Le jour se lève sur Rabat, mais se lève t-il pour tous les habitants de la capitale marocaine ? La réponse, Sekouba Konaté, le nouvel homme fort de Conakry la connaît. Il a vu son patron qui reste officiellement son patron et nul mieux que lui ne pourra nous dire si Dadis est à jamais à son crépuscule ou si le soleil s’apprête à lui sourire de nouveau.
Malgré deux balles reçues dont au moins une dans la nuque et les pronostics les plus pessimistes. La loi du genre, on le connaît et ce serait plus que surprenant que le Général policé et subtil y déroge : c’est de dire que le malade est convalescent et que très bientôt Conakry accueillera son enfant prodige. Donc, le constat de léger mieux que l’intérimaire ferait ne veut pas dire forcément que Dadis recommencera son jogging incessamment. Par contre, si le visiteur nous disait entre deux larmes écrasées « j’ai vu mon prédécesseur, c’est triste » alors là, tout change.
Mais cette probabilité est presque nulle. Reste qu’à l’état végétatif ou en plein recouvrement, le capitaine du 23 décembre reste une équation pour tout le monde. Pour Sékouba Konaté d’abord : toutes les déclarations de ce Général en font une sorte d’anti-Dadis prêt à assurer une bonne transition, organiser des élections auxquelles il n’est pas partie et laisser le pouvoir à celui que les urnes auront choisi. Pour les forces vives ensuite : elles se sont convaincues, à les entendre, que la démocratie a plus de garanties avec le Général que le Capitaine.
La France et les Etats-Unis ensuite : Kouchner est plus vocal que le Secrétaire adjoint aux affaires africaines Fitzgerald, mais tous deux semblent avoir tourné la page Dadis. Et puis le saint des saints : le Lieutenant Toumba Diakité qui sait qu’il ne sera plus le garde du corps du miraculé de Rabat revenu au pouvoir. D’ailleurs, tout le monde lui donnerait la chasse à ce moment là, y compris les Forces vives devenues son allié objectif grâce à la balle que beaucoup ont bénie dans la discrétion de leur salon, mais qui sera condamnée par une flopée de motions de soutien au capitaine-timonier. Qui ne sera plus l’élu de Dieu, mais l’homologue du Tout-puissant. Pauvre Guinée : elle a eu le cauchemar du 28 septembre, le thriller du 3 décembre. Maintenant, il lui faudra vivre soit avec le spectre de Dadis. Soit avec son sceptre.
Adam Thiam