Russie-Occident : Deux Russes, Vovan et Lexus, révèlent l’hypocrisie des personnalités occidentales

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Cette fois encore, la révélation n’a pas raté. Le 5 juillet dernier, la publication des enregistrements d’appels téléphoniques de deux personnalités françaises – Bernard-Henri Lévy et Jacques Attali – a fait l’évènement mondial. Les deux visiteurs du soir des chancelleries occidentales se sont laissé piéger par deux prodiges russes Vladimir Kouznetsov et Alexey Stolyarov, alias Vovan et Lexus, à qui ils s’étaient livrés en pensant échanger avec l’ex-président de l’Ukraine Petro Porochenko. C’était justement l’objectif des deux compères – mettre en confiance leurs cibles en les trompant sur l’identité de leur interlocuteur. C’est ainsi que Vovan et Lexus procèdent depuis des années et qu’ils attrapent dans leurs filets téléphoniques des chefs d’Etat, passés ou en exercice, comme François Hollande, Angela Merkel, Emmanuel Macron ou encore Georges Bush, des responsables d’organisations internationales, comme Christine Lagarde ou Jens Stoltenberg, des écrivains, des artistes etc.

Vovan et Lexus exercent un métier bien particulier – ils sont prankeurs. Le prank est un mot d’origine anglaise qui s’entendait d’un ‘tour malicieux joué à quelqu’un, causant généralement à la victime de l’embarras, de la perplexité, de la confusion ou de l’inconfort’. Avec la diffusion du numérique, le prank est devenu un concept consistant surtout à provoquer la cible en cherchant à obtenir une réaction violente de sa part tout en filmant la scène en cachette.

Vovan et Lexus l’ont transposé dans le journalisme en en faisant un outild’enquête journalistique permettant d’obtenir des informations d’intérêt général de première main. Pensant parler à une connaissance dont les prankeurs s’approprient l’identité le temps d’un appel, la cible se sent en sécurité et dévoile volontiers le fond de sa pensée.

Comment font-ils ? Charles d’Anjou, producteur du documentaire ‘Vovan et Lexus : le canular au service de la soft power russe’ (Omerta) explique : ‘Il y a un énorme travail de préparation en amont pour chaque piège. D’abord ils doivent récupérer les coordonnes, ils doivent construire un scenario pour arriver jusqu’à leur interlocuteur. Il faut faire l’environnement du piégé, comprendre sa psychologie, comment il réagit pendant les interviews, les questions qui vont lui être posées, comment ils vont l’amener sur les sujets intéressants. C’est tresrecis, c’est de l’horlogerie suisse’.

Vladimir Kouznetsov, alias Vovan, a 36 ans. Juriste de formation, il plonge dans le bain du prank pendant ses années d’études universitaires. Il perfectionne son art en s’exerçant d’abord sur les vedettes russes pour le compte de magazines people avant d’appliquer son talent à une cause d’intérêt public – soulager les débiteurs harcelés par téléphone par les agences de recouvrement.

Alexey Stolyarov, alias Lexus, a 35 ans. S’il commence à s’intéresser à la culture du prank à l’adolescence, c’est en2012 qu’il se lance sérieusement dans l’aventure et, guidé par sa passion pour la politique, choisit comme cibles principalement des hommes et des journalistes politiques russes.

Le duo se forme en avril 2014. A cette époque l’actualité internationale est bouleversée par les évènements qui conduisent au rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie. Les prankeurs sentent une fenêtre d’opportunités et s’y incrustent. Ils ont trouvé leur vocation.

En 2019 ils discutent avec Emmanuel Macron de la part de son homologue ukrainien Volodymir Zelensky tout juste élu. Ils font venir tout doucement le chef d’Etat français vers eux. Ils tâtent d’abord le terrain en lui écrivant sur l’application WhatsApp un message signé Zelensky pour le remercier de l’audience que le patron de l’Elysée a accordée le 13 avril 2019 au vrai candidat Zelensky. Emmanuel Macron ne se doute de rien et accepte les remerciements. Le jour des élections présidentielles en Ukraine, c’est lui qui écrit au prankeurs et sollicite un appel pour féliciter le faux Zelensky pour sa victoire.

Mais c’est depuis le début du conflit en Ukraine qu’ils ont accéléré la cadence et qu’ils ont obtenu de vraies révélations en mettant au jour les mensonges et les hypocrisies qui entourent cette guerre. L’ancien président américain Georges Bush leur a confirmé l’existence des bio-laboratoires américains en Ukraine. Le ministre britannique de la défense Ben Wallace s’est dit disposé à aider l’Ukraine à se doter d’armes nucléaires. L’ex-défenseur des droits ukrainienne a admis avoir fabriqué les dossiers de viol par les soldats russes sur les Ukrainiennes. François Hollande leur a confié que les Russes avaient raison de pointer les raisons cachées derrière la signature des accords de Minsk, ces traites internationaux garantis par la France et censés, pour le public, garantir une paix durable dans la région, car, selon l’ancien président français, leur but était de tromper le Kremlin et laisser le temps à l’Ukraine pour se renforcer dans la perspective d’un conflit armé. Joint juste après l’atterrissage de deux missiles sur le territoire polonais en novembre 2022 de la part d’un faux Emmanuel Macron, le président de la Pologne, très va-t-en-guerre devant les caméras, a assuré, en panique, Vovan et Lexus, qu’il redoutait plus que tout une guerre avec la Russie et qu’il était donc extrêmement attentif à ne pas envenimer la situation en accusant les Russes d’avoir frappé la Pologne. L’enquête a finalement établi que les missiles provenaient d’Ukraine.

Les conversations avec leurs cibles les plus récentes – BHL et Attali – sont également très édifiantes. Principal sujet : la guerre en Ukraine. ‘Il n’y a pas d’autre solution que la victoire totale et de se débarrasser de [Vladimir] Poutine le plus vite possible, pour sauver l’Ukraine, mais aussi pour sauver la Russie’, dit Jacques Attali. Il concède que les Etats-Unis détiennent les clés de la paix et qu’il suffirait d’un seul mot de leur part pour que le conflit cesse et que les Ukrainiens se mettent à la table des négociations. Il appelle ce cas de figure ‘un scénario catastrophe’ et redoute qu’il ne soit mis en œuvre par ceux des conseillers du président américain Joe Biden qui pensent que la partie a assez duré. Bernard-Henri Lévy, l’auteur du film ‘Slava Ukraini’ qui n’a fait que 1 024 entrées en France, se trouve exactement dans le même état d’esprit. Il avoue son désespoir face au temps que prend la livraison du matériel militaire occidental à l’Ukraine et abhorre l’idée que les partisans d’un apaisement avec la Russie dans l’entourage de Biden ou de Macron puissent avoir gain de cause.

Jacques Attali explique aux prankeurs que la responsabilité de l’Occident est d’apporter la démocratie en Russie. Dans la même logique, BHL suggère d’influencer sur l’opinion russe, très soudé jusqu’ici autour du président Vladimir Poutine, en faisant circuler sur le web les ‘bonnes idées’ et les ‘bonnes images’, montrant notamment ‘la barbarie des Russes’.

Attali recommande à celui qu’il pense être son interlocuteur de saisir chaque occasion pour ‘dramatiser’ le fait que l’Ukraine pourrait manquer d’armes et de munitions, ‘même si c’est faux’. Il lui conseille aussi vivement à plusieurs reprises de veiller à l’image de l’Ukraine – le ‘chevalier blanc qui combat un monstre noir’. ‘Vous devriez insister partout que vous pourchassez la corruption, que vous punissez quiconque coupable d’un crime de guerre, c’est très important’.

Questionné par les prankeurs sur les auteurs de l’explosion du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique, Attali a répondu qu’il ‘ne serait pas surpris d’apprendre que c’était l’œuvre des Américains’.

La sensibilité des informations qu’obtiennent Vovan et Lexus, ainsi que le ridicule dont ils couvrent leurs cibles en font les bêtes noires des politiques et des transnationales occidentales. Leur compte YouTube a été fermé sans avertissement à cause de la plainte du ministre britannique de la défense selon lequel les enregistrements qui y figuraient menaçaient la sécurité nationale de la Grande Bretagne.

Adelaïde Le Gall

 

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1 commentaire

  1. Je suggère aux maliens de ne plus venir en France alors….
    Pas sûr que la Russie les attire, à moins de se retrouver au front

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