Dans un revirement spectaculaire, l’islamologue suisse Tariq Ramadan a été condamné en appel en Suisse pour viol et contrainte sexuelle à une peine de prison de trois ans, dont un an ferme, après avoir été acquitté en première instance.
La chambre pénale d’appel et de révision “annule le jugement du tribunal correctionnel du 24 mai 2023 en reconnaissant Tariq Ramadan coupable de viol et de contrainte sexuelle pour la quasi-totalité des faits dénoncés”, a indiqué la Cour de justice genevoise.
La chambre pénale d’appel et de révision “condamne Tariq Ramadan à une peine privative de liberté de trois ans, sans sursis à raison d’un an”.
Elle confirmait ainsi une information de la télévision suisse publique RTS.
“Ces faits sont survenus à Genève dans la nuit du 28 au 29 octobre 2008, date à laquelle la plaignante a subi un viol et des actes d’ordre sexuel”, ajoute la justice.
Les parties ayant renoncé à une lecture publique du jugement, il leur a été notifié par courrier.
L’arrêt, daté du 28 août, est susceptible de recours, dans un délai de 30 jours, auprès du Tribunal fédéral, qui est la Cour suprême de la Confédération.
Le procès en appel s’est tenu fin mai à Genève. Le procureur avait requis trois ans de prison dont la moitié ferme, et évoqué la notion d'”emprise” exercée par Tariq Ramadan, 62 ans, comparée à un “syndrome de Stockholm” chez la plaignante.
Tariq Ramadan, figure charismatique et contestée de l’islam européen, nie lui tout acte sexuel et avait plaidé l’acquittement.
Convertie à l’islam, la plaignante, “Brigitte”, qui se fait appeler de la sorte pour se protéger de menaces, a assuré devant les juges qu’il l’avait soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008.
– “plusieurs témoignages” –
En mai 2023, à l’issue d’un premier procès très médiatisé et qui s’était déroulé dans une ambiance très tendue, Tariq Ramadan avait été acquitté en première instance.
Les juges avaient alors estimé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui dans cette affaire. Le Tribunal correctionnel de Genève avait également fait valoir les témoignages contradictoires et les “messages d’amour” envoyés par la plaignante.
Les trois juges de la chambre d’appel et de révision ont eu une toute autre appréciation des faits, retenant cette fois “que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d’experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante”, selon la Cour de justice.
Aussi, “les éléments recueillis par l’instruction ont ainsi emporté la conviction de la chambre quant à la culpabilité du prévenu”, indique le communiqué.
La plaignante avait indiqué durant l’enquête avoir connu Tariq Ramadan lors d’une séance de dédicaces quelques mois auparavant. S’en était suivie une correspondance de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.
Les deux protagonistes ont affirmé devant les juges genevois avoir passé la nuit ensemble dans la chambre d’hôtel, qu’elle avait quittée tôt le matin pour rentrer à son domicile. Mais leurs versions des faits diffèrent.
Tariq Ramadan a affirmé s’être laissé embrasser avant de mettre fin à l’échange et a accusé la plaignante de vouloir se venger pour avoir été “éconduite”.
La plaignante avait porté plainte dix ans après les faits. Selon l’accusation, c’est le fait que des femmes ont porté plainte en France en 2017 contre l’islamologue qui a poussé “Brigitte” à en faire de même en Suisse.
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