Alors que nous renouvelons nos vœux pour que toute l’Afrique soit libre, essayons de panser nos vieilles blessures et oublions nos cicatrices. C’est ainsi que l’Ethiopie a traité son envahisseur il y a 25 ans, et les Ethiopiens ont trouvé la paix avec honneur de cette manière. Les souvenirs des injustices passées ne doivent pas nous détourner des affaires plus pressantes. Nous devons vivre en paix avec nos anciens colonisateurs, faire taire les récriminations et l’amertume, renoncer au luxe de la vengeance et des représailles, ne pas laisser l’acidité de notre haine entamer nos âmes et empoisonner nos coeurs. Agissons en accord avec la dignité que nous avons réclamée pour nous, Africains, fiers de nos caractères spécifiques, de notre particularisme et de nos compétences. Nos efforts d’hommes libres doivent permettre d’établir de nouvelles relations, dépourvues de ressentiment et d’hostilité, restaurer notre confiance et notre foi en nous-mêmes en tant qu’individus, sur la base de l’égalité avec les autres peuples libres.
Aujourd’hui, nous regardons vers le futur, calmement, avec confiance et courageusement. Notre vision de l’Afrique n’est pas seulement celle d’une Afrique libre mais celle d’une Afrique unie. Face à ce nouveau défi, nous pouvons trouver réconfort et encouragement dans les leçons du passé. Nous savons qu’il y a des différences entre nous. Les Africains sont issus de différentes cultures, avec des valeurs et des caractères particuliers. Mais nous savons aussi que cette unité peut exister et a été possible avec des hommes d’origine disparate, que les différences de race, de religion, de culture, de tradition, ne constituent pas un obstacle insurmontable au rassemblement futur des peuples. L’histoire nous enseigne que l’unité c’est la force, et nous avertit que nous aurons à surmonter et dépasser nos différences dans la quête des objectifs communs, à nous efforcer, tous unis, d’ouvrir le chemin à une véritable fraternité et unité africaine.
Certains prétendent que l’unité africaine est impossible à atteindre, que trop de forces nous en empêchent, que ce soit dans cette direction ou celle-là, et que nous ne vaincrons pas ces résistances. Il n’y a ni doute, ni pessimisme, ni absence de critiques et de commentaires. Ils parlent d’Afrique, du futur de l’Afrique et de sa place au XXe siècle sur des tons sépulcraux. Ils prédisent les dissensions, la désintégration au sein des Africains, les luttes fratricides et le chaos pour notre continent. Confondons-les et par nos actes, jetons-les dans la confusion.
Il y a les autres dont les espoirs portés sur l’Afrique brillent de tous leurs feux, qui debout, le visage éclairé par l’émerveillement et l’admiration à l’idée d’une vie nouvelle plus heureuse, à laquelle ils se sont commis pour sa réalisation et sous l’impulsion de leurs frères auxquels ils doivent les gains du passé. Récompensons leur confiance et méritons leur approbation. (…)
Choisi par Modibo Diallo
un discour shakespearien fort
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