RD Congo : l’opposant Bruno Tshibala nommé Premier ministre

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Le nouveau Premier ministre Bruno Tshibala, le 4 avril à Kinshasa. © AFP/Junior Kannah

Le président Joseph Kabila a finalement tranché en faveur de cet opposant, ancien membre de l’UDPS, le parti d’Étienne Tshisekedi.

L’opposant Bruno Tshibala a été nommé vendredi Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC) par une ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale congolaise (RTNC).

Qui est Bruno Tshibala ?

Cette nomination intervient après la démission de Samy Badibanga, un autre opposant nommé il y a quelques mois à la suite de l’accord du dialogue du 18 octobre de l’année dernière conduit par le facilitateur de l’Union africaine, Eden Kodjo. La nomination de Bruno Tshibala entre dans le cadre de l’application de l’accord du 31 décembre dernier, qui recommande la mise en place d’un nouveau gouvernement dirigé par le Rassemblement de l’opposition.

Ancien secrétaire général adjoint de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et proche du feu dirigeant de l’opposition Étienne Tshisekedi, Bruno Tshibala 45 ans a rejoint la dissidence au sein du Rassemblement créé par l’aile Olenga Nkoy en mars dernier, après un conflit interne qui mine l’opposition depuis la mort de l’opposant historique Tshisekedi. Il a été exclu du parti après son désaccord sur la nomination du fils d’Étienne Tshisekedi, comme successeur à son père.

Dans son discours devant le Congrès dans la journée de mercredi, le président de la RDC Joseph Kabila a fait état d’un large consensus trouvé entre les acteurs politiques après une consultation de trois jours qu’il a engagée avec la classe politique.

La situation politique reste très tendue en RDC à la suite d’une crise provoquée après l’expiration prévue au mois de décembre dernier du mandat de l’actuel président Joseph Kabila. Le gouvernement de Bruno Tshibala aura pour tâche l’organisation de l’élection présidentielle.

L’opposition fustige déjà cette nomination

La mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre a été beaucoup plus longue que ne l’espéraient les évêques catholiques congolais ayant permis son accouchement : la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition aurait en effet dû intervenir dans le courant du mois de janvier, selon le programme d’application de l’accord proposé par les prélats.

 

Entre-temps, des disputes en vue du partage des postes au sein du nouvel exécutif et les modalités d’application de l’accord, compliquées par de profondes dissensions au sein du Rassemblement, ont retardé les choses provoquant le courroux de l’Église qui a dénoncé à plusieurs reprises « la mauvaise foi » de la classe politique. Félix Tshisekedi, brigue aussi le poste de Premier ministre.

Ex-allié de M. Kabila s’étant rapproché récemment d’Étienne Tshisekedi, François Muamba a reproché à Joseph Kabila de s’être « mis en dehors de l’accord » du 31 décembre en choisissant son candidat parmi une branche dissidente de l’opposition qu’il juge inféodée au président. Selon lui, l’appel à manifester lundi 10 avril lancé par l’UDPS pour exiger l’application rapide de l’accord tient toujours et devrait être « un moment fort pour que le peuple indique son rejet de cette plaisanterie ».

Signataire de l’accord de la Saint-Sylvestre, le porte-parole du gouvernement sortant, Lambert Mende, a jugé au contraire que la décision présidentielle respectait « l’esprit et la lettre de l’accord ».

L’accord de la Saint-Sylvestre prévoit une cogestion du pays jusqu’à la tenue d’une présidentielle devant avoir lieu avant la fin de l’année. Après plus de trois mois de tergiversations, la tenue de cette élection dans le délai prévu apparaît hautement incertaine.

 Publié le 08/04/2017 à 14:17 | Le Point Afrique

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