Sanctions: comment la Russie importe des marchandises françaises et européennes sans trop de difficultés

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Si les exportations depuis les pays de l’UE vers la Russie se sont bien effondrées, celles vers des pays voisins et/ou amis de la Russie ont, elles, explosé. Explications en chiffres.

Dix. C’est le nombre de “paquets de sanctions” décidées et appliquées par l’Union européenne contre la Russie depuis son invasion d’une partie de l’Ukraine en février 2022. Pourtant, il faut bien reconnaître que l’économie russe résiste. On estime ainsi qu’en 2022, le PIB de la Russie ne s’est replié que de 2,1%.

Au coeur de ces sanctions, des mesures restrictives (voire des interdictions) qui visent l’exportation de certaines marchandises européennes vers la Russie. “La liste des produits interdits est établie de manière à maximiser les effets négatifs des sanctions sur l’économie russe”, souligne ainsi le Conseil européen.

Plus de 40 milliards d’euros de biens européens interdits d’export vers la Russie

Concrètement, depuis février 2022, l’UE a interdit plus de 43,9 milliards d’euros de biens exportés vers la Russie, de quoi assécher drastiquement les importations russes depuis l’Europe. Mais en réalité, la Russie parviendrait assez facilement à importer indirectement ces biens.

“Entre 2021 et 2022, il y a eu une forte augmentation des exportations de biens de l’Union Européenne vers des pays voisins ou très proches de la Russie”, souligne Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management de l’Université Catholique de Lille.

Ces exportations ont bondi de “23% vers la Turquie, 345% vers le Kirghizistan, 165% vers l’Arménie, 130% vers l’Ouzbékistan, 94% vers le Kazakhstan ou 58% vers la Géorgie”.

En valeur, la hausse des exportations de biens de l’UE “a ainsi été de 20,5 milliards d’euros vers la Turquie, de 4,9 milliards d’euros vers le Kazakhstan, de 1,5 milliard d’euros vers l’Ouzbékistan, de 1,2 milliard d’euros vers la Géorgie, de 1,1 milliard d’euros vers l’Arménie, de 909 millions d’euros vers le Kirghizistan”.

Les alliés de Moscou réexportent vers la Russie

Et cela n’aura échappé à personne: ces pays sont à la fois proches géographiquement de la Russie mais aussi ses alliés.

“Ce sont des pays (non membres de l’UE, NDLR) qui continuent à commercer librement avec la Russie. Il y a donc de fortes présomptions que des biens achetés par ces pays à l’Union Européenne soient réexportés ensuite par eux vers la Russie”, avance Eric Dor.

“De la même manière, des entreprises de Chine et de Hong Kong, ainsi que des Emirats arabes unis, sont aussi suspectées de réexporter, vers la Russie, certaines catégories de biens achetés à l’Union européenne”, poursuit-il.

Le doute est assez peu permis. Il suffit d’observer les chiffres d’exportations de ces mêmes pays vers la Russie. “Les exportations, exprimées en euros, ont par exemple augmenté entre 2021 et 2022 de 82% pour la Turquie, de 222% pour l’Arménie, de 12% pour la Géorgie.”

Une compensation de plus en plus forte

Et alors que l’exécutif européen vient de soumettre aux Etats membres un onzième train de mesures restrictives contre Moscou, “cette situation s’est encore intensifiée en 2023”, affirme Eric Dor.

“Au cours des mois de janvier et février 2023, comparées à la même période de l’année précédente, les exportations de biens de l’Union Européenne ont encore baissé de moitié vers la Russie, mais leur croissance annuelle est estimée à 30% vers la Turquie, 741% vers le Kirghizistan, 473% vers le Kazakhstan, 222% vers l’Arménie ou 34% vers la Géorgie” explique-t-il.

Avec les mêmes effets. “La suspicion de réexportation partielle vers la Russie est forte. Les exportations vers la Russie, exprimées en euros, ont augmenté entre les premiers trimestres 2022 et 2023 de 180% pour la Turquie, de 369% pour l’Arménie, de 68% pour la Géorgie.”

Les exportations françaises explosent vers le Kazakhstan, le Kirghizistan…

La France n’échappe pas à ce circuit particulier. Si “entre 2021 et 2022, les exportations de biens de la France vers la Russie ont diminué de 3,3 milliards d’euros, ou encore de 51,91%, au cours de la même période les exportations de biens de la France ont augmenté de 25% vers la Turquie, de 84% vers le Kazakhstan, de 62% vers l’Arménie, et de 45% vers le Kirghizistan”, note le directeur des études économiques de l’IESEG School of Management de l’Université Catholique de Lille.

Une tendance qui s’amplifie cette année: “au cours des mois de janvier et février 2023, les exportations de biens par la France ont enregistré une hausse annuelle estimée à 43,5% vers la Turquie, 429% vers le Kazakhstan, 195% vers l’Arménie, 36% vers les Emirats arabes unis, 31% vers la Géorgie”, précise Eric Dor.

Et ces exportations concernent des biens qui peuvent avoir un usage militaire, à l’image des circuits intégrés électroniques. Avec le même schéma décrit précédemment.

“Entre 2021 et 2022, les exportations de circuits intégrés électroniques de l’Union Européenne, mesurées en euros, ont baissé de 81% vers la Russie, mais ont augmenté de 3461% vers le Kirghizistan, de 1313% vers l’Arménie, de 221% à destination de l’Ouzbékistan, de 173% vers la Géorgie, de 193% vers le Kazakhstan”, détaille l’économiste.

Et en janvier et février 2023, comparées à la même période de l’année précédente, ces mêmes exportations de circuits intégrés électroniques depuis l’UE “ont baissé de 99,99% vers la Russie, mais ont augmenté de 81% vers la Turquie, de 3685% vers le Kazakhstan, ou de 503% vers l’Arménie”, poursuit-il.

Des machines à laver démontées pour réparer des chars

Ce n’est pas tout. Nous l’évoquions sur BFM Business et le scénario se confirme: d’autres produits comme les appareils électroménagers européens sont également curieusement et massivement importés par les pays proches de Moscou. Or, ces marchandises contiennent des circuits intégrés pouvant être démontés et utilisés dans des produits avec des objectifs militaires.

“Entre 2021 et 2022, les exportations de machines à laver de ménages par l’Union Européenne, mesurées en euros, ont baissé de 49% vers la Russie, mais ont augmenté de 1139% vers la Turquie, de 49,3% vers les Emirats arabes unis, 615% vers l’Ouzbékistan, 416,2% vers l’Arménie, 301% vers la Géorgie, 139% vers le Kazakhstan”, détaille Eric Dor.

Des machines rapidement réexpédiées en Russie dont les pièces seraient utilisées pour réparer… les chars de combat.

Source: https://www.bfmtv.com/

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2 COMMENTAIRES

  1. Ben oui, ce n’est pas un scoop. A chaque problème il y a une solution. Et on verra l’année prochaine. Et la Turquie en est le maillon le plus pourri , la Turquie d’Erdogan et des frères musulmans. Alors l’Arménie et la Géorgie sont des alliés de la Russie. Il serait plus exact de dire qu’ils sont sous le joug de la Russie. Cette dernière participe d’ailleurs à un génocide dans le haut-Karabagh. Les chrétiens arméniens présent dans cette région depuis 2000 ans sont expulsés par les armes par l’Azerbaïdjan et ce avec l’aide des russes censés “protéger” les arméniens. On se croirait dans les années 1910. Ils remercient ainsi les azerbaïdjanais de transformer le gaz russe en gaz azerbaïdjanais.

    Pendant ce temps quelle quantité d’or a-t-il été volé par les russes au Mali ? Car en fait la russie achète tous ces biens avec cet or. En quelque sorte Assimi finance ‘effort de guerre russe au détriment de son pays, car avec ect or il pourrait quand même faire beaucoup de choses. Il fait comme Moussa Mansa, un grand homme certainement, mais qui est allé dilapider une quantité monstrueuse d’or le distribuant à tous en Egypte et en Arabie.

  2. Et voilà la démonstration de l’AXE ZELINSKY-MELONI/MUSSOLINI-GERMANY-PARIS

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