La Guinée-Bissau connaît une instabilité chronique depuis son indépendance en 1974 et est régulièrement frappée par des coups d’Etat et des violences où l’armée joue un rôle prépondérant.
Dans ce pays, l’armée a affirmé lundi avoir mis en échec une “tentative de coup d’Etat” et arrêté plusieurs officiers, dont le chef de la Marine. Le siège de l’état-major des forces armées bissau-guinéennes, dans le quartier de Bissau-Velho (centre-ville), a été attaqué lundi à Bissau par un groupe de soldats tandis que des militaires mécontents se s’étaient déployés dans les rues de la capitale. Deux unités militaires dans la périphérie sud de la capitale étaient également visées par ces évènements qui se sont produits en l’absence du chef de l’Etat, Malam Bacaï Sanha qui effectue un séjour médical en France. Les incidents ont aussi amené le Premier ministre à se réfugier brièvement dans une ambassade. Dès le début de cette semaine, l’armée a annoncé l’arrestation de plusieurs officiers en lien avec ce que le chef d’état-major, le général Antonio Indjai, a présenté comme un coup de force mis en échec et le Premier ministre Carlos Gomes Junior comme une “tentative de coup d’Etat” déjouée. Le chef des armées, le général Antonio Indjai, qui a confirmé l’attaque de l’état-major, n’a pas voulu identifier les assaillants qui seraient des soldats, dont des hommes de la Marine. Une source militaire a évoqué un mécontentement de soldats du à une question de salaire.
L’armée de Guinée-Bissau restée loyale au gouvernement s’est lancée hier dans la traque des auteurs de la tentative présumée de coup d’Etat militaire de la veille, enregistrant au moins un mort. Des parlementaires opposés au gouvernement sont aussi recherchés. Une équipe de militaires, policiers et paramilitaires a échangé des tirs avec des suspects armés dans la nuit de lundi à hier dans la périphérie de Bissau. Un de ses membres a été tué sur le coup et trois autres ont été blessés dont un grièvement. Parmi les personnes arrêtées, figure le chef de la Marine, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, “considéré comme le cerveau de ce soulèvement”. Il aurait été conduit à Mansoa, à environ 60 kilomètres au nord de Bissau, où se trouve une garnison militaire. Ce contre-amiral est une personnalité controversée depuis quelques années en Guinée-Bissau. Son nom a souvent été cité dans les enquêtes sur le trafic de drogue dans ce pays. En août 2008, José Américo Bubo Na Tchuto avait été accusé d’avoir voulu renverser le régime du président Joao Bernardo Vieira – qui a été assassiné en mars 2009 par des militaires – puis blanchi en mai 2010 par la justice militaire. Après avoir été longtemps réputé proche du chef de l’armée, le général Antonio Indjai, il était engagé depuis quelques mois dans une rivalité avec lui, d’après les observateurs et la presse locale. Certains observateurs voient dans ces derniers évènements un règlement de comptes entre les deux officiers par hommes interposés.