi placé ses forces de sécurité "en état d’alerte", et les Casques bleus de la force de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) ont été appelés à une "vigilance accrue" dans la zone frontalière avec la Guinée.
Le président de la Sierra Leone Ernest Koroma a convoqué le Conseil national de sécurité pour "surveiller les activités militaires" de la Guinée voisine.
"C’est un revers grave, particulièrement pour la région très volatile du fleuve Mano (Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire)", a commenté le secrétaire exécutif de la Cédéao.
Le président nigérian Umaru Yar’Adua a condamné "sans équivoque toute prise de pouvoir anticonstitutionnelle", tandis que le Burkinabé Blaise Compaoré a espéré un retour rapide de la "démocratie" souhaitant que ces évènements permettent aux Guinéens de "participer à des élections crédibles", ce qu’ils "attendent depuis des années".
Des organisations humanitaires se sont montrées particulièrement critiques vis-à-vis de Lansana Conté, qui était au pouvoir depuis 1984.
La Ligue ivoirienne des droits de l’Homme a vu dans son décès une "opportunité" pour la Guinée de "tout remettre à plat". Le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) a rappelé sa "gestion calamiteuse" et estimé que la Guinée s’était "libérée d’un bourreau".
AFP