Le chef de la junte militaire au Tchad a promis samedi “des actions concrètes” en faveur des groupes “politico-militaires” lors de l’installation du comité technique spécial relatif à leur participation au “dialogue national inclusif”, devant conduire aux premières élections depuis la mort d’Idriss Déby Itno.
“Notre bonne foi sera traduite par des actions concrètes qui seront prises en matière d’amnistie, de libération des prisonniers de guerre, de restitution des biens et de réinsertion socioprofessionnelle suivant un calendrier précis à définir”, a assuré Mahamat Idriss Déby Itno, président du Conseil militaire de transition (CMT).
Le “dialogue national inclusif” doit se tenir en novembre et décembre et vise selon le gouvernement à “rassembler tous les Tchadiens pour former un pays apaisé”.
Un comité d’organisation du Dialogue national inclusif a été nommé la semaine dernière, avec notamment pour vice-président Saleh Kebzabo, principal opposant au régime de l’ex-président tchadien.
Parallèlement, un autre comité de 28 membres, spécialement en charge du dialogue avec les groupes armés, a été nommé mardi avec à sa tête l’ancien président Goukouni Weddeye. Plusieurs proches du nouveau chef de l’Etat et généraux influents de l’armée tchadienne font aussi partie du comité.
– “esprit du consensus” –
Plusieurs groupes rebelles tchadiens sont basés en Libye, au Soudan ou dans les zones frontalières avec ces pays, parmi lesquels le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), à l’origine d’une offensive le 11 avril sur N’Djamena qui a entraîné la mort du président Déby, au pouvoir depuis 30 ans.
“Il est temps que nous cessions d’entendre les bruits de bottes et que nous nous engagions résolument à résoudre nos problèmes par le dialogue”, a déclaré Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président.
“J’insiste pour que les pourparlers avec nos frères politico-militaires obéissent à des critères objectifs, réalistes, rationnels et patriotiques, marqués par la dominance constante de l’esprit du consensus”, a-t-il ajouté.
“La réussite de ces négociations implique (…) l’accompagnement de nos partenaires (…) dans toutes les phases du processus du dialogue devant aboutir au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration”, a poursuivi le chef de l’Etat.
Le 10 août, le général de 37 ans avait déjà lancé “un appel pressant aux politico-militaires” pour créer “une impulsion collective de la dynamique de l’unité nationale et du vivre-ensemble”. Le gouvernement avait ensuite précisé que cette invitation concernait “tous les groupes armés sans exception”.
Le régime avait jusqu’à alors exclu de discuter avec le FACT.
– Conditions –
Certains groupes rebelles comme l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) du général Mahamat Nouri se sont déjà dit prêts à participer au dialogue.
De son côté, le FACT avait souligné “un pas dans la bonne direction” mais avait donné des conditions préalables à sa participation au dialogue, notamment “l’amnistie générale pour tous les politico-militaires, les opposants en exil et la libération de tous (ses) militants”.
A l’annonce de la mort du président Déby, son fils s’est arrogé les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Il a promis des élections “libres et démocratiques” au terme d’une période de transition de 18 mois renouvelable, mais sans exclure une prolongation de la transition.
Le CMT a dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution. Sous la pression internationale, la junte a nommé un “gouvernement de transition” de civils le 2 mai, dirigé par Albert Pahimi Padacké, le dernier Premier ministre du défunt.
L’histoire du Tchad indépendant est ponctuée d’épisodes de rébellions armées venues du nord, de la Libye ou du Soudan voisin. Idriss Déby était lui-même arrivé au pouvoir en 1990 à la tête de forces rebelles ayant foncé sur N’Djamena.