Scrutin présidentiel reporté en Guinée: Appels au calme après des violences

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Après 26 ans de régimes militaires autoritaires, ce scrutin tant attendu doit permettre de départager deux civils: l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo (43% au premier tour) et l’opposant historique Alpha Condé (18%).

"Je lance un appel au calme à l’ensemble de nos militants", a déclaré samedi Alpha Condé, invitant à "éviter la violence, les attaques contre les boutiques ou autres".

Il s’exprimait alors que des échoppes appartenant à des peuls avaient été saccagées, pillées ou incendiées vendredi et samedi à Conakry, Kankan (est) ou encore Siguiri (nord-est), selon des témoins. Des agressions et menaces contre des peuls avaient également été rapportées.

"Certains manipulent les jeunes. (…) Nous ferons tout pour qu’il n’y ait pas de tensions entre les ethnies. La Guinée appartient à tous: peuls, malinkés, soussous, forestiers", a insisté M. Condé, lui-même malinké alors que son adversaire politique, Cellou Dalein Diallo, est peul.

Vendredi, des dizaines de partisans d’Alpha Condé avaient été hospitalisés pour des douleurs abdominales ou des vomissements. Ils se plaignaient d’avoir été "empoisonnées" par des boissons absorbées, notamment, au cours d’un meeting de leur candidat.

A l’hôpital Ignace Deen, des médecins ont cependant souligné qu’il n’y avait "pas eu de morts" et que la situation n’était "pas très grave". Se refusant à parler pour l’instant d’empoisonnement ou d’intoxication, ces sources attendaient les résultats de prélèvements.

Mais la rumeur ayant couru que "les peuls du parti de Diallo avaient empoisonné les gens du parti de Condé", différentes agressions et menaces ont eu lieu contre des membres de cette ethnie.

Samedi, Cellou Dalein Diallo a jugé "extrêmement grave" qu’on ait "voulu accréditer l’idée selon laquelle les peuls ont décidé d’intoxiquer les ressortissants d’autres communautés". Mais il a demandé à ses partisans "de rester calmes et de n’envisager aucune mesure de représailles", en appelant à "préserver l’unité de la Nation".

M. Diallo a par ailleurs accusé les forces de l’ordre de se livrer à des violences, viols et arrestations arbitraires. "Depuis cinq jours, nous assistons à un déferlement d’une répression dans les quartiers réputés fiefs de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée, son parti)", a-t-il lancé.

De son côté, le Premier ministre Jean-Marie Doré a demandé "aux gouverneurs de région, préfets, sous-préfets (…) de rétablir immédiatement et coûte que coûte l’ordre et la discipline dans tout le pays".

Le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le général malien Sakia Toumani Sangaré, avait annoncé vendredi un report du second tour de la présidentielle, du fait notamment des dysfonctionnements enregistrés au sein de cette institution.

Il s’était engagé à organiser le scrutin "dans un très bref délai".

"Lundi au plus tard, j’annoncerai la date", a-t-il assuré samedi à l’AFP.

La nouvelle du report était diversement accueillie à Conakry, les uns redoutant que le pays aille "de report en report", les autres jugeant que le général malien, nommé mardi à la tête de la Céni, avait "bien fait de prendre son temps" pour préparer convenablement l’élection.

Médiateur dans la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré a jugé samedi que la nomination du général Sangaré était "de nature à ramener la sérénité dans le processus électoral jusque là bloqué".

AFP

Les deux candidats à la présidentielle en Guinée et le Premier ministre de transition ont appelé samedi au calme, en déplorant des violences qui ont lieu depuis plusieurs jours, alors que le pays attend qu’une nouvelle date soit fixée pour le second tour du scrutin.

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