Rétrospective : Extrait du Discours de Thomas Sankara lors de la visite de François Mitterrand à Ouagadougou (1er Partie)

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Mitterrand-Sankara: le vieux président et le capitaine impertinent
Thomas Sankara aux côtés de François Mitterrand lors du 10e sommet franco-africain de Vittel, le 3 octobre 1983. © AFP/Jean-Claude Delmas

« Permettez-moi de m’adresser à notre illustre hôte, M. François Mitterrand, et à son épouse Madame Danielle Mitterrand.

Monsieur le président, lorsqu’il y a de cela quelques années, vous passiez par ici, ce pays s’appelait la Haute-Volta. Depuis, bien des choses ont changé et nous nous sommes proclamés Burkina Faso. C’est là tout un programme dans lequel est inscrit le code de l’honneur et de l’hospitalité. Et c’est pour cette raison que nous sommes sortis vous souhaiter la bienvenue ici, au Burkina Faso, à l’occasion de votre brève escale à Ouagadougou.

C’est la malédiction pour celui chez qui jamais l’on ne frappe, celui chez qui jamais ne passe et ne s’arrête le voyageur assoiffé et affamé. Au contraire, et c’est notre cas, le voyageur s’est arrêté chez nous et, lorsque après la gorgée d’eau rafraîchissante, des forces sont venues, il a engagé le discours avec nous pour mieux nous connaître, pour mieux nous comprendre et emporter avec lui, chez lui, des souvenirs de chez nous.

Monsieur le président, il est difficile de dissocier l’homme d’État que vous êtes de l’homme tout court. Mais je voudrais dire avec insistance que nous accueillons ici François Mitterrand. Et c’est bien pour cette raison que chacun ici vous a témoigné, à sa manière, sa satisfaction, sa joie de saluer celui qui est venu pour voir et témoigner de sa bonne foi, de son objectivité, que quelque chose se fait quelque part sous le soleil d’Afrique, au Burkina Faso.

Le Burkina Faso est un chantier, un vaste chantier. Le temps ne nous a pas permis d’aller rendre visite et hommage à ces nombreux travailleurs ici et là, qui, chaque jour, s’entêtent à transformer le monde, à transformer un univers aride, difficile. Les victoires qu’ils viennent de remporter déjà nous permettent de dire que nous sommes loin du mythe du travail de Sisyphe. En effet, il faut mettre une pierre sur une autre, recommencer et encore recommencer. C’est dans ces conditions qu’aujourd’hui le Burkina Faso est fier d’avoir fait passer le taux de scolarisation de 10 pour cent à près de 22 pour cent, grâce à ces nombreuses écoles, à ces nombreuses classes que nous avons construites de nos mains, ici et maintenant. Nous avons pu réaliser de nombreux barrages, de nombreuses petites retenues d’eau qui, si elles ne sont pas de la taille de ces grands ouvrages dont on parle tant dans le monde, ont leurs mérites, et nous inspirent des motifs légitimes, je crois, de fierté. C’est encore avec le courage de nos bras et la foi de nos cœurs que nous avons construit dans chaque village du Burkina Faso un poste de santé primaire.

C’est avec détermination que nous avons vacciné des millions et des millions d’enfants de ce pays et des pays voisins. La liste serait longue, mais, hélas, elle ne suffirait pas à représenter un pas, un seul pas de notre programme vaste et ambitieux. C’est donc dire que la route est longue et très longue…. »

A suivre…

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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3 COMMENTAIRES

  1. Sankara a été la meilleure image d’un président que l’Afrique ait jamais produite. Son héritage tenir fort après trente ans, et depuis, aucun président n’est venu près d’assortir ses ambitions et programmes pour la majorité des burkinabé. Sa sincérité peut vivre dans les coeurs de ceux qui sont à prendre le pouvoir au Burkina Faso après les modèles actuels.

    • Sankara était animé de bonne foi et sincère en politique pas sincérité ni de bonne foi c’est pourquoi celui qu’il a pris comme ami sincère l’a trahi. que son âme repose en paix

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