Même costume, même cravate, même intransigeance. Lundi, le président russe Vladimir Poutine a reçu au Kremlin le président syrien Bachar al-Assad. Le premier a assuré le second de son soutien en critiquant la présence de forces étrangères déployées en Syrie sans décision des Nations unies. Elles sont, a-t-il estimé, un obstacle à la consolidation de la paix qui règne dans le pays, après que l’armée d’Assad a reconquis, avec l’aide des Russes, pratiquement tout le pays après dix ans d’une guerre civile sans merci.
« Les terroristes ont subi de très graves dommages, et le gouvernement syrien, dirigé par vous, contrôle 90 % des territoires », a déclaré Poutine, selon un communiqué du Kremlin.
Ces mots s’adressaient avant tout à la Turquie et au président turc Erdogan. Samedi, trois soldats turcs ont été tués dans une attaque dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. La province d’Idlib abrite le dernier grand bastion djihadiste et rebelle du nord-ouest de la Syrie. Après avoir repris Deraa, Bachar al-Assad, réélu président au mois de mai, veut achever son travail de mise au pas.
« Libération des territoires occupés »
Assad, dont la dernière rencontre à Moscou avec Poutine remonte à 2015, a remercié le dirigeant russe pour l’aide humanitaire apportée à la Syrie et pour ses efforts visant à mettre fin à la « propagation du terrorisme ». Il a salué ce qu’il a appelé un succès des armées russe et syrienne dans la « libération des territoires occupés » de la Syrie. Il a également qualifié d’« antihumaines » et d’« illégitimes » les sanctions imposées par certains pays à la Syrie.
Après deux mois d’offensive, qui ont fait des dizaines de morts et 40 000 exilés, la ville de Deraa, au sud-ouest de la Syrie, est passée presque entièrement sous contrôle du régime le 8 septembre après le déploiement de l’armée dans les quartiers rebelles en vertu d’un accord de trêve conclu une semaine plus tôt sous l’égide de la Russie.
Depuis, neuf postes de contrôle ont été installés dans et aux abords de Deraa al-Balad, fief des rebelles. Des drapeaux syrien et russe flottent, selon des correspondants de l’AFP. Aux termes de l’accord de trêve, les rebelles doivent remettre leurs armes et ceux qui refusent devront être évacués vers d’autres régions rebelles dans le nord du pays. Les hommes n’ayant pas fait leur service militaire obligatoire auront la possibilité de rester sur place sans être considérés comme déserteurs.
Plusieurs cycles de pourparlers parrainés par l’ONU n’ont pas réussi à endiguer les violences en Syrie, qui ont fait environ 500 000 morts et déplacé des millions de personnes depuis le déclenchement du conflit en 2011. La Russie intervient militairement depuis 2015 dans le pays et dispose de bases militaires sur place.