L’ancien ministre Soumeylou Boubèye Maïga vient d’être nommé vice médiateur de l’Union africaine au sein de la Médiation internationale qui sera conduite par le président Denis Sassou NGuessou de la République du Congo, Médiateur de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale dans la crise centrafricaine.
C’est par une lettre envoyée à l’ambassade du Mali dans la capitale éthiopienne en date du 11 juillet que les autorités maliennes ont été informées de la décision signée de la présidente de la commission africaine, la sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma.
Soumeylou Boubèye Maïga aura besoin de toute son expérience pour aider à la résolution d’une des crises les plus complexes de l’heure sur le continent.
Dans le communiqué de presse qui a suivi, l’Union africaine met en avant la riche carrière de SBM dans l’Administration malienne (notamment à la Sécurité d’Etat) et au sein du gouvernement pour justifier sa décision. On a aussi rappeler que le nouveau promu est titulaire d’un doctorat de troisième cycle en relations économiques internationales de l’institut international d’Administration publique de Paris et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en diplomatie et administration des organisations internationales, de l’université de Sceaux en France en plus du diplôme supérieur de journalisme de l’université de Dakar. Bref comme on le voit, il a le profil de l’emploi. On aurait pu ajouter qu’il met le nez dans une crise après un illustre prédécesseur, un certain Amadou Toumani Touré qui y a gagné ses galons de médiateur international. Un titre qui l’a sans doute aidé dans son ascension de Koulouba par la suite.
Ici au Mali, les sentiments sont partagés entre satisfaction et interrogation après cette désignation d’un fils du pays.
Satisfaction pour la reconnaissance des aptitudes d’un enfant du pays qui va contribuer à étendre le feu dans la case d’un voisin et d’un frère. Tout cela dan une crise où un autre Malien s’est déjà illustré, dans une autre vie. Les Maliens qui se plaignent que les autorités ne font pas assez dans la promotion internationale des cadres ne pourront que s’en féliciter.
Mais aussi interrogations, au regard du contexte de cette nomination.
SBM est promu par l’Union africaine quelques semaines après avoir été débarqué du gouvernement suite aux douloureux évènements de Kidal dont le pays n’a pas fini de gérer les conséquences. Après aussi quelques jours que le président Ibrahim Boubacar Keïta ait présenté son limogeage comme une des conséquences de cette affaire de Kidal, cela sur une chaîne internationale.
Aussi pour certains cette nomination sonne faux. Certes l’Union africaine, dans le choix des cadres pour des missions spécifiques, ne prend pas l’avis des gouvernements des personnes sur lesquelles elle a jeté son dévolu, mais ici l’embarras est inévitable.
Est-ce pour jeter une pierre dans le jardin d’IBK ? Ou une indépendance d’esprit et une liberté de manœuvre de l’instance africaine ?
Beaucoup dans les salons bamakois s’interrogent sur la signification réelle de cette nomination qui vient tout simplement en contradiction du désaveu d’IBK.
Toutefois on peut rappeler que cette nomination intervient après un sommet de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), même si cette rencontre a eu lieu en marge d’un sommet de l’UA auquel participait IBK. Peut-être que les dirigeants de la CEEAC ont choisi de ne s’embarrasser d’aucune fioriture et de ne prendre en compte que les qualités de l’homme.
Dans sa lettre remise à l’ambassade du Mali à Addis Abela, l’UA a dit savoir compter sur le soutien du Mali pour faciliter l’accomplissement de la mission confiée à SBM. Est-ce vraiment sincère ?
Mamadou Diakité