Sarkozy et les chefs d’Etat africains : Place à la comédie

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L’histoire, certains diraient, le destin, à l’instar de certains humains semble, elle aussi, avoir le sens de l’humour. Elle applique souvent, comme en ce moment à Paris en France, à jouer des tours aux hommes. Et comme instrument de sa malice expiatoire, elle choisit quelque fois des humains à l’image du français Nicolas Sarkozy et des chefs d’Etat africains.

L’invitation de l’Elysée adressée à 14 Chefs d’Etat africains à prendre part aux festivités du 14 juillet tombe au même moment que le rapport  de la CIMADE, une (association active dans la défense des droits des étrangers résidents en France), épinglant les ambassades et consulats français en Afrique.

"Visa refusé", est ainsi intitulé le document dénonçant le "dispositif opaque marqué par des pratiques très hétérogènes" dans le processus de délivrance de visas français aux africains par les ambassades et consulats, "la non-motivation des refus", " la fraude à la corruption"  entamant "l’image d’Etat de droit que l’on peut avoir de la France".

Eh bien, disons-nous, ce rapport arrive en même temps que l’invitation adressée aux chefs d’Etat africains, à prendre part à la fête nationale de l’ancienne métropole et, après que le Quai d’Orsay soit parvenu à contraindre les mêmes chefs d’Etat (excepté celui du Mali) à signer l’accord de reconduite de leurs ressortissants à la frontière. S’adressant à ses invités africains, le français se garde bien d’évoquer la question, lui qui, pourtant, exige des autres, notamment de ses sujets africains, le respect de l’Etat de droit, la transparence, la bonne gouvernance, le respect dû aux peuples et quoi d’autres ? Cocasses, les relations France-Afrique, n’est-ce pas ? Ne partez pas, la comédie n’est pas terminée !

Dans son fameux discours de Dakar en 2007, M.  Sarkozy jurait la main sur le cœur, que les africains "n’étaient pas assez entrés dans l’histoire". Mais le voilà qui, aujourd’hui 2010, pince-sans-rire, reconnaitre  le rôle  des anciens combattants africains aux côtés de la France lors des deux guerres mondiales. Il  décide par conséquent de les aligner sur les mêmes barèmes que leurs frères d’armes français. Voilà donc élevés au rang de héros, d’intrépides combattants, de sauveurs de la patrie,  ceux-là, jusqu’ici, restés en marge de l’histoire de l’humanité ! Sacré Sarko !

Ce qui va suivre dénote tout le sens de l’humour noir du français: voyez-vous, cette  pénitence sarkozyenne arrive seulement après la disparation de plus de la moitié des combattants directement concernés par les pensions  et du peu de temps qui reste encore aux ayants-droits. Evidemment, là aussi, l’Afrique n’a eu droit à aucune excuse autant  pour les de combattants morts pour la France, autant pour ceux, par elle, froidement abattus à Thiaroye. Le comble du cynisme ! Tout l’honneur est pour les chefs d’Etat africains puisque l’invitation de l’Elysée, au demeurant, reste pour eux, une marque d’estime de la part d’une France protectrice. Vous avez dit complices ?

B.S. Diarra

 

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