Après le renvoi du procès opposant le jeune et radical leader politique sénégalais Ousmane SONKO au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko a été malmené en compagnie de son avocat Me Clédor Ciré LY par des éléments des forces GIGN, fracassant la vitre de sa voiture. Un “vilain et odieux” coup de trop, qui a fait le tour du monde et rabaisse la grandeur de la démocratie sénégalaise.
Corniche ouest de Dakar, une fin de matinée pas comme les autres. Jeudi 16 février 2023. Aux bruits des motos et des voitures qui roulent lentement à cause des embouteillages, s’ajoutent les cris des militants et autres sympathisants du leader de l’opposition sénégalaise, Président du Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité). Ousmane Sonko qui venait du tribunal -pour un procès en diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang- est ainsi bruyamment accompagné vers sa résidence de la cité Keur Gorgui de l’autre côté de la ville de Dakar sur la Voie de Dégagement Nord (Vdn). La procession était joyeuse et enthousiaste. Tout à coup, elle a été stoppée nette par des éléments d’élite des Forces de défense et de sécurité (Fds). Celles-ci demandent à l’opposant Sonko de sortir de sa voiture pour les suivre, il n’obtempère pas. Les éléments cassent l’une des vitres arrières. Le Rubicon est franchi. L’opposant est arrêté, son avocat Me Ciré Clédor Ly avec qui il était dans le véhicule malmené. Toute la scène peu ordinaire a été filmée en live et devient subitement virale planétaire. Et le contraste saute à l’œil. D’un côté des policiers qui font montre d’un zèle mal contenu, des excès inutiles. De l’autre, un homme calme et stoïque qui n’a même pas été dérangé par les tessons de verres déversés sur lui. L’ignoble histoire se répète. En communication politique, les spécialistes parleront d’un coefficient de sérénité politique, soupape des leaders. Cette image renvoie à deux déterminants forts : une panique névrosée et une perte de lucidité du côté du camp du pouvoir.
En mars 2021, c’est sur la route le menant au tribunal qu’il a été arrêté. On lui avait reproché des troubles à l’ordre public. Le juge Mamadou Seck qui l’attendait dans le cadre de l’affaire du présumé viol, ne le verra jamais. Il a été gardé à vue à la gendarmerie de Colobane . Les graves manifestations qui ont suivi cette arrestation ont poussé les autorités à le relâcher. Le 16 février 2023, il a été arrêté à son retour du tribunal et « déposé chez lui ». Deux images d’arrestation qui ne font que renforcer un opposant qui sait exploiter à bon escient son « temps ». La sérénité avec laquelle il a accueilli les forces de l’ordre venues le cueillir irradie sur lui un leadership et une popularité au sein d’une frange importante de la société notamment les jeunes. La brutalité déployée pour stopper son convoi, est indigne d’une démocratie. Elle met en lumière une passion vive qui ne peut qu’attiser une tension déjà incandescente. Les images « vilaines » font le tour du monde. Le leader le plus radical du champ politique sénégalais Ousmane Sonko fait les choux gras des médias les plus influents du monde. L’image du Sénégal est défigurée par des forces de défense et de sécurité et les donneurs d’ordre juste pour « accompagner » un opposant qui rentrait chez lui. Si cette scène s’était passée en Europe, on parlerait » de salauds » de la police. La vitrine démocratique du Sénégal est encore cassée. Elle s’était craquelée depuis longtemps. Macky Sall et ses collaborateurs doivent savoir que les méthodes qu’elles posent deviennent affligeantes et ne peuvent pas produire les résultats espérés. Le Président Macky SALL est-il suffisamment bien « tuyauté » au point de fragiliser sa cote d’estime et affective des bastions indécis ?
De la radiation aux accusations de viol et aux autres accusations les plus « grotesques » les unes que les autres, Ousmane Sonko est là, toujours là.. Il prend progressivement de l’épaisseur et amplifie les clivages. On a touché le plafond. Sa maison très souvent encerclée donne l’air d’une résidence « assignée ». Et l’état de décadence de l’État va de mal en pis.
PAR ISMAEL AÏDARA ( CONFIDENTIEL AFRIQUE)