JUBA – Les combats entre l’armée et la rébellion se poursuivaient jeudi dans une région pétrolière du Soudan du Sud, tandis que les dirigeants kényan et éthiopien sont arrivés à Juba pour tenter une nouvelle médiation.
Les forces du président sud-soudanais Salva Kiir s’opposaient toujours aux rebelles de l’ex-vice président Riek Machar pour le contrôle de Malakal, capitale de l’Etat pétrolier du Nil Supérieur, dans le nord du pays, où les combats avaient été signalés depuis la veille.
Il y a des combats à Malakal. Nos forces sont au nord de Malakal et les rebelles au sud. Nous allons les dégager de Malakal, a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole de l’armée Philip Aguer.
Il a aussi réaffirmé, comme la veille, qu’une offensive était en préparation sur Bentiu, la capitale de l’Etat d’Unité, la principale région pétrolière du pays.
Les rebelles contrôlent toujours Bentiu mais la SPLA (l’armée) se prépare à reprendre la ville bientôt, a affirmé M. Aguer.
Le bilan des combats qui ont éclaté à la mi-décembre atteindrait plusieurs milliers de morts, selon l’ONU, qui a annoncé la découverte de charniers.
Au moins 90.000 personnes ont été déplacées depuis dix jours, dont 58.000 se sont réfugiées sur les bases de l’ONU à travers le pays, a expliqué mercredi le coordinateur humanitaire de l’ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer.
Pour tenter de mettre fin au conflit et faire face à l’urgence humanitaire, l’ONU a décidé mardi de quasiment doubler le contingent de Casques bleus dans le pays, pour le porter à 12.500 hommes. Et elle a chiffré mercredi à 166 millions de dollars ses besoins financiers pour assurer les secours d’urgence à la population du Soudan du Sud jusqu’en mars.
Nouvelle offensive diplomatique
Les combats dans les régions pétrolières ont entraîné une légère hausse des prix de l’or noir sur les marchés internationaux, même si le Soudan du Sud n’est qu’un exportateur mineur de pétrole à l’échelle mondiale.
En revanche, à l’échelle nationale, les revenus du pétrole sont cruciaux pour ce jeune pays, indépendant depuis seulement deux ans et demi, car ils assurent l’essentiel du budget.
Sur le front diplomatique, le président kényan Uhuru Kenyatta et le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn sont arrivés jeudi à Juba pour tenter une nouvelle médiation auprès de Salva Kiir.
M. Kenyatta était accompagné de sa chef de la diplomatie Amina Mohammed, a précisé la présidence kényane.
Cette nouvelle médiation intervient après celles menées la semaine dernière par les pays d’Afrique de l’Est voisins du Soudan du Sud. L’ONU et les Etats-Unis, parrains de l’indépendance et principal soutien international du pays, ont aussi fait pression sur les belligérants pour faire cesser les combats, mais sans succès pour l’instant.
Salva Kiir et Riek Machar ont formellement accepté d’entamer des pourparlers, mais sans fixer de date.
Les deux hommes sont de vieux rivaux politiques, depuis des années avant l’indépendance. Le premier accuse le second de tentative de coup d’Etat. Riek Machar dément, accusant Salva Kiir de vouloir éliminer ses rivaux par une purge. Dans leur lutte pour le pouvoir, les deux dirigeants instrumentalisent les antagonismes entre leurs ethnies réciproques: les Dinka de Kiir (majoritaires dans le pays), et les Nuer de Machar.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a menacé mercredi de sanctions les responsables d’exactions, dans un message à la population.
Les Nations unies se tiennent aux côtés de la population du Soudan du Sud en ces temps difficiles, a déclaré M. Ban, condamnant les attaques abominables et les graves violations des droits de l’homme commises.
Les combats touchent la moitié des 10 Etats du pays: ceux de Jonglei, d’Unité, d’Equateur central (Juba), mais aussi du Nil supérieur ou encore d’Equateur oriental.
Mardi, les forces gouvernementales avaient repris aux rebelles la ville de Bor, capitale de l’Etat de Jonglei, à 200 km au nord de Juba.
(©AFP / 26 décembre 2013 15h14)