Le 9 janvier 2022, la Cédéao a alourdi ses sanctions contre la junte malienne, décrétant un embargo sur toutes les marchandises, sauf produits de première nécessité. La Guinée est le seul pays de l’organisation sous-régionale à avoir laissé sa frontière ouverte. À Kankan, dernier grand carrefour commercial avant la frontière malienne (215 kilomètres), les grossistes et les détaillants se préparent à une intensification des échanges.
Abaya noire très sobre ou robes longues colorées plus exubérantes, dans la boutique d’Amadou Diop tout vient de Bamako. Il n’a pas plus d’activité que d’habitude : « Comme les frontières viennent de fermer, ça ne se voit pas encore. Mais pour ‘instant, c’est comme avant. »
Mais ce commerçant, également vice-président du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur résidant à Kankan, est persuadé que si l’embargo est maintenu son pays devra emprunter les routes de Guinée pour s’approvisionner. Peu importe l’état parfois très dégradé des infrastructures : « Si on n’a pas d’autres moyens, on est obligés de le faire, même si la route est mauvaise. Si on peut passer, même si on fait une semaine sur la route, on préfère ça. »
Mohamed Lamine Cherif est le vice-président de la chambre de commerce de Kankan. Pour lui, le port de Conakry peut permettre au Mali d’écouler et d’importer les marchandises dont le pays a besoin : « Par exemple, si les Maliens s’approvisionnaient à partir de Dakar avec certains matériaux de construction, comme le fer à béton, ils seraient obligés de venir s’approvisionner à Conakry. »
Mais cela va prendre du temps : « Ça doit venir graduellement, au fur et à mesure que les besoins se présenteront au Mali. C’est comme ça que les demandes vont être constatées sur le marché guinéen. »
Et tout dépendra de la durée de l’embargo imposé au voisin malien. Les commerçants restent aujourd’hui dans l’attente des prochaines décisions de la Cédéao.
PAR RFI.FR