Sénégal: l’opposition «rejette fermement» les résultats de l’élection présidentielle

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Idrissa Seck, lors de sa déclaration à la presse après une rencontre avec Khalifa Sall, lundi 28 janvier 2019. Archive d'illustration. © RFI/Guillaume Thibault

Par la voix de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, les quatre candidats de l’opposition lors de la présidentielle au Sénégal ont « rejeté fermement » les résultats provisoires attribuant la victoire au chef de l’Etat sortant, Macky Sall. Ils ont toutefois indiqué qu’ils ne contesteraient pas ces résultats devant le Conseil constitutionnel.

Moins d‘une heure après la proclamation des résultats provisoires, c’est dans la cour de sa maison, remplie par ses sympathisants et la presse qu’Idrissa Seck a lu une déclaration signée aussi par Ousmane Sonko, Issa Sall et Madicke Niang.

«  La Commission nationale de recensement des votes (CNRV) vient de publier un résultat qui reflète parfaitement la commande du candidat sortant. Nous rejetons fermement et sans aucune réserve ce résultat. Nous ne ferons aucun recours devant le Conseil constitutionnel », a déclaré Idrissa Seck, arrivé en deuxième position avec 20,50% des suffrages, derrière Macky Sall (58,27%), selon les chiffres annoncés par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV).

« Force est de constater que le candidat sortant a confisqué la volonté du peuple souverain et sera le seul à assumer les conséquences face au peuple et face à l’histoire », a ajouté l’ancien Premier ministre.

Idrissa Seck refuse donc de déposer des recours, les candidats ont 72 heures pour les faire, au niveau du conseil constitutionnel. Son mandataire n’a pas signé, non plus, le PV final de compilation des résultats provisoires. Les trois autres candidats l’ont fait…Ousmane Onsko, Issa Sall et Madicke Niang ont aussi déposé des « observations écrites pour soulever des griefs tenants au déroulement du scrutin », a expliqué le juge Demba Kandji.

Moussa Tine, conseiller de Khalifa Sall, était présent au domicile d’Idrissa Seck lorsqu’il a annoncé qu’il rejetait les résultats provisoires. Pour lui aussi, ce premier tour de la présidentielle était couru d’avance. « Je n’attendais rien de la justice sénégalaise, elle a montré qu’elle préférait être du côté de l’exécutif. Je n’attendais rien de ce processus démocratique qui depuis le départ a été pipé, piégé parce que simplement on a écarté les candidatures, on a écarté Khalifa Sall, on a écarté Karim Wade. Vous ne pouvez pas avoir un nombre d’électeurs qui dépasse le nombre de la population électorale dans un département. On a eu ça dans tous les départements frontaliers du Sénégal, il y a des résultats qui sont incohérents mais le juge nous a habitués à être du côté du pouvoir. »

D’après la Commission nationale de recensement des votes, Macky Sall (crédité de plus de 58% des suffrages) est suivi d’Idrissa Seck, en 2e position, avec un peu plus de 20% des voix. Ousmane Sonko décroche la 3e place avec plus de 15% des suffrages. Il est suivi d’Issa Sall avec environ 4% des voix et Madické Niang en dernière position avec moins d’1,5% des voix.

La démocratie est en train de reculer dans notre pays. J’ai la ferme conviction que les résultats sortis des urnes sont pour une alternance. Là, on recule. Ça ne peut pas se passer comme ça.
La déception des sympathisants d’Idrissa Seck

Aminata Touré, ancienne Premier ministre du Sénégal et proche collaboratrice du président Macky Sall, regrette la position des quatre opposants. « Le score est sans appel », répond-t-elle.

Quant à El Hadj Kassé, ministre de la Communication de Macky Sall et proche du président, il estime que « cette opposition s’est mise depuis 2012 dans une posture contestataire. Les observateurs, la société civile nationale et internationale, ont tous reconnu la régularité du scrutin de dimanche. Il n’y a pas eu de couacs qui aient pu entâcher la régularité de cette élection. Tous les acteurs doivent respecter l’arbitrage de ces organes, de ces institutions. Mais si on se félicité des bons résultats et que l’on conteste les mauvais résultats, cela signifie qu’il y a un déficit de l’esprit démocratique chez ces acteurs-là et c’est inacceptable dans un Etat de droit qui se respecte et qui va assumer par conséquent toutes ses missions régaliennes. »

Par RFI Publié le 28-02-2019 

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