Tchad : Moussa Faki Mahamat, l’Africain de l’Année 2022 de Confidentiel Afrique

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Un changement de style, d’état d’esprit et de management. C’est ce que tout le monde attendait quand début janvier 2017, le diplomate Tchadien Moussa Faki Mahamat prenait les rênes de la Commission de l’Union africaine. Cinq ans après, le bras exécutif de l’UA, n’a pas déçu et a bien pris ses marques du haut de la Tour d’Addis Abeba où il officie.

Le successeur de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, est l’Homme Africain  de l’Année 2022 du magazine panafricain Confidentiel Afrique. Il est au four et au moulin. Sur tous les fronts. L’ancien ministre des Affaires Étrangères d’Idriss Déby Itno, a fait preuve de dynamisme pour imposer et imprimer sa marque. Le Président de la CUA, juriste de formation a fait ses études respectivement à Brazzaville et Paris. Il soutient sa thèse de doctorat en Droit Public à l’Université Paris XIII. Cette discipline chevillée au corps a influencé toute sa trajectoire ou presque et orienté ses pisitions et ses postures d’homme d’État dans l’exercice de ses fonctions. On connaissait ses positions lumineuses dans tous les dossiers qui secouent le continent et même au-delà. Tout au long de l’année 2022, Moussa Faki s’est singularisé sur tous les fronts diplomatiques.

Diplomatie active au front

Son dernier succès a été sans doute cet accord du 7 décembre 2022 pour un retour rapide à un régime civil a été conclu au Soudan. L’Union africaine (Ua) décrit d’ailleurs cet accord comme une « étape significative » vers une « fin définitive » de la crise politique du pays. Moussa Faki Mahamat disait toute sa détermination pour que les signataires de l’accord « restent ouverts aux forces politiques qui n’ont pas signé l’accord ». Il a également exhorté toutes les parties « à travailler ensemble en toute bonne foi, pour la mise en place des institutions démocratiques assurant la restauration de l’ordre constitutionnel de la transition soudanaise ». Sur les violences en République Démocratique du Congo, le même langage de sagesse est de mise.  Pour Faki Mahamat, il faut une « solution politique » même le gouvernement congolais refuse de négocier avec le groupe des rebelles du M23. Moussa Faki Mahamat se prononce en faveur de discussions les plus inclusives possibles. Au Burkina, le ton a été ferme. Face au coup d’État qui a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba le 30 septembre 2022, le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), a vite condamné « le changement anti constitutionnel de gouvernement ». Souhaitant « un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024″. La même condamnation a été observée lorsque le 24 janvier 2022 Roch Marc Kaboré est renversé par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration, dirigé par le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba. Dans toutes les deux situations, M. Faki avait appelé les militaires à « s’abstenir immédiatement et totalement de tout acte de violence ou de menaces aux populations civiles, aux libertés publiques, aux droits de l’Homme » tout en plaidant pour « un strict respect des échéances électorales pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024″. Pour le conflit dans la corne de l’Afrique, si le 5 octobre Addis-Abeba a « accepté » l’invitation de l’UA à des pourparlers en Afrique du Sud avec le chef des rebelles du Tigré, c’est grâce à l’entregent de Moussa Faki Mahamat. Ce dernier a été aussi aux premiers rangs lors du double sommet extraordinaire de l’UA sur l’industrialisation et la diversification économique et la session sur la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf). Le Président de la Commission de l’UA, avait ainsi soutenu que ‘’l’étape à laquelle est parvenu le processus d’opérationnalisation de la ZLECAF constitue un motif de satisfaction et de fierté’’. Toutefois, les  » chantiers à gérer avec intelligence et efficacité sont multiples » disait-il devant l’assistance lors de son discours d’ouverture du sommet de la ZLECAF au Niger.

Réformateur et Pacificateur

Avant de rappeler que les attentes du Continent sont, d’une part, une production de biens manufacturés diversifiés, et d’autre part, un renforcement des échanges commerciaux intra-africains que devra faciliter la pleine et totale opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). En mission au Tchad, chez lui, Moussa Faki Mahamat s’est surtout montré très présent cette année dans le champ politique tchadien. Sur ce dossier aux enjeux géopolitiques et sécuritaires multiples qui divise les pays membres du Conseil Paix et Sécurité (CPS) de l’UA, il estime que les autorités de transition du Tchad ont renié leurs engagements sur la durée de la transition et leur inéligibilité à de futures élections. « Ces deux conditions, qui sont la contrepartie de l’attitude clémente de l’Union africaine n’ont pas été respectées », dénonçait-il. Alors que le PCMT se targue d’un « dialogue inclusif réussi », le cours de l’agenda diplomatique international recoud les lignes de friction, car, le dégel viendrait de cette image virale, vraie ou fausse qui montre en complicité le Président Mahamat DEBY ITNO et le patron de la Commission de l’Union africaine en plein sommet USA-Afrique organisé par Joe Biden. Compagnon inoxydable de la première heure du cercle des fidèles du défunt Maréchal Idriss DEBY ITNO, Moussa Faki multiplie les missions de bons offices sur le continent et continue de se battre auprès des grandes institutions pour hisser plus haut l’organisation panafricaine. Il s’en défend mordicus et montre de véritables gages afin de consolider un leadership affirmé du continent en interlocuteur respecté à travers le monde.

Par Maguette Mbengue et Hippolyte GOURMANTIER

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