DAKAR (AFP) – vendredi 12 novembre 2010 – 14h32 – L’achat par le Sénégal d’un avion devant être utilisé par le président Abdoulaye Wade, a déclenché vendredi un tollé dans ce pays où les pénuries sont nombreuses et dont la majorité des habitants vit dans la pauvreté.
La présidence sénégalaise n’avait pas réagi vendredi aux nombreuses sollicitations de l’AFP après cette l’annonce de l’acquisition pour 32 millions d’euros par le Sénégal d’un Airbus 319 de 30 places, un des deux avions du président français Nicolas Sarkozy retirés du service jeudi, selon l’Elysée.
"Wade s’offre l’avion du (président français Nicolas) Sarkozy pour 20 milliards" de FCFA, titrait vendredi le quotidien Le Populaire (privé).
"Wade fait le sourd et s’offre un avion à 21 milliards", renchérissait le journal Le Quotidien (privé).
"Je suis choqué. Nous ne pouvons pas comprendre que dans le contexte social difficile que vivent les Sénégalais, on se permette cette dépense ni pertinente ni prioritaire. C’est un crime contre le peuple sénégalais. Des gens qui font de telles dépenses ne sont pas équilibrés mentalement", a déclaré Hélène Tine, une responsable de l’opposition.
"C’est une dépense qui n’est autorisée ni dans le budget 2009 ni dans celui de 2010. Elle est illégale. Les Sénégalais doivent se mobiliser pour exiger l’annulation de cet achat", a indiqué de son côté Ibrahima Sène, un autre responsable de l’opposition.
De nombreux Dakarois interrogés vendredi sur les radios privées ont dénoncé l’achat de ce nouvel avion, estimant qu’il n’est pas une priorité.
Le président Wade, 84 ans, au pouvoir depuis 2000, n’utilise plus son avion, "La Pointe de Sangomar", depuis qu’il a été contraint en 2007 à un atterrissage d’urgence en Espagne après qu’une vitre du cockpit se soit brisée.
Depuis lors, il loue régulièrement des avions pour ses nombreux voyages à l’extérieur.
"La Pointe de Sangomar", qui a été tour à tour utilisée par les présidents Léopold Sédar Senghor (1960-1980) et Abdou Diouf (1981-2000), avait été acheté en 1978. Sa réfection, au début des années 2000, à coup de "dizaines milliards de FCFA" selon la presse locale, avait été largement dénoncée dans le pays.
AFP