Contrepartie •Nicolas Sarkozy s’est longuement expliqué lundi au tribunal sur la visite controversée à Paris de Mouammar Kadhafi en 2007. Il assure qu’il s’en serait « bien passé » et que cette venue était liée à la libération des infirmières bulgares
«Si les infirmières n’avaient pas été libérées, Mouammar Kadhafi ne serait pas venu en France. » Nicolas Sarkozy a répété une bonne dizaine de fois cet argument lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris. L’ancien chef de l’Etat, qui doit répondre de soupçons de financement libyens pour sa campagne présidentielle en 2007, a encore passé plusieurs heures à la barre. Environ « 13 ou 14 » depuis le début du procès le 6 janvier, a-t-il compté.
Le sort des infirmières bulgares au centre des débats
Où il est donc revenu sur le sort des « malheureuses infirmières bulgares » détenues en Libye. « Quand avez-vous commencé à vous intéresser à leur sort ? », demande la présidente du tribunal. « Le 26 avril 2007 », répond le prévenu, notes sous les yeux, visiblement bien préparé.
Comme son adversaire Ségolène Royal insiste-t-il, il avait reçu entre les deux tours de la présidentielle et à leur demande les familles de ces cinq infirmières, accusées à tort, avec un médecin palestinien, d’avoir inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants libyens. Elles ont vécu « huit années de cauchemar », et Nicolas Sarkozy prend « l’engagement de faire de leur libération une priorité » – comme Ségolène Royal, insiste-t-il encore.
Une fois élu, dans le contexte de ce réchauffement, et alors que les « gros efforts » de l’Union européenne pour libérer les infirmières n’ont « pas abouti », Nicolas Sarkozy a « l’idée » d’envoyer son épouse d’alors, Cécilia Sarkozy, négocier en Libye. « Ce sont des femmes qui sont victimes de cette situation épouvantable et je pense que ce geste personnel pourrait faire bouger les choses ».
« Recevoir Mouammar Kadhafi n’est pas une condition de la libération ? », demande la présidente du tribunal. « Je ne l’aurais pas reçu si elles n’avaient été libérées », répond le prévenu.
Les images de la tente plantée à deux pas de l’Elysée, les critiques au sein même du gouvernement sur la France qui n’est pas « un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang »… Cette visite, « franchement je m’en serais bien passé », répète plusieurs fois Nicolas Sarkozy, conscient du « coût en matière d’image ».
« Tendu de la première à la dernière minute »
Mais « à aucun moment on ne peut voir cette visite comme celle de deux compères qui se retrouvent après un accord juteux qui les a rapprochés, tellement ça a été tendu de la première à la dernière minute », jure-t-il encore, s’affairant à minimiser le rôle de l’Etat qui n’a ni « payé » ni « organisé » le tour « en bateau-mouche » du Guide, « la visite du Louvre », ou encore « la partie de chasse à Rambouillet ».
Source: https://www.20minutes.fr/