Les Tchadiens se sont réveillés le samedi sous le bruit des sifflets et des casseroles. Des étudiants qui réclament la reprise des cours au gouvernement se sont rassemblés ce samedi matin depuis 5 heures pour faire des bruits dans tout l’intérieur du pays. Ce mouvement n’a pas tardé à se dégénérer en vague d’arrestation.
Nous savons que depuis le 1er mars 2016, les écoles tchadiennes ne sont plus stables à cause des menaces de BokoHaram, le principal groupe terroriste qui évolue dans cette zone et qui est responsable de l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles au Nigéria. Le 29 janvier dernier, les écoles furent à nouveau fermées jusqu’à nouvel ordre à cause des grèves intempestives des étudiants refusant le port obligatoire des casques pour leur sécurité sous prétexte que les prix de cet objet avaient augmenté depuis la décision du gouvernement.
Par ailleurs, vu tout le temps qu’ils ont passé sans les classes, les étudiants ont eu la nostalgie de l’école et veulent leur réouverture sans condition. C’est dans ce contexte que le président de l’Union nationale des étudiants tchadiens avait invité ses militants ce samedi 10 février 2018 à une manifestation consistant tout simplement à faire des bruits qui peuvent déranger, et cela de 5 heures à 7 heures du matin.
Cette opération qui fut dénommée par les étudiants « Tintamarre » s’étendait sur toute l’étendue du territoire tchadien. Par ailleurs, les villes comme Abéché, Moundou, Koumra et Sarh ont été suffisamment mouvementées, mais pas comme dans la capitale tchadienne, Ndjamena, où le mouvement s’est vite étendu dans les rues rendant les circulations quasiment impraticables à cause des pneus qui se brulaient. En conséquence, les forces de l’ordre entrèrent en scène avec des jets de grenades lacrymogènes, de la poursuite de certains manifestants jusqu’à l’intérieur des concessions où ils s’étaient cachés. Des témoins racontent d’ailleurs que les policiers jetaient des grenades lacrymogènes sur des concessions. Outre ceux-ci, il faut reconnaitre que la presse n’a pas été épargnée. Une radio privée fut violentée par les forces de l’ordre pour avoir filmé la scène. À la suite de ce mouvement, 90 personnes auraient été interpellées, il y eut des incarcérations. Que ce mouvement se dégénère ainsi n’a pas manqué d’étonner les organisateurs du mouvement.
Dans ces derniers temps, la stabilité est un rêve pour tous les Tchadiens. Cela s’explique en grande partie par le poids du groupe terroriste BokoHaram sur le pays qui a engendré un appauvrissement du Tchad en termes économique. À cet effet, nous savons qu’Idriss Deby avait voté des mesures d’austérité consistant notamment à une réduction des dépenses de l’État à travers la réduction des investissements de tous les ministères. Ce qui ne peut pas avoir des conséquences sur les salaires des fonctionnaires. Comme nous pouvions nous y attendre, ceux-ci ont commencé à montrer leur mécontentement. Or, le président explique que cela était nécessaire en attendant que le pays soit économiquement stable. Cependant, bien vrai que les mouvements de protestation se multiplient, il ne convient pas de gazer, de matraquer voire d’arrêter les citoyens qui ne font que réclamer leurs droits. La discussion, le dialogue peuvent faire de grandes prouesses.
Nos États doivent favoriser la culture du dialogue dans leur politique nationale et internationale afin de résoudre leurs problèmes pacifiquement. Pour mieux comprendre un individu, il convient de discuter avec lui, mais une fois que tu le violentes, alors, il va être tenté de répliquer. De vengeance en vengeance, le pays tombe dans une situation ingouvernable.
Fousseni TOGOLA