Seul lauréat africain du ballon d’or France football en 1995, George Weah donnait une autre trajectoire d’exception à son héroïque histoire en devenant président de la République du Liberia en 2018. Durant un mandat de cinq ans, émaillé de péripéties et d’incompréhensions avec ses compatriotes, le pasteur président n’a jamais pu reconduire la magie que lui connaît le monde footballistique dans la gestion des affaires publiques de son pays. Une contre-performance qui va lui coûter la présidence sans qu’il perde pour autant la profonde admiration du monde entier, pour avoir su résister à la tentation malsaine de s’accrocher au pouvoir à n’importe quel prix.
En annonçant, à l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle du 14 novembre 2023, que « c’est le moment de faire preuve de bienveillance dans la défaite, le moment de placer le pays au-dessus du parti et le patriotisme avant l’intérêt personnel», celui qu’on appelle affectueusement Mister George donne une fabuleuse leçon de démocratie que plusieurs observateurs internationaux présente comme une source d’inspiration à certains pays ouest-africains francophones sur lesquels plane le spectre de compétitions électorales très délicates.
Son humilité contraste par ailleurs avec la posture du candidat victorieux, presque octogénaire et ex vice-président du pays de 2006 à 2018, en la personne de Joseph Boakai, qui proférait la menace de faire auditer la gestion du pouvoir Mister George. Toutes choses susceptibles d’ouvrir la brèche à d’éventuelles violences post-électorales dont lui seul serait responsable, au regard de l’élégance d’un adversaire qui résigné à reconnaître sa défaite et à féliciter son concurrent devant le monde entier. Une démarche qui devrait normalement dissiper toute volonté pernicieuse de chasse aux sorcières postélectorale comme il est de coutume sous nos tropiques où on ne perd d’habitude une élection qu’on a soi-même organisée.
En tout cas, le départ triomphal de Mister George du palais présidentiel est de nature à nous remémorer le Mali, le 8 juin 2002, lorsqu’un certain Alpha Oumar Konaré cédait dans la plus grande convivialité les clefs de Koulouba à son successeur, mais depuis le fait d’extraordinaires et criantes déviances démocratiques demeure têtu, hélas !
Seydou Diakité