Comment faut-il « lire » le raid aérien auquel les Américains ont procédé, samedi 5 mars, en Somalie – et qu’ils ont dévoilé lundi 7 mars – tuant « plus de 150 » combattants du groupe Al-Chabab ? Qu’est-ce que cette frappe, d’une ampleur inédite, traduit de l’état du pays et de l’évolution de la capacité d’action des insurgés somaliens ? Petit décryptage.
- Quelle était la cible visée et pourquoi ?
L’opération visait un camp d’entraînement, le camp Raso, situé à un peu moins de 200 kilomètres au nord de Mogadiscio. Selon les informations données par le Pentagone, les combattants du groupe Al-Chabab étaient réunis en masse à l’occasion d’une cérémonie de« remise de diplômes » faisant suite à leur entraînement et s’apprêtaient à quitter leur base pour mener une opération de« grande ampleur ».
Ils « représentaient une menace imminente pour les Etats-Unis et les forces » de l’Union africaine (Amisom), a expliqué un porte-parole du Pentagone, Jeff Davis. « On avait le sentiment que la phase opérationnelle était sur le point d’être mise en œuvre », a-t-il ajouté. Le bombardement américain a été mené par drones et par avion.
Le raid aérien a été confirmé, mais avec un bilan minimisé par un porte-parole des Chabab, qui affirme que « pour des raisons de sécurité, nous ne réunissons jamais 100 combattants en un seul lieu ».
Il apparaît comme l’opération américaine la plus significative en Somalie depuis la mort d’Ahmed Abdi Godane, leader du groupe et à l’époque homme le plus recherché d’Afrique, tué lors d’un bombardement en septembre 2014 et celle d’Adan Garar, l’un des dirigeants du mouvement, éliminé par un drone américain en mars 2015.
- Quel est l’état des forces actuel des Chabab ?
« Ce n’est pas une petite frappe ciblée, comme on en voyait jusqu’à présent, insiste Matt Bryden, directeur du cercle de réflexion Sahan à Nairobi et fin observateur de la Somalie. Avec cette opération, les Américains répondent à un changement de stratégie chez les Chabab et à une menace de (…) Lire la suite sur lemonde.fr