RD Congo: le sortant Joseph Kabila remporte la présidentielle

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KINSHASA (AFP) – jeudi 16 novembre 2006 – Le président sortant de République démocratique du Congo (RDC) a remporté le second tour de l’élection présidentielle du 29 octobre avec 58,05% des suffrages exprimés, a annoncé mercredi soir la Commission électorale indépendante (CEI).

Le plus jeune chef d’Etat africain (35 ans), désigné en 2001, a obtenu 58,05% des voix contre 41,95% à son adversaire le vice-président Jean-Pierre Bemba, avec un taux de participation de 65,36% sur 25,4 millions d’inscrits.

L’écart entre les deux candidats est de 2.616.957 voix.

"Ayant recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au second tour, est déclaré élu président de la République démocratique du Congo Kabila Kabange Joseph", a déclaré le président de la CEI, l’abbé Apollinaire Malu Malu, depuis un salon d’un grand hôtel de Kinshasa, placé sous haute surveillance de Casques bleus de l’ONU.

Si la Cour suprême de justice, en charge du contentieux électoral, confirme ces résultats provisoires, Joseph Kabila, arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père le président Laurent-Désiré Kabila, deviendra le premier président élu au suffrage universel direct de l’ex-Zaïre.

Dans un message télévisé diffusé peu après l’annonce des résultats, Joseph Kabila s’est présenté comme le président de tous les Congolais, les invitant à "la fraternité et la tolérance" et prévenant que la campagne électorale, émaillée d’incidents meurtriers, était terminée.

Tous les Congolais "doivent, où qu’ils soient, avoir (…) l’assurance que j’entends rester le président de tous, sans distinction aucune", a-t-il déclaré.

Le camp Bemba doit réagir officiellement jeudi, a indiqué à l’AFP le directeur de cabinet du vice-président, Fidèle Babala, qui, "à titre personnel", a d’ores et déjà dénoncé un "hold-up électoral" et mis en doute l’impartialité de la CEI.

Selon cette dernière, la première vice-présidente de la CEI, Marie-Rose Mika, issue du Mouvement de libération du Congo (MLC) de M. Bemba, était présente à l’ouverture des délibérations sur les résultats du second tour mais est partie avant "la clôture".

Dès l’annonce de la victoire de M. Kabila, les habitants des grandes villes de l’est du pays, qui l’a plébiscité, sont descendus dans les rues, en liesse, tandis que la capitale, acquise à l’ex-rebelle Bemba dont le camp a multiplié les déclarations virulentes ces derniers jours, s’enfermait dans un silence anxieux.

Kinshasa, encore sous le choc d’affrontements à l’arme lourde entre troupes des deux candidats en août, a été à nouveau secouée samedi par des violences meurtrières aux abords de la résidence officielle du vice-président.

Les candidats ont désormais trois jours pour déposer d’éventuels recours devant la Cour suprême, qui dispose de sept jours pour les examiner et peut annuler tout ou partie du scrutin.

La proclamation définitive des résultats est attendue à la fin du mois et l’investiture du nouveau président le 10 décembre.

Les présidentielle, législatives et provinciales de 2006, qui seront suivies de scrutins locaux, doivent mettre un terme à une transition politique entamée en 2003 après une guerre régionale de cinq ans sur le sol congolais.

Ces scrutins sont considérés comme les premières élections libres et démocratiques en 41 ans dans l’ex-Zaïre, depuis des législatives tenues en 1965 peu avant le coup d’Etat du général Joseph-Désiré Mobutu.

Depuis son indépendance, obtenue en 1960 de la Belgique, le pays a connu une succession de coups de forces, rébellions et crises politiques.

Les Congolais ont voté dans le calme à chacune des étapes de ce processus crucial pour la stabilité du pays et de la région des Grands Lacs.

La communauté internationale, qui a financé la quasi-totalité des 500 millions de dollars du processus électoral, a multiplié les appels au calme et à la responsabilité des dirigeants congolais, condamnant tout recours à la violence.

L’ONU, qui entretient en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix dans le monde avec 17.600 Casques bleus, est épaulée pour la sécurisation du processus par une force européenne (Eufor), qui a déployé 1.400 hommes à Kinshasa et environ un millier au Gabon, prêts à intervenir dans les 24 heures.

Source: AFP

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