Soudan du Sud: les femmes et les enfants de plus en plus victimes de violences

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Des personnes déplacées attendent une distribution de nourriture à Pibor, dans l’Etat du Jonglei, le 12 janvier 2012 au Soudan du Sud
© AFP

Les femmes et les enfants sont de plus en plus visés lors des violences dans l’Etat sud-soudanais du Jonglei, miné à la fois par des conflits ethniques et par les exactions de groupes rebelles et de l’armée sud-soudanaise, a indiqué mardi l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF).

“La majorité de ceux que nous avons soignés au cours de l’année écoulée ont été victimes de violences intercommunautaires, qui ont impliqué un grand nombre de femmes et d’enfants”, a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur des opérations de MSF, Chris Lockyear.

Dans un rapport publié mardi sur la flambée de violence ayant ravagé depuis 2011 le Jonglei, plus vaste Etat du Soudan du Sud, MSF écrit que “des dizaines de milliers d’hommes, femmes et enfants ont été régulièrement attaqués, tués et déplacés”.

Parmi ces violences, les traditionnelles razzias sur le bétail entre tribus rivales se sont muées en cycles sanglants d’attaques et de représailles, exacerbés par l’accès faciles aux armes de guerre.

“Alors que l’appropriation du bétail était l’objectif principal des attaques (entre tribus), désormais les personnes sont visées, femmes et enfants constituant une importante proportion des victimes soignées par les équipes de MSF”, selon le rapport.

Plus de 2.600 personnes ont été tuées au Jonglei au cours des 18 derniers mois, selon la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss).

La Minuss et plusieurs ONG ont dénoncé les exactions qui accompagnent au Jonglei la répression menée par les forces sud-soudanaises contre des groupes rebelles ainsi qu’une campagne de désarmement consécutive à de récentes violences tribales.

Fin 2011, plus de 600 personnes avaient été massacrées au Jonglei, après un raid mené par quelque 6.000 jeunes Lou Nuer armés contre leurs rivaux Murle dans la zone de Pibor. Environ 300 personnes avaient péri dans les représailles menées en janvier et février 2012.

Selon des responsables locaux, ces bilans établis par la Minuss sont largement sous-estimés.

Le rapport de MSF reproduit divers témoignages de victimes des récentes violences, dont les auteurs ne sont pas identifiés.

“Ils ont mis le feu aux huttes et jeté des enfants dans les flammes”, a raconté une femme de 55 ans soignée par MSF.

“Parce que je suis vieille, je ne peux pas courir et ils ont tué les enfants qui étaient avec moi (…) si les enfants peuvent courir, ils les abattent, s’ils sont petits et ne peuvent pas courir, ils les tuent au couteau”, poursuit-elle.

“Ils ont pris mon enfant de quatre ans et l’ont poignardé, ils l’ont tué comme un animal, ils lui ont tranché la gorge. Puis ils ont pris mon bébé et lui ont frappé la tête à coups de pieds”, a raconté une femme de 24 ans dans une clinique gérée par MSF.

“Les vies et la santé de la population du Jonglei ne tiennent qu’à un fil”, a estimé Chris Lockyear disant craindre un “nouveau pic de violence” à l’approche de la saison sèche.

L’Etat du Jonglei est l’un des principaux champs de bataille de la guerre civile ayant opposé entre 1983 et 2005 l’armée de Khartoum à la rébellion sudiste du SPLM, désormais au pouvoir à Juba. La guerre civile a renforcé les rivalités ethniques, certaines tribus combattant au sein de la rébellion, l’autre dans des milices supplétives de Khartoum.

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