Réussite des élections présidentielle et législatives au Burkina Faso : Quatre grandes leçons à retenir !

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Roch Marc Christian Kaboré
Roch Marc Christian Kaboré

Environ 5,5 millions d’électeurs burkinabè étaient appelés à voter dimanche dernier pour le compte de la première présidentielle depuis la chute il y a un an du régime de Blaise Compaoré, resté 27 ans à la tête du Burkina Faso, pays dont l’histoire est marquée par les coups d’Etat. Ce scrutin, couplé à des législatives, va tourner la page de la transition politique mise en place après l’insurrection populaire qui a chassé, fin 2014, Blaise Compaoré du pouvoir. Ce dernier tentait de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat. La réussite électorale burkinabè est un exemple à suivre.

 

D’abord, mentionnons que les coups d’Etat en Afrique ne servent à rien, si ce n’est mettre le continent en retard. D’ailleurs, ces dernières années, leurs auteurs ont mal fini. En effet, en Guinée Conakry, Dadis Camara qui a pris le pouvoir par la force, est aujourd’hui poursuivi par la justice de son pays. Ici au Mali, le débile coup d’Etat d’Amadou Haya Sanogo qui a chassé le général Amadou Toumani Touré, actuellement en exil à Dakar, a conduit notre pays au bord du gouffre. Actuellement, Sanogo médite sur son sort à la prison de Manantali. Au Burkina Faso, le général Diendéré, qui a tenté de renverser le gouvernement de transition, est bien placé pour nous dire qu’un coup d’Etat est un crime. Ayant pris le pouvoir par la force, il a été contraint par une insurrection populaire à le rendre à qui de droit. Le voici maintenant en prison.

 

Les citoyens doivent s’ériger en sentinelle lors des élections

Cet exemple a été donné dimanche dernier par les Burkinabè. Environ 5000 observateurs civils de la Convention des organisations de la société civile pour une observation domestique des élections (Codel) ont été déployés dans les bureaux de vote pour surveiller le bon déroulement de l’élection présidentielle et les législatives. Durant toute la journée, leurs observations ont été relayées par un site de suivi en temps réel des scrutins. Toute chose qui permet d’éviter le tripatouillage électoral et de minimiser les fraudes.

 

Tenir bon, quand on dirige une transition politique

 

Au Mali, le Pr. Dioncounda Traoré a servi d’exemple. Harcelé et menacé par la junte militaire d’alors dirigée par Sanogo, il a tenu bon et a pu organiser la présidentielle qui a conduit IBK à Koulouba. Au Burkina Faso, les autorités de la transition ont aussi tenu bon après qu’elles ont été chassées du pouvoir pour quelques jours. En effet, le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré, pressé par la rue, quittait le pouvoir après 27 ans d’un long règne sur le Burkina Faso. Le régime de transition qui lui a succédé avait pour principale mission d’organiser, d’ici à octobre 2015, les premières élections libres et démocratiques qui désigneraient les nouvelles autorités du pays.

 

Mi-septembre, leur pari était en passe d’être réussi lorsqu’une tentative de coup d’État menée par le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier et bras droit de l’ex-président, a brièvement interrompu le processus électoral. Réinstallées à la tête du pays au bout d’une semaine périlleuse, les autorités de transition ont finalement tenu bon, décalant de quelques semaines les élections initialement prévues le 11 octobre, en raison du putsch manqué.

 

Les héros de la Nation sont immortels

 

Au Mali, après le coup d’Etat perpétré par Moussa Traoré contre le père de l’indépendance, Modibo Kéïta, le nom de ce dernier était rangé dans les placards. Il a fallu que la société civile se batte pour qu’on célèbre tout récemment son centenaire et qu’on lui reconnaisse ses mérites et valeurs avec des hommages du président IBK et de la Nation.

 

Au Burkina Faso, trente ans après sa mort, Thomas Sankara, le «père de la révolution» burkinabè, a été omniprésent dans la campagne électorale pour la présidentielle dont le premier tour s’est tenu dimanche dernier. Tous les candidats ont essayé de surfer sur «la vague Thomas Sankara». Les slogans sankaristes comme «La patrie ou la mort» ont fleuri sur les murs et banderoles. Ami et ancien compagnon de Sankara, Compaoré, qui lui avait succédé, a été soupçonné d’avoir commandité son assassinat en 1987. Si le marxisme ne fait plus guère recette sur la planète, le mythe du capitaine Sankara est, lui, bien vivace dans son pays dont il avait changé le nom pour le passer de Haute-Volta, jugée trop coloniale, à Burkina Faso (pays des hommes intègres).

 

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, le capitaine Thomas Sankara a tenté de mener le pays sur la voie du développement économique, mettant notamment l’accent sur la consommation de produits locaux. Dirigeant le pays d’une main de fer, Sankara, qui vivait chichement, roulant notamment dans une vieille voiture pour donner l’exemple, avait fait de la lutte contre la corruption un des ses chevaux de bataille. Il est devenu aujourd’hui non seulement une icône au Burkina, mais aussi dans toute l’Afrique, probablement aussi en raison de son assassinat.

 

Bruno E. LOMA

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