Conformément à la tradition, Amnesty International vient de publier son rapport mondial sur la peine de mort qui fait référence à des cas de condamnations à mort et d’exécutions à travers le monde. Selon le constat des défenseurs des droits fondamentaux de l’Homme, si des progrès ont été enregistrés, mais beaucoup restent encore à faire pour que chaque individu, où qu’il se trouve, puisse jouir de ses droits fondamentaux.
Le rapport 2015 d’Amnesty International porte sur l’utilisation judiciaire de la peine de mort pour la période de janvier à décembre 2015. Comme les années précédentes, les contenus de ce document proviennent de données officielles, des renseignements fournis par les condamnés à mort et leurs familles ou leurs représentants, des rapports d’autres organisations de la société civile et des informations parues dans les médias.
Ce rapport précise que l’utilisation de la peine de mort a été caractérisée par deux évolutions contrastées en 2015. D’une part, Amnesty International a observé une envolée spectaculaire (54 %) des exécutions dans le monde par rapport à 2014. “En 2015, au moins 1634 personnes ont été mises à mort, soit 573 de plus que l’année précédente”, note le mouvement des défenseurs des droits de l’Homme.
Depuis plus de 25 ans, rappelle le rapport, Amnesty International n’avait enregistré un nombre aussi élevé d’exécutions. Ce chiffre, indique-il, ne tient pas compte des personnes exécutées en Chine, où les statistiques sur la peine de mort sont considérées comme un secret d’Etat.
D’autre part, les défenseurs des droits de l’Homme se réjouissent de l’augmentation à 102 des pays abolitionnistes de la peine capitale pour tous les crimes en 2015. Ce qui n’était pas arrivée depuis près de 10 ans, rappelle le document.
Les pays abolitionnistes montent en flèche
En plus, des progrès ont été enregistrés dans d’autres pays. La Mongolie a adopté un nouveau Code pénal abolissant la peine capitale pour tous les crimes à compter de 2016. Le gouverneur de l’Etat de Pennsylvanie a établi un moratoire sur les exécutions. La Chine et le Vietnam ont réduit le nombre d’infractions passibles de la peine capitale.
La Malaisie a annoncé des réformes législatives dans le cadre de la révision des lois prévoyant l’application obligatoire de la peine capitale. Le Burkina Faso, la Corée du Sud, la Guinée et le Kenya, quant à eux, ont examiné des projets de loi visant à abolir la peine de mort.
Le rapport précise que 3 pays seulement (Arabie saoudite, Iran et Pakistan) ont été responsables de 89 % des exécutions enregistrées en 2015. Le nombre d’exécutions signalées en Arabie saoudite et en Iran a augmenté de 76 % et de 31 % respectivement, et c’est la première année qu’Amnesty constate autant d’exécutions au Pakistan.
Le Mali fait partie des pays qui ont annoncé des condamnations sans jamais passer à l’exécution. C’est ainsi que courant 2015, Amnesty international a enregistré 10 condamnations à mort par les juridictions du pays. Cette situation s’explique par le fait que le Mali est en principe un pays abolitionniste, à cause du fait qu’il n’a pas exécuté depuis les années 1980.
Youssouf Coulibaly
Exécutions recensées en 2015
Courant 2015 des exécutions ont été enregistrées dans plusieurs pays faisant suite à des condamnations à mort. Les cas suivants ont été recensés par Amnesty : Afghanistan (1), Arabie saoudite (158+), Bangladesh (4), Egypte (22+), Emirats arabes unis (1), Etats-Unis (28), Inde (1), Indonésie (14), Irak (26+), Iran (977+), Japon (3), Jordanie (2), Oman (2), Pakistan (326), Singapour (4), Somalie (25+) : gouvernement fédéral de Somalie 17+, Somaliland (6+), Jubaland (2+), Soudan (3), Soudan du Sud (5+), Taiwan (6), Tchad (10) et Yémen (8+).
Condamnations à mort recensées dans le monde en 2015
Dans certains pays comme le Cameroun, le Ghana, l’Indonésie, l’Irak, le Liban, le Koweït, la Palestine (Etat de), la Sierra Leone et la Tunisie, Amnesty International a observé une recrudescence inquiétante du nombre de condamnés à mort. A la fin de l’année 2015, au moins 20 292 personnes étaient sous le coup d’une sentence capitale dans le monde.
Condamnations à mort en Afrique subsaharienne
Au moins 43 exécutions judiciaires ont eu lieu dans quatre pays : Somalie (25+ : gouvernement fédéral de Somalie 17+, Somaliland 6+, Jubaland 2+), Soudan (3), Soudan du Sud (5+), Tchad (10).
Au moins 443 condamnations à mort ont été prononcées dans 21 pays : Botswana (1), Burkina Faso (2), Cameroun (91+), Ethiopie (3), Gambie (3), Ghana (18), Kenya (30), Malawi (3), Mali (10), Mauritanie (5), Nigeria (171), Ouganda (1), République démocratique du Congo (28), Sierra Leone (13), Somalie (5+) ; gouvernement fédéral de Somalie (4+), Somaliland (1+), Soudan (18), Soudan du Sud (17+), Tanzanie (5+),Tchad (10), Zambie (7+), Zimbabwe (2+).