Sénégal: 50 ans après, l'éclatement de la Fédération du Mali dans l'oubli

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 DAKAR (AFP) – vendredi 20 août 2010 – 15h00 – La Fédération du Mali, première expérience fédérale africaine formée du Sénégal et de l’actuel Mali (alors appelé Soudan français), éclatait il y a cinquante ans, le 20 août 1960, sombrant à cause de divergences idéologiques et politiques et tombée depuis dans l’oubli.

Aucune manifestation publique officielle n’était au programme à Dakar vendredi en ce 50e anniversaire de l’éclatement de cette Fédération formée alors que le Sénégal et le Soudan étaient encore des colonies françaises, mais avec une semi-autonomie.

Vendredi, aucun média sénégalais n’en parlait. "C’est une question qu’on a un peu oubliée", déclare à l’AFP l’universitaire et ancien homme politique sénégalais Assane Seck, né en 1919.

La Fédération du Mali, formée en janvier 1959 à Dakar, regroupait initialement le Sénégal, le Soudan français (maintenant Mali), la Haute-Volta (Burkina Faso) et le Dahomey (Bénin).

Ces deux derniers pays s’en retirent très vite et laissent seuls Sénégalais et Soudanais dans cette aventure fédérale, boudée également par le dirigeant ivoirien Félix Houphouët Boigny.

Le Soudanais Modibo Keïta est président du gouvernement fédéral et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor préside l’Assemblée fédérale.

La Fédération va sombrer notamment devant les difficultés du partage des postes (présidence et assemblée, ministère des Affaires étrangères, chef d’Etat-major de l’armée).

Elle éclate dans la nuit du 19 au 20 août 1960, les Sénégalais dénonçant une "tentative de coup d’Etat de Modibo Keita", accusation rejetée par les Soudanais.

Le 21 août, les dirigeants soudanais, dont Modibo Keita et des ministres fédéraux, sont embarqués à Dakar dans un train à destination de Bamako.

Selon des historiens, la France n’a jamais été favorable à la Fédération du Mali et a oeuvré à son éclatement.

"L’éclatement de la Fédération du Mali est un évènement destructeur. La réussite de cette fédération devait marquer le début d’une fédération en Afrique de l’Ouest et dans toute l’Afrique. Nous avons échoué. Toute la balkanisation de l’Afrique vient de là", affirme à l’AFP Assane Seck.

AFP

 


Il y a 50 ans, le Sénégal quitte la Fédération du Mali

«Mon sa reew» (indépendance, en wolof) : le Sénégal l’a proclamé à deux reprises : une première fois au sein de la Fédération du Mali, le 20 juin 1960 et deux mois plus tard, le 20 août quand le Sénégal rompt tous les accords de transfert de compétence à cette fédération. Malgré son échec, de nombreux historiens considèrent que l’expérience de la Fédération du Mali était un pas important pour le panafricanisme.

Créée le 14 janvier 1959, la Fédération du Mali est une tentative de regroupement entre deux membres de l’Afrique occidentale Française (AOF) : le Sénégal et le Soudan français (actuel Mali). Tous deux ratifient une Constitution et forment un gouvernement fédéral. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor dirige l’Assemblée, le Malien Modibo Keita est élu président du gouvernement.

Après plusieurs mois de négociations avec le général de Gaulle, des délégations du Soudan français, du Sénégal et de la France signent le 4 avril 1960 des accords de dévolution de pouvoirs de la Communauté à la Fédération du Mali, et le 20 juin 1960, cette entité proclame son indépendance.

" Le danger est que les Africains restent divisés. On ne peut éluder les problèmes s’il n’y a pas coordination s’il n’y a pas entente." (Mamadou Dia, chef du gouvernement de la République du Sénégal)

C’est un coup d’accélérateur pour la vague d’émancipations sur le Continent. Malgré les espérances qu’elle suscite, la Fédération du Mali montre rapidement des signes de faiblesse.

Le professeur Iba Der Thiam, historien et homme politique sénégalais, résume ainsi cette période : «la Fédération du Mali a été aussi courte parce qu’il y a eu des rivalités politiques sur un enjeu de taille : la nomination d’un président de la République du Mali. Le Soudan souhaitait avoir une indépendance à peu près aussi respectable que celle de la Guinée ou du Ghana, et il craignait qu’à travers Senghor, on ne nous entraine dans un processus de collaboration avec l’ancien colonisateur.»

Les désaccords sur la désignation de ces responsables s’accentuent. Le 20 août, l’Assemblée vote l’indépendance du Sénégal.

Par RFI – Article publié le : vendredi 20 août 2010

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