Si l’opération Turquoise a donné l’occasion aux extrémistes hutus de massacrer la minorité tutsie sous l’œil vigilant des soldats français, celle de Sangaris, toujours en présence des éléments de l’armée française, extermine les musulmans de la République centrafricaine. Au vu et au su de la communauté internationale. Accueillis en libérateurs au Mali, malgré leur engagement sans faille aux côtés des indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad, les soldats français sont devenus indésirables en Centrafrique. La raison. Ils sont considérés par les musulmans de ce pays comme les complices de leurs bourreaux. Et du coup, le spectre de la partition guette la République centrafricaine.
C’est encore sous le manteau onusien que les militaires français ont débarqué en République centrafricaine au mois de janvier, pays de l’Afrique centrale en proie à des affrontements, d’une part, entre les musulmans et les chrétiens et d’autre part, entre la Séléka et les dernières poches de résistance des troupes restées fidèles au président Bozizé, renversé le 24 mars 2013. Le feu de la déchirure entre les confessions religieuses dans le pays de l’Empereur 1er Jean- Bedel Bokassa couvait déjà sous la cendre. Mais il a fallu que la rébellion, la Séléka, chasse du pouvoir le président François Bozizé pour que le pays s’embrase. L’arrivée de la Séléka au pouvoir, à sa tête Michel Djotodja, de confession musulmane dans un pays majoritairement chrétien, n’a pas été vue d’un bon œil, malgré l’accueil triomphal que la population de Bangui a réservé aux rebelles le 24 mars 2013.
Beaucoup de chrétiens centrafricains voyaient déjà à travers la victoire de la Séléka, composée essentiellement de musulmans comme une opa sur leur religion. Malheureusement, les éléments de la rébellion n’ont pu démentir ce préjugé. Les premiers actes, qu’ils ont posés, ont consisté à saccager les églises et piller les maisons appartenant aux chrétiens.
Pire, les rebelles devenus maîtres du pays ont procédé à des exécutions sommaires. Les chrétiens, eux aussi, créeront en conséquence des groupes d’auto-défense pour régler leur compte avec les autres musulmans, accusés d’apporter leur soutien aux éléments de la Séléka dans sa traque contre les chrétiens. Ces groupes auront le soutien sans failles des ex- Balaka, leurs coreligionnaires, mis en place par l’ancien président Bozizé pour lutter contre les coupeurs de route. Mais en réalité, c’était une milice qu’il avait créée pour contenir l’avancée de la Séléka.
Certes, des deux côtés, il y a eu des exactions. Mais c’est avec l’intervention militaire française au début de l’année 2014 que la situation a dégénéré. Les soldats français, arrivés le lendemain du vote de la résolution de l’ONU, ont été accueillis par des cris de joie par les partisans des deux camps, excédés par des affrontements. Cet enthousiasme ne fut que de courte durée. Car tout le monde ignorait qu’en plus de la mission de l’ONU que la France avait un agenda caché. Celui d’organiser le massacre des musulmans centrafricains. Comme ce fut le cas il y a vingt ans (20) au Rwanda, où la France s’est associé avec les extrémistes hutus pour tuer les Tutsis et les Hutus modérés. Bilan, près de 1 million de morts. L’opération Turquoise dans ce pays des Grands Lacs a été un échec cuisant pour l’ONU. Les militaires français ont refusé la protection aux Tutsis et Hutus modérés qui sollicitaient leur concours.
C’est le même scénario qu’on assiste en Centrafrique. La France au lieu de jouer à la neutralité s’allie toujours à un protagoniste pour raviver la tension afin d’y perpétuer sa présence dans le pays concerné. Dans la République centrafricaine, les militaires de l’opération Sangaris ont, après leur arrivée, posé comme première condition le désarmement des éléments de la Séléka. Et de l’autre côté, les ex-Balaka restaient armés. Avec cette prise de position française, les musulmans centrafricains se sont sentis trahis par ceux- là mêmes qui ont été mandatés par la communauté internationale pour rétablir l’ordre dans un pays au bord de la catastrophe humaine.
Malgré la protestation de la communauté internationale à faire revenir la France sur sa mission onusienne de protection de la population centrafricaine, les militaires de l’opération Sangaris n’accordent aucun crédit au cri de détresse des musulmans, sans défense depuis le départ des éléments de la Séléka de la capitale centrafricaine, Bangui. Ils sont laissés à la merci de leurs bourreaux. Les musulmans sont tués, leurs maisons, boutiques, magasins et mosquées pillés, brûlés au vu et au su des militaires de l’opération Sangaris. Et pourtant, dans les quartiers musulmans, les églises ne subissent pas le même sort de pillage et de destruction.
Ainsi, la France exporte son islamophobie sur le continent africain, après l’interdiction dans l’Hexagone des signes religieux à l’école. Une interdiction, on le sait, ne visait en réalité que l’islam et le port de la burqa. Paradoxalement, au même moment en Syrie, la France accorde son soutien tant financier, militaire et diplomatique aux musulmans les plus extrémistes, représentants légitimes du terrorisme international pour renverser Bachar. Ces mêmes musulmans radicaux qu’ils ont formés au Qatar et en Arabie Saoudite ont bénéficié de leur assistance pour renverser le Guide libyen, Mouammar Kadhafi et occuper le Nord du Mali avant qu’elle ne se décide de les disperser sous mandat de l’ONU. La lecture que l’on peut faire de cette politique de deux poids deux mesures de la France est qu’elle est alliée de l’islam, à travers des obscurantistes, pour semer le chaos dans un pays afin d’y permettre à ses entreprises de s’accaparer des marchés et ennemi de l’islam pour exterminer ses fidèles. Comme c’est le cas présentement en République centrafricaine.
Vingt ans, après le génocide rwandais programmé et planifié par la France impérialiste, elle récidive en Centrafrique. Cette fois ci-contre la communauté musulmane de ce pays.
Yoro SOW