N’DJAMENA (AFP) – Le président tchadien sortant Idriss Deby Itno a été sans surprise réélu avec 88,66% des voix dès le 1er tour de la présidentielle du 25 avril boycottée par l’opposition et dont le taux de participation s’élève à à 64,22%, selon la Commission électorale.
Selon le décompte de la Commission, le président Deby, arrivé au pouvoir par un coup de force en 1990 et qui briguait un quatrième mandat de 5 ans (après avoir été élu en 1996, puis réélu en 2001 et 2006), a obtenu 88,66% des suffrages (2.504.069 voix).
Le ministre Albert Pahimi Padacké a obtenu 6,03% des suffrages (170.188 voix) et l’opposant Nadji Madou 5,32% (150.226).
Le taux de participation, qui était le principal enjeu du scrutin boycotté par les trois principaux opposants, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar, est de 64,22%. Il y a eu 4.950.979 inscrits pour 3.179.325 votants, selon la Céni. 355.111 bulletins étaient nuls, soit un suffrage exprimé de 2.824.215 votes.
La journée de lundi a été marquée par le décès dans la matinée de M. Kamougué, mort de maladie à l’âge de 72 ans. Ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de la Défense, le général Kamougué, 72 ans, dit "WAK", était le leader de l’Union démocratique pour le renouveau (UDR).
Le pouvoir n’a pas encore commenté la réélection du président tchadien, qui ne devrait s’exprimer qu’une fois que le Conseil constitutionnel aura validé le scrutin.
Le parti de M. Deby, le Mouvement patriotique du salut (MPS), avait jugé la participation "correcte", alors que le président Deby avait accusé les opposants de se retirer par peur d’être battus. "Je pense que, quoi qu’il en soit, les élections vont être crédibles", avait-il estimé.
Toutefois, M. Kebzabo a qualifié la réélection de M. Deby de "rigolade".
"C’est de la rigolade. Tous les Tchadiens savent qu’ils n’ont pas voté. Je ne m’attendais à rien. Il n’y pas eu d’élection", a déclaré à l’AFP le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR).
"Les chiffres (de participation) n’ont aucune valeur. Ils (le pouvoir) ont fait ce qu’ils ont voulu. Au mieux, même les observateurs les plus optimistes évaluaient la participation à 25%", a-t-il ajouté.
L’élection présidentielle devait marquer le point d’orgue d’un processus de démocratisation du régime entamé avec l’accord du 13 août 2007 signé entre la majorité des partis d’opposition et le pouvoir.
Mais l’accord signé un an après le boycott de la présidentielle de 2006 a débouché finalement sur un nouvel appel à l’abstention des principaux opposants, trois mois après les législatives du 13 février largement dominées par le MPS de M. Deby.
Selon les résultats définitifs de ces législatives à un tour à la proportionnelle proclamés par la Cour, le MPS a obtenu la majorité absolue avec 113 des 188 sièges de l’Assemblée nationale alors que 13 sièges issus de trois partielles du 6 mai restent à pourvoir.
Candidats en 2001 et 1996, les trois principaux opposants, MM. Kebzabo, Kamougué et Yorongar avaient dénoncé une "mascarade électorale", affirmant que les élections législatives avaient été marquées par des fraudes et des irrégularités, avant de suspendre leur participation à la présidentielle. Ils réclamaient notamment de nouvelles cartes d’électeurs.
Depuis le réchauffement des relations avec le Soudan, le régime de M. Deby semble à l’abri des "rezzous" (raids) rebelles, d’autant qu’avec ses nouveaux pétro-dollars, il a pu renforcer son armée.
Il bénéficie du soutien de la France, qui maintient une présence dans son ancienne colonie presque sans discontinuité depuis 1960.
AFP