Signe des temps : le nouveau président mexicain réduit son salaire de 50% et quitte la résidence présidentielle

0

Investi le 1er décembre, Andrés Manuel Lopez Obrador, nouveau président mexicain, a décidé de diviser son salaire par deux, de vendre l’avion présidentiel et de transformer la luxueuse résidence d’Etat en centre culturel ouvert au public. Le nouveau président du Mexique, qui a prêté serment le 1er décembre, a tenu à marquer le début de son mandat par de forts symboles.

Andres Manuel Lopez Obrador dit en effet vouloir en finir avec les privilèges et, pour ce faire, semble avoir voulu commencer par abolir ceux réservés à sa fonction. Il a donc pris la décision hautement symbolique de réduire son salaire de plus de moitié et de vendre le luxueux avion présidentiel qui avait coûté 218 millions de dollars au pays.  Alors que le chef d’Etat gagnait jusque-là un peu plus de 209 000 pesos mexicains par mois, Andres Manuel Lopez Obrador gagnera lui 108 000 pesos, équivalant à un peu plus de 4 700 euros par mois. Ce sera d’ailleurs le salaire maximum autorisé dans la fonction publique selon la nouvelle loi sur les rémunérations des fonctionnaires publiée le 3 décembre, deux jours après l’investiture du nouveau président socialiste.

Andrés Manuel Lopez Obrador, surnommé «Amlo», va vendre l’avion présidentiel comme il l’avait promis lors de sa campagne et compte emprunter les lignes aériennes commerciales pour ses déplacements. Il a en outre allégé sa garde rapprochée car il considère que «le peuple le protège». En outre, la somptueuse résidence d’Etat appelée Los Pinos, que son prédécesseur Enrique Pena Nieto habitait encore, sera transformée en centre culturel à destination du public mexicain. En attendant, la demeure est d’ores et déjà ouverte au public qui peut la visiter. Quatorze fois plus grande que la Maison Blanche, cette bâtisse pharaonique est située dans un vaste parc de 5,6 hectares.

Andrés Manuel Lopez Obrador, le premier président de gauche de l’histoire récente du Mexique, a officiellement pris ses fonctions le 1er décembre après avoir été élu le 1er juillet, promet de lutter contre la corruption, véritable fléau dans ce pays, en menant une transformation «profonde et radicale» du pays. «Cela peut paraître prétentieux, mais aujourd’hui commence non seulement un nouveau gouvernement, mais un nouveau régime politique», a-t-il déclaré devant le Congrès mexicain et des chefs d’Etat étrangers ou représentants diplomatiques réunis à Mexico pour son investiture.

«À partir de maintenant, une transformation pacifique et ordonnée mais profonde et radicale va être réalisée car nous allons en finir avec la corruption et l’impunité qui empêchent la renaissance du Mexique», a promis celui qui considère que «la politique économique néolibérale a été un désastre, une calamité pour le pays». Le nouveau président mexicain s’est engagé à gérer de façon rigoureuse les finances publiques, afin de lancer divers programmes sociaux et une augmentation du salaire minimum.

Le 1er décembre, «Amlo» a été intronisé par un représentant des peuples indigènes mexicains qui lui a remis un bâton de commandement lors d’un rituel de purification au milieu des effluves d’encens et de plantes traditionnelles –une première pour un chef d’Etat mexicain. «Je réaffirme mon engagement à ne pas mentir, ne pas voler ni trahir le peuple mexicain», a lancé solennellement Amlo à la foule, en tenant à la main le fameux bâton.

La cérémonie a eu lieu au milieu d’une foule impressionnante sur la place centrale du Zocalo, où est situé le Palais national. «Amlo» compte y installer ses nouveaux bureaux. De nombreux présidents d’Amérique latine, le roi d’Espagne Felipe VI, le vice-président américain Mike Pence et Ivanka Trump, la fille du président américain, étaient notamment présents.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro est arrivé pour le déjeuner qui suivait la cérémonie. Après son investiture, le nouveau président a rejoint le Palais national à bord de son habituelle Volkswagen Jetta blanche, encadré par une sécurité limitée.

Nouhoum KEITA

Commentaires via Facebook :