Kinshasa était quadrillée hier par les forces de l’ordre qui dispersaient les regroupements des partisans de l’opposition dans l’attente des résultats de la présidentielle en RD Congo où la Cour pénale internationale (CPI) suit la situation “de près”.
Les Congolais devaient connaître peut-être hier soir le nom du prochain président de la RD Congo, si la Commission électorale réussit à compiler tous les résultats à temps. “Je tiens à réitérer les propos que j’ai déjà tenus le 11 novembre : nous suivons de près la situation sur place et nous ne tolérerons aucun recours à la violence”, a déclaré Luis Moreno-Ocampo. Dans la crainte de débordements violents à Kinshasa, les autorités congolaises se sont préparées dans la capitale, plutôt favorable à l’opposition qui conteste les résultats partiels de la présidentielle plaçant le président sortant Joseph Kabila devant son rival l’opposant Etienne Tshisekedi. Quelques convois de pick-up et de camions chargés de policiers circulaient sur les grands axes. Environ 20.000 militaires, encasernés, étaient présents dans la capitale, et des vedettes patrouillent sur le fleuve Congo. Dans le quartier de Limete à distance du QG de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti de Tshisekedi), la police est venue faire sporadiquement la chasse aux “combattants” de l’UDPS, surnom donné à ses partisans, pour éviter tout rassemblement. Mais il n’y a pas eu d’affrontements.
L’annonce des résultats complets pour les 11 candidats à la présidence pourrait être différée par la Commission électorale (CENI). “Nous allons d’abord nous assurer que tous les procès-verbaux sont arrivés et que nous avons toutes les informations. Sinon, on ne pourra donner qu’un rapport partiel”, avait anticipé lundi soir le président de la Ceni, le pasteur Daniel Mulunda, en donnant de nouveaux résultats sur deux tiers des bureaux de vote. Joseph Kabila, 40 ans, élu en 2006, est crédité de 46,4% et devance d’environ 1,3 million de voix l’opposant Etienne Tshisekedi (36,2%), 78 ans, qui dès vendredi dernier rejetait ce décompte et se faisait menaçant. “L’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) met en garde -Ngoy Mulunda et Kabila pour qu’ils respectent la volonté du peuple”, avait tonné le chef de l’UDPS, ajoutant qu’”en cas de besoin” il lancerait un “mot d’ordre”, sans plus de précisions. Organisé de façon chaotique, entaché d’irrégularités et de soupçons de fraudes, le double scrutin présidentiel et législatif à un tour du 28 novembre a été émaillé de violences meurtrières. Les résultats définitifs de la présidentielle devront être proclamés le 17 décembre par la Cour suprême, et le nouveau président prêtera serment le 20. Les résultats provisoires des législatives doivent être annoncés mi-janvier.