Le dossier des biens mal acquis connaît de nouveaux rebondissements à Dakar. Ce vendredi 13 septembre, Karim Wade, fils de l’ancien président, a de nouveau fait face au procureur spécial, qui l’a mis en demeure de justifier 98 milliards de francs CFA. Mi-avril déjà, la Cour de répression de l’enrichissement illicite l’avait inculpé et placé sous mandat de dépôt pour enrichissement illicite. La Cour estimait alors son patrimoine à 694 milliards de francs CFA. Cette nouvelle mise en demeure vient donc s’ajouter à ce patrimoine. Le tout, au moment où le mandat de dépôt de Karim Wade arrivait bientôt à expiration.
L’entrevue avec le procureur et son substitut a duré plus de deux heures ce vendredi matin. Cette fois-ci, le procureur spécial Alioune Ndao demande à Karim Wade de justifier une somme évaluée à 98 milliards de francs CFA. Cette somme représente le cumul de fonds placés sur 24 comptes bancaires établis dans la principauté de Monaco. Ces comptes appartiendraient à des sociétés et des personnes physiques soupçonnées de servir de prête-nom à l’ancien ministre d’Etat.
Pendant 48 heures, Karim Wade et ses avocats ont pu consulter ce dossier, qui comprend selon eux près d’un millier de pages. Les avocats de Karim Wade sont formels : un seul de ces comptes appartient à leur client. Il s’agit d’un compte de placement, sur lequel « aucun mouvement financier n’a été enregistré depuis 2003 », et qui serait crédité de 2 millions d’euros.
Dans sa première mise en demeure, le procureur spécial demandait à Karim Wade de justifier 694 milliards de francs CFA. Un patrimoine que l’ancien ministre d’Etat aurait notamment bâti à travers plusieurs sociétés immobilières et aéroportuaires. Mais surtout sur une filiale de DP World, basée à Dakar et dont la valeur représente la moitié de son patrimoine présumé.
Or, ces dernières semaines, l’enquête semblait montrer des failles concernant le dossier DP World. Dans le courant de l’été, le procureur spécial a demandé à la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) de lever l’administration judiciaire de cette société. Et ce, au motif qu’il avait été prouvé que cette société était bien domiciliée à Dakar, et non sur les îles Vierges britanniques, où Karim Wade est soupçonné d’avoir établi des sociétés écran.
L’ancien ministre a un délai d’un mois pour rendre un nouveau mémoire de réponse et prouver l’origine de ces fonds. Cette nouvelle mise en demeure coïncide cependant avec l’expiration du mandat de dépôt de Karim Wade, prévue le 16 octobre prochain. Dans un tel contexte, les avocats de Karim Wade soupçonnent une manœuvre juridique, qui permettrait au procureur spécial d’obtenir, selon eux, un nouveau mandat de dépôt de six mois.
Si le procureur n’est pas convaincu par les réponses fournies dans le mémoire de réponse, Karim Wade devra cumuler un nouveau mandat de dépôt, le temps que la CREI mène de nouvelles enquêtes.
Source: RFI