Quelle trace laissera Laurent Fabius en Afrique?

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Laurent Fabius s'entretient avec l'ex-président du Mali Diocounda Traoré durant une conférence de l'Union africaine le 29 janvier 2013 à Addis Abeba. © AFP PHOTO/SIMON MAINA
Laurent Fabius s'entretient avec l'ex-président du Mali Diocounda Traoré durant une conférence de l'Union africaine le 29 janvier 2013 à Addis Abeba. © AFP PHOTO/SIMON MAINA

François Hollande a annoncé mercredi en Conseil des ministres sa volonté de nommer Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel pour succéder à Jean-Louis Debré. Laurent Fabius quitte le ministère des Affaires étrangères et donc l’Afrique. Mais quelle trace laissera-t-il ? Parle-t-on de Laurent Fabius « l’Africain » ?

Pas de paternalisme affiché ou de condescendance déplacée. Pour tous ceux qui seraient tentés de faire rentrer Laurent Fabius dans la case « Françafrique », c’est raté. Laurent Fabius n’est pas l’homme de cette ces réseaux, il n’est pas l’homme du pré-carré. « Si vous voulez parler de la Françafrique, Laurent Fabius n’en a jamais fait partie et n’aurait eu aucun goût à en faire partie », affirme Philippe Baumel, député de Saône-et-Loire et membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

« Laurent Fabius n’était pas dans des réseaux, abonde Philippe Hugon, chercheur à l’Iris. Il n’était pas spécifiquement intéressé par l’Afrique. Je pense qu’il considérait simplement que l’Afrique était un continent qui faisait évidemment partie du monde, que démographiquement, elle pesait de plus en plus, mais que ce n’était pas la priorité. »

Sa vision du continent était lié à des enjeux plus globaux : l’environnement et le réchauffement climatique, la démographie, les relations commerciales et la sécurité. Pour les uns, cette approche est le signe flagrant d’un désintérêt pour l’Afrique. Tel un couperet qui tombe, le constat est sans nuance alors : Fabius n’a pas d’atomes crochus avec le continent, ou bien encore : Fabius n’a pas de tropisme africain.

La preuve serait à trouver sur le terrain militaire : l’Afrique a été laissée au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui a noué des relations personnelles avec plusieurs dirigeants du continent et lancé les opérations militaires Serval, Sangaris et Barkhane. Le tout sous le regard impérial de François Hollande.

Mais là donc Laurent Fabius ne ferait pas partie du tableau. « D’autres ministères étaient plus spécialement en relation avec l’Afrique. Les militaires, l’armée française, le ministère de la Défense et la cellule élyséenne militaire ont pris un poids très important dans nos relations sécuritaires avec l’Afrique. Jean-Yves Le Drian a eu un champ relativement libre, en accord avec le président de la République », poursuit Philippe Hugon.

C’est une erreur, estiment cependant certains observateurs, qui font valoir que certes, le militaire prend parfois le pas sur le diplomatique, mais que tout cela s’est conçu, fabriqué en Conseil des ministres, ou lors de huis clos feutrés. Donc avec l’aval et sous la direction, aussi, de Laurent Fabius

« On avait vécu des années particulièrement pénibles, après le discours de Dakar d’un ancien président de la République. Grâce à Laurent Fabius, l’Afrique est revenue au premier rang des préoccupations de la diplomatie française et de la diplomatie économique. Il a été décisif aussi dans la prise de conscience sur un certain nombre de crises, qui a amené la France à à nouveau être un acteur majeur pour le retour de l’ordre dans un certain nombre de pays, en faveur de la sécurité pour la protection des civils. Je ne sais pas si on peut parler de Fabius l’Africain. En tout cas, il a remis la France à son juste niveau sur le terrain africain », plaide encore Philippe Baumel.

Par RFI Publié le 11-02-2016

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