« Si Sarkozy est élu, que deviendrait la France ? ». Cette question, délicate, du candidat de l’UDF, François Bayrou, turlupine aujourd’hui le monde entier : l’Occident, l’orient, l’Asie, l’Afrique… rn
Avec 53,35 % contre 46,65 % pour sa rivale Royal, et un taux de participation de 84 %, l’élection présidentielle française vient de propulser Nicolas Sarkozy à la tête de la « Gaule ». Après Jacques Chirac, François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing, Georges Pompidou et le général Charles De Gaulle.
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Mais le moins que l’on ait pu constater, c’est qu’il l’a emportée sur une adversaire de taille, et… de justesse, pourrait –on dire. Car, jamais une femme n’a brigué la présidentielle française, jusqu’à parvenir au second tour ! Et quand on pense que Ségolène est considérée comme une « nouvelle venue » en politique, on peut lui prédire un bel avenir, aux plus hautes fonctions de l’Etat.
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La Zapatera du P.S.
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Une des raisons de l’échec de Ségolène pourrait bien se trouver dans cette réflexion d’un électeur français : « La malchance de Ségo, c’est d’être une femme. Parce que la France, ce n’est pas l’Allemagne, où Angela Merkel a gagné sans à –priori, ni parti pris… ». Mais d’autres raisons pourraient expliquer cette défaite. A commencer par le parcours politique de Ségolène. Née au Sénégal en 1954, la fille de Hélène et du Lieutenant –Colonel Jacques Royal est la 4e d’une famille de 8 enfants. Jusqu’à 25 ans, elle gardera son prénom de Marie –Ségolène. Trimballée au gré des mutations de son père, elle grandira notamment, en Martinique et à Champagne, dans les Vosges. Mieux, elle sera éduquée avec une main de fer… militaire : « à dure, mais sans le pain sec », dit –elle souvent.
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Ce qui trempera son caractère. L’on comprend, donc, mieux cette méfiance mal dissimulée qu’elle éprouvait envers les bains de foule, et surtout son aversion pour les accolades et les effusions de cordialité. Pourtant, « elle a du courage et de l’audace », témoigne l’ex –Premier ministre et député européen, Michel Rocard. Dès 1978, Ségolène adhère au Parti Socialiste et entre de plain pied dans la politique, par l’entremise d’un ami, rencontré à l’E.N.A. : un certain François Hollande, qui sera plus tard… le père de ses quatre enfants. Ce dernier l’introduira dans la cellule de Jacques Attali, chargé de conseiller le Président Mitterrand. Ségolène s’est toujours inspirée de ce Président qui, contrairement à elle, avait une histoire politique personnelle…
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En 1983, la première aventure électorale de Ségolène, dans le Calvados, se solde par un fiasco. Mais en 1988, elle ravit la région des Deux –Sèvres. Et son compagnon, Hollande, obtient la Corrèze. Ils deviennent ainsi le premier couple de députés à siéger à l’Assemblée Nationale. Dès lors, Marie –Ségo prend de l’assurance. A tel point qu’en juillet 1992, elle invite TF1 et Antenne 2… dans sa chambre, juste après son accouchement. De 1992 à 93, elle devient Ministre de l’Environnement dans le gouvernement Bérégovoy. De 1997 à 2000, et de 2000 à 2002, elle obtient les portefeuilles de l’enseignement scolaire et de la Famille, dans le gouvernement de Jospin. Elle en profitera pour y apporter des innovations : congés… de paternité, reforme de l’accouchement sous x, pilule au lycée, bulletin de note aux deux parents en cas de séparation, combat contre le string au collège, la violence à la télé, le bizutage, la pédophilie…
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Depuis 1995, elle caressait l’idée de briguer le primaire du P.S. Mais c’est en mars 2004 qu’elle ravit la région de Poitou –Charentes et se retrouve dans le pré –carré des présidentiables. Et dès avril 2004, les sondages font d’elle la meilleure candidate de la Gauche, à l’élection présidentielle. Et le 16 novembre 2005, 60 % des militants du parti l’investissent candidate. Et dès lors, les surnoms affluent pour louer sa popularité : la Gazelle du P.S., la Zapatera du P.S… Une consécration confirmée par le Premier secrétaire du parti : « On est aujourd’hui 300.000 militants, et Ségolène a été désignée par plus de 200.000, tous de nouveaux adhérents ».
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François Hollande ajoute pourtant, pour expliquer l’échec de sa candidate à l’élection présidentielle : « Au début de la campagne, on avait l’air de se chercher, au sein du parti ; On n’a pas donné l’image d’un bloc compact ». Mais certains ténors du parti –qui ont eu maille à partir avec la candidate –attribuent cette défaite au comportement même de Ségolène. Selon… l’ex –secrétaire à l’Economie du P.S, Eric Besson : « Le traitement qu’elle a infligé aux autres dirigeants du parti est, politiquement, indécent. Notamment Laurent Fabius et Dominique Strauss –Kahn. En plus, elle a choisi de mener la campagne à l’écart de l’appareil du parti ».
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En réalité, le programme économique, échafaudé par Besson, n’a pas été suivi par Ségolène. Ce qui explique peut –être leur brouille, et le ralliement de Besson à Sarkozy. La vraie boutade est venue du porte –parole même de la candidate, Arnaud Montebourg : « Très peu de gens tutoyaient Mitterrand que Ségolène prend pour son mentor. Très peu de gens vont le faire, si jamais Ségolène devenait Présidente. En fait, elle n’a qu’un seul défaut : son compagnon ». Entendez, François Hollande. Cette déclaration publique (à la télé), trop osée, a valu à Arnaud un mois de suspension de sa fonction auprès de la candidate du P.S. le moins que l’on puisse dire, c’est que la subite ascension de celle qui rêvait d’une « France juste et forte » a fait des jaloux et des mécontents, au sein du P.S. C’est là, aussi, une des causes majeures de l’échec de la gauche à la présidentielle ?!…
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« Je suis président ! »
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Au plus fort de sa campagne, Nicolas Sarkozy répliquait à un journaliste de télévision, qui lui enjoignait de retirer sa veste : « Mais que non, je suis maintenant Président ! ». En fait, ce fils d’immigré hongrois, devenu avocat à 28 ans et chef d’Etat à 52 ans, n’a pas un seul instant douté de son destin. L’ancien Premier Ministre Raffarin ne doutait pas non plus de sa victoire : « Il dit ce qu’il pense et fait ce qu’il dit. Mais il sait toujours où il faut s’arrêter. Pour triompher, il a joué sur son franc –parler et sa présence physique ».
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Quant au Directeur de campagne du nouveau Président, Claude Guéant il explique l’origine de son énergie et de sa force de conviction : « C’est tout à fait normal que Sarkozy soit exigeant avec lui –même d’abord, ensuite avec les autres. C’est un avocat, et quand un avocat plaide, il le fait d’abord pour lui –même ». Et la porte –parole de Sarko, Rachida Dati, de renchérir : « Il n’a jamais fait d’amalgame ». Mais l’avis le plus flatteur vient de là où, l’on s’y attendait le moins : du perdant de l’UDF.
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Après le premier tour du scrutin, François Bayrou remarquait : « Le mérite de Sarkozy, c’est qu’il ne se dissimule pas. J’ai de l’admiration pour son énergie ». Pourtant, le candidat de « la France de toutes nos forces » clamait en pleine campagne électorale, avant les élections : « sept millions de français ont voté pour nous. Vous allez voir ce que c’est que d’être prudent ». A Toulon, le même Bayrou pérorait : « Je suis le seul qui puisse le battre ! ». Mais les discours ont changé de ton, depuis le changement des rapports de forces, entre le favori et ses adversaires. Et Ségolène, de lancer, à propos de la politique d’immigration prônée par Sarkozy : « Je trouve assez ignoble de faire un amalgame entre l’identité française et celle des travailleurs étrangers ».
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Et Bayrou, de dénoncer la mainmise de Sarkozy sur les chaînes de télévision, intéressées par la diffusion des débats prévus entre les candidats : « Je n’accepterai jamais, que dans mon pays, l’information soit bâillonnée ! ». Il semble que l’UDF a entamé un nouveau virage politique, depuis sa défaite. Et à partir de cette élection, le parti de Bayrou a choisi non seulement de changer de nom –il s’appellera désormais le Mouvement Démocrate –mais de ne plus rester dans le giron de la droite.
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« Notre politique ne sera plus la même, au sein du parti », prévient Bayrou, en réponse à l’appel du pied de Sarko, au second tour : « moi je dis qu’ils sont les bienvenus ». Ils, ce sont les centristes de l’UDF, pardon, du MD, restés de marbre depuis la consigne muette diffusée par leur chef. En effet, Bayrou n’a donné sa voix à aucun des deux candidats du second tour. Il n’a donné aucune consigne dans ce sens à ses militants. Le mot d’ordre des centristes a été de s’abstenir. C’est que les dés étaient déjà jetés.
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Mais, au 2e tour, la situation bascule en faveur de Sarkozy. La recette miracle ? « les gars de l’UMP ont terminé leur campagne avec la même pugnacité qu’au début », dit un électeur.
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Le Viator
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