République démocratique du Congo : Parti de la Présidence, Kabila reste maître du jeu

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Contraint d’organiser une élection présidentielle à laquelle il ne pouvait participer comme candidat, Joseph Kabila a usé de subterfuges pour continuer à contrôler le pouvoir. En s’arrogeant la Majorité au Parlement, il tient donc d’une main de fer le pouvoir exécutif en contrôlant le gouvernement. D’ailleurs, c’est sur sa proposition que Mme Jeannine Mabunda Lioko, devient la première femme élue présidente de l’Assemblée nationale.

En attendant la nomination du Premier ministre, Jeannine Mabunda Lioko a été élue, sans surprise, présidente de l’Assemblée nationale, mercredi 24 avril. Elle était la seule candidate à ce poste. Sur 383 votants, Mabunda a recueilli 375 voix. Une élection sans aucune surprise, après l’annulation de la candidature d’Henry-Thomas Lokondo, dissident du FCC qui s’était rallié à l’opposition.

L’opposition a boycotté le vote. Elle regroupe les députés d’Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba et de la Dynamique pour l’unité d’action de l’opposition de Martin Fayulu.

L’opposition accuse la coalition FCC-Cach de s’être accaparé indûment de la totalité des sièges au bureau. De fait, sur les sept sièges constituant le bureau de l’Assemblée nationale, seul le poste de rapporteur adjoint a été réservé à l’opposition. Celle-ci a saisi le Conseil d’État, revendiquant d’obtenir le poste de rapporteur titulaire en plus du poste d’adjoint.

La candidature de Jeannine Mabunda Lioko, précisons-le, était portée par la coalition Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila et du Cap pour le changement (Cach) du président Félix Tshisekedi. Elle sera secondée par Jean Marc Kabund A Kabund de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, le parti de Félix Tshisekedi, qui prend le fauteuil de premier vice-président.

Élue députée nationale en 2011, réélue en 2018, Jeannine Mabunda Lioko est, depuis juillet dernier, la présidente de la ligue des femmes du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd) le parti de l’ancien président, Joseph Kabila.

C’est donc une femme politique très proche du président Kabila. En effet, depuis 2014, elle était Représentante personnelle du chef de l’État – l’ancien président Joseph Kabila – en charge de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants soldats. Dans le cadre de cette mission humanitaire, sa feuille de route consistait à lutter contre l’impunité en matière de viols et d’aider à libérer la parole des victimes face à ce fléau, tout en facilitant le dialogue entre les diverses parties prenantes.

Une preuve supplémentaire que l’ancien et le nouveau président sont en bonne intelligence et renvoie donc à un deal entre les deux hommes ayant précédé l’élection présidentielle. Deal que Thisékédy, en visite dans un pays voisin, n’avait pas nié en répondant à la question d’un journaliste à ce sujet.

Kabila continue donc de tenir les rênes du pouvoir car le Premier ministre devra bénéficier de sa bnédiction pour ête accepté par la majorité parlementaire qu’il contrôle. C’est dire que les marges de manœuvre de Tshisekedi vont être très réduites. Il devra, pour sortir de l’emprise de Kabila qui en fait un président par procuration, tenter de se trouver des alliés pour retrouver quelque marge de manœuvre.

Ce qui semble perdu d’avance car une alliance avec Martin Fayulu semble improbable. Ce dernier, ne l’oublions pas, continue de revendiquer la victoire, mais ne mobilise plus les Kinois qui préfèrent jouer la carte de l’apaisement pour tourner le dos à plusieurs années de braises ardentes.

 A.B.N.

 

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