Que valent les services secrets africains ?

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Qu’est-ce qu’un service de renseignement ? Le service de renseignement recueille toutes les informations qui vont permettre de prendre des bonnes décisions. C’est quoi les bonnes décisions ? Ce sont celles qui en dernière analyse, vont pousser l’interlocuteur à se comporter comme nous le voulons, pour assurer et protéger nos intérêts, même si, et surtout si, ce sera contre les siens. Les techniques peuvent aller de la simple écoute à l’assassinat politique, en passant par la manipulation et les mensonges divers. Tout est bon et tout semble permis pour atteindre l’objectif fixé.

  • Cible des services de renseignement

Il existe plusieurs types de cibles : économiques, politique ou militaires. Selon la facilité ou la difficulté d’atteindre une cible, elles sont classées en cible protégée, cible méfiante et cible naïve. Lorsqu’on accède aux différents archives déclassifiées des services secrets occidentaux, il y a quelque chose qui saute très vite à l’œil, c’est que presque toutes les cibles africaines sont classées dans cette dernière catégorie : cible naïve. Il n’est pas rare de voir à côté de cette qualification de la cible, le motif. Ainsi, sur la fiche des services de renseignement d’un pays occidental, le président d’un grand pays africain était considéré comme cible naïve et à côté, il avait été ajouté qu’il croyait que «il suffisait de se laver après un rapport sexuel non-protégé pour ne pas attraper le sida». Sur la fiche d’un autre dirigeant, il a été écrit qu’il consulte les charlatans pour savoir si les rebelles allaient arriver à la capitale, sur la fiche d’un autre encore, il était tout simplement écrit qu’il croyait en dieu comme au père noël. Aujourd’hui, les pays occidentaux ont mis au point une nouvelle cible et pour eux la plus importante, c’est l’opinion publique dans les pays définis. C’est ce qui justifie que des chaînes de radios vont tout faire pour émettre en Modulation de Fréquence (FM) dans ces pays, sans aucune réciprocité, afin de toucher le maximum de la population. Des chaînes de télévision sont mises à contribution. Le résultat est spectaculaire, et si on pose la question à un dirigeant politique, économique ou même l’homme de la rue dans les pays cibles de savoir ce qu’ils pensent du pays qui mène ce genre d’opération de manipulation de l’opinion publique, rarement, il y aura des avis contre ce pays, parce que la première technique est celle qui consiste à faire croire aux gens qu’on est là pour leur bien, qu’on a investi tous ces millions d’Euros pour payer le matériel et les journalistes, parce qu’on est magnanime et on est très préoccupé par leur besoin d’être informés. Et lorsqu’un ministre de la République, dans son bureau, est branché pour s’informer non pas à la radio que son gouvernement gère, mais à une radio étrangère construite sur mesure pour lui, c’est un signe de faiblesse, d’allégeance, car il a déjà fait un choix, ou mieux, on l’a poussé à faire un choix et ce choix c’est celui indiqué à son subconscient d’être le bon. Il a préféré le choix de la facilité, et plutôt que de mettre les moyens conséquents pour que sa propre radio, sa télévision, sous son commandement soit à la hauteur de lui fournir les informations dont il a besoin, il croit plus facile de s’abreuver à la source qu’il lui a gentiment tendue. Ce qu’il oublie, c’est que dans les relations entre les Etats, il n’existe pas de cadeau gratuit. Ces gouvernants se rendent compte souvent très tard lorsqu’ayant tenté de prendre un semblant d’autonomie de décision, c’est cette même radio qui va conduire le lynchage médiatique avec des adjectifs qui ont été préparés depuis de longues dates : dictature, régime, etc.  Des pays comme la Chine ou la Russie ont trouvé la parade et c’est tout simplement de brouiller les ondes de tout média étranger qui cherche à s’adresser directement à sa population.

  • Les journalistes espions

En Occident, il existe une pratique que le grand public ne songe pas, c’est symbolisé par un mot aussi innocent qu’insignifiant, c’est le mot BRIFFIENG. Le «Briefing» consiste pour la plupart des pays occidentaux de recevoir tous leurs journalistes qui ont été sur un théâtre de guerre ou qui ont tout simplement été dans un pays étranger cible, pour se faire raconter tout ce qu’ils pensent avoir vu ou entendu et qui peut être utile pour leur pays. Il y a presque partout une cellule du service de renseignement qui rencontre ces journalistes pour avoir leurs dépositions. C’est très souvent un travail gratuit que les journalistes font par pur patriotisme. Par ailleurs, lorsqu’on observe bien toutes les crises au niveau mondial, on constate très vite qu’il n’y a jamais une divergence de pensée entre les positions officielles du gouvernement d’un pays occidental et ses médias. Il suffit de voir dans les élections présidentielles russes de 2012, mais aussi la crise ivoirienne, où la décision unanime de l’Union européenne (chose très rare) de soutenir un des candidats, dès le lendemain ; ce sont toutes les radios, télévisons et tous les journaux publics et privés (sans exception) à peintre l’autre candidat de tous les maux. Et toujours d’ajouter : «Gbagbo qui a perdu les élections et qui s’accroche au pouvoir». Ce qui est plutôt curieux pour des pays qui donnent au monde entier des leçons de liberté de la presse. Pour comprendre la gravité de cette connivence entre journalistes et politiciens, il suffit d’imaginer si après les élections au parti politique français de droite l’UMP, on décrivait Copé à l’unanimité comme : «Copé qui a perdu les élections et qui s’accroche au pouvoir». Comme minimum, ce serait suspect et dans tous les cas, cela nous indique clairement que personne sur cette planète ne peut donner des leçons de la liberté d’expression. Ces journalistes avaient-ils été libres d’écrire sur la guerre en Libye ? Puisque tous leurs commentaires n’étaient que des dépêches provenant des instances militaires. Cela ne surprend donc plus personne lorsque l’institut italien Indymedia communique le résultat d’une enquête et rendue publique par le journal en ligne Giornalettissimo du 1er  mars 2012, selon laquelle, 80% des journalistes italiens sont payés par les services secrets intérieurs. Alors que la loi numéro 801 de 1977 interdit tout rapport entre les journalistes et les services secrets. D’autres sont payés par les services secrets étrangers. Le cas le plus curieux de journaliste espion, reste l’Italien Giuliano Ferrara qui avait surpris tous les Italiens de son passage de l’extrême gauche où il a milité pendant des dizaines d’années dans «Lotta Continua» vers l’extrême droit et ardent défenseur de Silvio Berlusconi, et salarié comme directeur du quotidien Il Foglio de la famille Berlusconi. Il confessera lui-même que pendant toutes ses longues années de  militantisme dans l’extrême gauche, il n’était qu’un infiltré de la CIA, les  services secrets étrangers américains. Lorsqu’en septembre 2011 les archives de la guerre froide de la MI6, les services secrets britanniques étrangers, sont déclassifiés et rendus publics, on découvre que les Américains avaient décidé qu’il n’y aurait aucun changement de gouvernement en Italie et pendant 60 ans, ce sont les mêmes 5 partis qui ont formé la coalition du gouvernement. Pour y parvenir, les Américains avaient chargé les Britanniques de s’occuper du problème. Les services secrets britanniques ont écarté toutes les autres pistes et se sont focalisés sur les meilleurs journalistes proches de l’opposition, qu’ils ont recrutés et payés très chers pour convaincre l’opinion publique italienne que rien n’était plus dangereux que de tenter d’envoyer les communistes au pouvoir. Ce qui est curieux c’est que cette liste de journalistes était surtout faite d’intellectuels dits de gauche, c’est-à-dire des personnes proches de ce parti communiste qui ne devait pas arriver au pouvoir.  Sur la liste rendue publique par le journal de la famille Berlusconi  Il Giornale dans son édition du 09 septembre 2011, on découvre ces noms de journalistes : Arrigo Levi, Domenico Bartoli, Mario Missiroli,  Paolo Murialdi, Luigi Albertini,  Jader Jacobelli, Gaetano Afeltra, Luigi Barzini et le très célèbre Norberto Bobbio. Tous des sommités journalistiques que le système a bien sûr largement popularisées.

  • Des services secrets inquiétants

Dans chaque pays du monde, en posant la simple question de savoir comment s’appellent les services de renseignement des cinq pays membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies : Chine, France, Royaume Uni, Russie et USA, on peut être certain que presque tous sauront nommer ceux des pays occidentaux, beaucoup moins sur les services chinois et russes. La raison tient moins à l’efficacité ou à l’activisme  de ces services, mais plutôt à une forte propagande pour soigner leur image de marque auprès de l’opinion publique, le système mensonger démocratique oblige. C’est plutôt curieux pour des services qui doivent par définition, rester discrets. D’autres personnes pensent par erreur qu’avec la chute du mur de Berlin, l’espionnage est terminé et que seuls les services des pays supposés les gagnants de la guerre froide triomphent sur les autres, d’où leur plus grande popularité. Ce qui n’est pas vrai. Au contraire, ce sont des services qui brillent par leur inefficacité, leur amateurisme et pire encore, leur goût prononcé pour l’argent et la conséquente mutation vers le crime organisé. Passant ainsi d’un organe qui aurait dû protéger les pays occidentaux des potentiels ennemis externes et internes à des parfaits délinquants. Examinons les situations dans différents pays :

  • En Italie

Le 4 août 2011, le ministre italien de l’Economie et des Finances Giulio Tremonti est convoqué au tribunal de Rome par le Magistrat Giovanni Ferrara qui veut en savoir plus sur les accusations que le ministre avait proférées quelques jours auparavant à travers le quotidien italien, «La Republica», disant qu’il était obligé de vivre caché en location chez un ami, parce qu’il ne se sentait pas en sécurité, qu’il avait peur pour sa vie parce qu’il savait qu’on l’espionnait, qu’il était suivi dans la rue et contrôlé dans tous ses mouvements. Il avait peur des services secrets de son pays. Le ministre avait ainsi expliqué au Magistrat pourquoi il a avait cessé d’habiter au camp militaire de la brigade financière, les militaires spécialisés à la lutte contre la délinquance financière comme le blanchiment d’argent de la mafia, l’évasion fiscale et la corruption des politiciens. C’est cette brigade qui assure en Italie l’escorte et la sécurité des ministres de l’Economie et des Finances 24heures sur 24. Donc, seuls les services secrets pouvaient défier aussi ouvertement le corps très respecté de la brigade financière. L’intrigue est devenue plus inquiétante, lorsque convoqué par la commission parlementaire du contrôle sur les services secrets COPASIR, le directeur du service d’information et du renseignement (services secrets italiens), Gianni de Gennaro a affirmé devant cette commission qu’il n’en savait rien, que les services secrets italiens n’étaient pas à l’origine de l’observation du ministre. Ce dernier qui ne manque pas d’ironie a fait cadeau au magistrat de son livre écrit en 1998 avec un titre tout aussi évocateur : «L’Etat Criminogène», pour dénoncer les actes délictuels des organes officiels de l’Etat italien. Le côté comique de cette histoire arrive lorsque le magistrat demande au ministre chargé de lutter contre la corruption des fonctionnaires et politiciens, comment est-ce possible qu’il ait payé seulement 4.000 € de location par mois à son ami alors que le précédent locataire payait plus du double : 8.500€ ? En d’autres termes, le magistrat voulait savoir quelle faveur a-t-il donné en échange d’une telle largesse ? La réponse du ministre a surpris même les journalistes qui ont reporté la déposition : «4000€ c’est la partie officielle de la location, la différence était versée au noir». Pour comprendre la gravité de ces propos, il faut rappeler que le ministre est celui qui commande la brigade financière, qui elle, lutte contre l’évasion fiscale.

  • Au Portugal

Le plus grand espion portugais de tous les temps s’appelle Jorge Silva Carvalho. Il a dirigé le Service d’Information Stratégique de Défense (SIED, le renseignement portugais) pendant des années. En 2010, il quitte le SIED pour un poste plus juteux dans un groupe de presses et télécommunications dénommé : ONGOING. Il est tout simplement ainsi récompensé de toutes les informations croustillantes sur les personnalités portugaises de premier plan qu’il a fournies aux journaux du groupe pendant qu’il dirigeait les services secrets. Des informations à scandale qui ont pendant longtemps fait la une de ces journaux créant à chaque fois le scoop et le buzz, ce qui a été un succès commercial garanti dans le secteur. Selon les informations publiées le 26 mai 2012 par l’hebdomadaire portugais Visao, pendant qu’il dirigeait les 007 portugais, Jorge Silva aurait mis au point une liste bien élaborée et complète sur les mœurs intimes et les fréquentations de chaque politicien portugais. Ceci lui permettant de faire chanter qui il voulait et quand il le désirait. C’est ainsi que lorsque la droite arrive au pouvoir en 2011, c’est bien Jorge qui fait la liste des personnes qu’il souhaite voir dans le gouvernement. Et ses vœux sont très vite exaucés. Selon le journal portugais PUBLICO, les tentacules de l’ancien 007 vont jusqu’au numéro 2 du gouvernement portugais, le ministre Miguel Relvas, à qui Silva a bonnement tendu la liste de ses amis à recruter au gouvernement. Lorsque la journaliste de Publico a fait remarquer que le ministre avait menti sur ses relations avec Silva qu’il prétendait ne pas connaître, il l’a tout simplement menacée la journaliste de révéler des informations intimes sur sa vie privée. C’est le vice du ministre de Relvas, un certain Adelino Cunha qui n’a pas tenu dur longtemps et a vendu la mèche. Il a reconnu les relations entretenues avec l’ex 007 et donné sa démission, immédiatement acceptée par Relvas. Le Premier ministre lui-même est resté muet, de peur de quoi ?

  • En Chine

Comment fonctionne le très discret service de renseignement chinois ? Il est très difficile de le dire, parce que tous leurs agents sont strictement chinois et utilisent une codification spéciale en langue chinoise qui pour être lue, a besoin qu’on maîtrise environ 9.000 mots. Pour savoir donc comment marchait avant  le Shihuibu (Service de renseignement extérieur chinois) et le Gonganbu (Service du renseignement intérieur au Ministère de l’Intérieur, et responsable aussi du contre-espionnage), et leur successeur à partir de 1983, le Guojia Anquanbu (Ministère de la Sécurité d’ État, chargé du renseignement extérieur et du contre-espionnage) il a fallu attendre que les archives du service secret de l’Union Soviétique, le KGB, soient déclassifiés pour découvrir les techniques utilisées. Comme par exemple, l’envoi à l’étranger de faux dissidents qui vont clamer haut et fort qu’ils ont été torturés dans les prisons chinoises et qu’ils demandent l’asile politique en Occident. Par exemple, dans le rapport annuel d’activité du KGB, (déclassifié) n° 709-A du 30/03/1976, pour les activités du KGB pour toute l’année 1975, on cite le nom de deux agents du renseignement chinois identifiés par le KGB parmi les personnes fuyant la Chine, et le détail des missions que ces 2 espions devaient accomplir à l’étranger. Les différents rapports qui vont suivre parlent de la même technique, comme le rapport n°728/A-OB du 10/04/1982 pour l’année 1981, qui cette fois-ci, cite 7 agents du renseignement chinois identifiés, parmi les personnes prétendument fuyant la misère en République populaire de Chine, cette fois-ci, les espions chinois se seraient mélangés dans la masse des sans-papiers venus des pays pauvres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. Le rapport n°547-Tch/OB du 15/03/1983 pour l’année 1982 parle lui de 10 espions chinois identifiés par le KGB utilisant la même méthode.

  • Les Africains sont-ils plus libres de circuler que les Européens ?

Contrairement à une certaine idée reçue, il est plus facile pour un Africain avec un passeport africain de circuler librement dans le monde entier en dehors de l’Occident que pour un Européen. Par exemple, avec un passeport européen, il faut un visa obligatoire pour se rendre dans tous les pays de l’Afrique de l’Est. Et pour limiter les activités d’espionnage des Européens arrivant à la création des rebellions sur commande, même avec le visa, les Européens ont l’interdiction formelle d’accéder à plusieurs zones de ces pays, sinon avec un permis spécial. C’est par exemple en vertu de ces restrictions que deux journalistes suédois, le supposé reporteur Martin Schibbye et le supposé photographe Johan Persson ont écopé de onze ans de prison ferme par le tribunal d’Addis-Abeba pour être entrés en Ethiopie sans visa et reconnus coupables le 21/12/2011 pour avoir été en plus arrêtés dans une zone interdite aux Occidentaux, lesquels sont soupçonnés de financer le terrorisme en Ethiopie à travers les rebelles du Front National de Libération de l’Ogaden (ONLF). L’accusation qui avait demandé 18 ans et demi de prison avait montré durant le procès une vidéo dans laquelle les présumés journalistes étaient avec les armes au poing, prêts à faire feu. Le juge Shemsu Sirgaga avait conclu la lecture de sa sentence de 11 ans de prison ferme avec ces mots : «Cette peine remplit l’objectif de paix et de stabilité». C’est tout dire sur la lutte contre l’espionnage occidental visant à déstabiliser l’Ethiopie pour la punir d’avoir mis le cap sur Pékin avec son taux de croissance de 13% en 2011, alors que l’Occident l’annonçait moribond. Après les vaines protestations de l’Union européenne à travers la voix du  chef de la diplomatie européenne Mme Catherine Ashton, ajoutées aux indignations des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, dans une dépêche de l’AFP du 27/12/2011, Bereket Simon, porte-parole du gouvernement éthiopien, s’est moqué de ces accusations, disant qu’elles venaient des «mêmes organisations qui ne s’intéressent qu’à un changement de pouvoir politique en Ethiopie et ailleurs en Afrique. Nous avons l’impression que ces personnes ne comprennent pas le concept d’Etat de droit. Le processus judiciaire ne peut pas et ne doit pas prendre fin parce que quelqu’un en Europe a ordonné à l’Ethiopie ou à son administration judiciaire de l’interrompre.» L’Inde délivre un visa de 6 mois aux Occidentaux, mais limite leur circulation dans le pays. Il y a des régions entières où pour y accéder, les Occidentaux ont besoin d’un permis spécial et il faut qu’ils soient accompagnés. L’Indonésie délivre aux Occidentaux un visa de 30 jours non renouvelable. Si le citoyen d’un pays européen veut résider 3 mois en Indonésie, il doit sortir 2 fois, après chaque 30 jours pour aller prendre un nouveau visa dans son pays d’origine et retourner pour répéter l’opération. Pire, ils ne peuvent pas circuler librement sur tout le territoire indonésien. Il leur est interdit l’accès dans plusieurs régions comme par exemple l’Irian Jaya  et Bornéo. En Malaisie, si vous avez un passeport européen, vous ne pouvez pas vous rendre dans la région de Sarawak. À moins d’être en possession d’un permis spécial délivré par le ministère de la Sécurité Intérieure. Qu’ils soient étudiants, hommes ou femmes d’affaires, les Africains ont plus de liberté de circulation dans plusieurs pays du monde que les Occidentaux, surtout, il n’y a pas de restriction à leurs mouvements dès lors qu’ils sont en possession des visas, là où c’est nécessaire. Et si cette situation trahissait plutôt le fait que personne ne prend au sérieux les espions africains ? En d’autres termes, que valent les services secrets africains pour ne susciter aucune crainte ?

  • Que valent les services de renseignement africains ?

Hors mis l’Algérie, qui confrontée au terrorisme islamiste le plus violent d’Afrique, a aujourd’hui les meilleurs services de renseignement du continent africain, les services de renseignements de la quasi-totalité des pays africains est à l’image des services britanniques et français qui les ont formés, c’est-à-dire médiocres, de vrais cancres. Il existe plusieurs paramètres pour juger de l’efficacité des services de renseignement d’un pays comme par exemple, sur le plan intérieur, de la capacité de ce pays à faire la lumière sur des crimes et délits, c’est-à-dire par le taux d’élucidation des crimes et délits dans ce pays. Prenons l’exemple de la France. Pour savoir si elle est en mesure de former convenablement les services de renseignement africains, nous devons voir comment ce service sert à la même France. Les crimes et délits peu élucidés en France. Dans la lettre ouverte que j’avais écrite au président français en 2010, Nicolas Sarkozy (voir Tome1), sur le racisme d’Etat en France contre les Africains, je dénonçais l’acharnement contre les Africains des banlieues stigmatisés comme tous des trafiquants de drogue et invitais le chef d’Etat français à faire travailler ses services secrets pour enfin l’informer du fait que dans le trafic de drogue ce n’est pas le petit détaillant qui compte, ce n’est pas le minuscule pusher à l’angle de la rue qui importe, puisqu’il est vite remplacé lorsqu’il est arrêté, mais surtout le grossiste, l’importateur, le raffineur, le gros bonnet qui très souvent est une entreprise qui investit à la bourse. Et pour le savoir, seul le service de renseignement intérieur est outillé pour dire effectivement qui fait quoi. Que constatons-nous ? Que les services de renseignement français n’arrivent pas à venir à bout du trafic de drogue à Paris ou à Marseille où des quartiers entiers sont interdits d’entrée à la police. Et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls devenir le politicien le plus populaire parce qu’il a fait comme tous les autres, de la communication. Il crée des unités spéciales, etc. alors qu’il aurait fallu que les services de renseignent disent qui fait quoi, qui gagne combien et comment ? pour démanteler les réseaux aussitôt qu’ils se forment. La Corse est réputée la région la plus violente de toute l’Union Européenne, même pire que la Sicile. On a vu le ministre de l’intérieur Manuel Valls accuser un citoyen Corse de savoir plus que l’Etat sur les homicides sur l’ile. C’est un aveu de l’inefficacité des services de renseignement intérieurs. Ce qui est absurde puisque le ministre est celui qui dès lors qu’il avait identifié une telle cible, potentielle source d’information utile, plutôt de l’accuser sans preuve, aurait dû charger ses services de renseignement, pour obtenir tout ce que pouvait savoir ce citoyen et même plus. Quelques années auparavant, on était même arrivé à l’impensable où les gendarmes ne sachant comment coincer un présumé malfrat étaient arrivés au point d’incendier eux-mêmes des pagodes sur la plage. Et pour mettre la cerise sur le gâteau de la bêtise humaine, un des gendarmes avait été brûlé par le feu que lui-même avait allumé dans la nuit. Dans l’incroyable cafouillage de l’affaire Merah, cet islamiste présumé agent-double français qui avait pendant des semaines abattu d’abord des militaires français dans la rue et ensuite les enfants et parents dans une école juive de Toulouse, on a là une autre preuve de la navigation à vue des services de renseignement français. Il est plus utile pour nous de comprendre les raisons de l’incompétence de services français pour en tirer des conclusions pour l’Afrique, puisqu’il est prouvé que les pays africains de langue française ont copié bêtement un modèle français qui est perdant sur tous les plans. Le service de renseignement pour être efficace doit se baser sur des informations fiables, sur la connaissance des citoyens. Or en France, l’Etat ne connaît pas ses citoyens. Et cette méconnaissance se fonde sur 2 failles principales :

Absence totale du registre des citoyens tenu par la mairie. L’efficacité des services de renseignement dans les pays européens comme l’Allemagne, L’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, Suisse, etc. vient du fait que tous ces pays tiennent dans chaque mairie, un registre des populations. Chaque citoyen qui réside dans une commune a l’obligation de s’inscrire sur ces registres. Et lorsqu’on change de résidence, on est obligé dans un délai très bref de s’enregistrer dans sa nouvelle mairie. Cette dernière fait deux opérations : envoyer un vigile de la police municipale pour vérifier que ce que le citoyen a déclaré correspond à la vérité. Si c’est vérifié, la mairie envoie une note à sa mairie de provenance pour faire effacer ce citoyen dans son ancienne commune et se faire envoyer tout son dossier dans la nouvelle commune. Sans cela, le citoyen ne peut pas avoir accès par exemple aux services sociaux, à l’inscription des enfants dans une école publique ou privée. Il ne peut pas signer un contrat d’électricité ou de téléphone. C’est ce fichier qui est la base du travail sérieux de tous les services de renseignement des pays cités. En France, un tel registre n’existe pas. La Caisse d’Allocation Familiale (CAF) qui offre les prestations sociales est complètement déconnectée de la mairie, qui elle est déconnectée du registre des contribuables tenu par le fisc. Ainsi, les services de renseignement sont privés d’instrument primaire pour l’activité de veille d’où émerge qu’un citoyen qui effectue un certain métier mène un train de vie incompatible avec le niveau de revenu attendu pour une telle profession. Sans cela, c’est une complète navigation à vue. Il y a 2 raisons du manque de la tenue du registre de la population en France, la première vient du fait qu’il existe dans ce pays une véritable insulte à la prétendue démocratie appelée «cumul des mandats» qui fait que les maires sont en même temps députés au parlement ou sénateurs, mais aussi ministres, comme ça ne suffit pas, ils sont aussi présidents des conseils régionaux. Ce qui veut dire qu’ils ne pourront jamais avoir le temps pour gérer leurs mairies de façon efficace dans le modèle décrit avant, avec le registre de la population qui devient le centre même de l’organisation administrative d’un pays. La deuxième raison beaucoup plus triste vient d’une plaie de la deuxième guerre mondiale où on s’est basé sur un tel registre mis en place par l’ordonnance allemande du 27  septembre 1940, pour les seuls Juifs, qui a ensuite servi pour effectuer des rafles de ces juifs, notamment la rafle du Vélodrome d’Hiver le 16 juillet 1942, communément appelée «rafle du Vel’ d’Hiv» où le régime de Vichy en une seule journée avait mobilisé pour la seule ville de Paris 9.000 policiers et gendarmes pour aller traquer dans chaque maison comme résultant du registre des populations juives, tous les juifs de la capitale française. À la fin de la journée, la moisson est conséquente : 13.152 Juifs arrêtés dont 4115 enfants, selon les chiffres officiels de la préfecture de Paris. Tous déportés pour être brûlés dans les fours crématoires. À la fin de la guerre en 1945, aucun de ces 4.115 enfants n’avait survécu, contre une centaine d’adultes qui furent sauvés. 70 ans après, la France n’a toujours pas surmonté ce traumatisme et la seule idée de constituer un registre de la population rend allergique les plus âgés qui savent ce qu’on en a fait. Manque de recensement. Lorsqu’on pose la question : la France compte combien d’habitants, on a deux organes de l’Etat qui fournissent deux réponses différentes et contradictoires. Par exemple pour connaître le nombre de la population française le 1er janvier 2012, l’INSEE, l’Institut National de Statistique donne le chiffre de 65,35 millions de français alors que le Décret n°2011-1994 du 27 décembre 2011 paru au Journal Officiel  JORF n°0301 du 29 décembre 2011 page 22580 texte n° 36, parle plutôt de 64,30 millions de français. Ce cafouillage vient du fait qu’à cause du manque d’argent, la France est le seul pays au monde à ne pas frapper à chaque porte pour recenser sa population. Selon un rapport parlementaire de 2008 et rendu public par le journal Le Monde du 31/07/2012, le dernier recensement qui a démarré en 1990 et qui aurait dû se terminer en 5 ans, en 1995, ne s’est achevé que 9 ans plus tard en 1999, à cause notamment du manque du registre des populations (dont nous avons parlé plus haut). Ce dernier recensement, selon le rapport, a mobilisé 100.000 agents et coûté 180 millions d’Euros, argent que l’Etat français n’a plus. Voilà pourquoi à sa place, on a tout simplement remplacé le comptage des populations en une chose bizarre qu’ils appellent là-bas «recensement par sondage». Et qui consiste à aller dans chaque commune, choisir 8% des maisons et aller compter les occupants de ces maisons, voir leur évolution au bout de 5 ans et l’extrapoler à la population totale selon un paramètre qui reste secret vu l’absurdité de la méthode et dont tout le monde se moque en appelant «secret défense». La France est le seul pays au monde à chercher un tel raccourci contesté par ses propres mairies, tous les autres pays restent sur le modèle recommandé par les Nations-Unies du comptage intégral de la population. Dans ces conditions, on comprend dès lors les lacunes de certains services de renseignement en Afrique qui ont tout simplement copié le modèle qu’ils croyaient excellent du maître. Ce qu’ils ne savaient pas était qu’il leur était plus profitable de repartir de zéro, plutôt que de copier les tares des autres, parce qu’il arrive souvent que le maître soit plus cancre que l’élève.

  • Quelles leçons pour l’Afrique ?

Le service de renseignent est tout d’abord l’expression d’un patriotisme. Les Africains ont été pour la plupart formatés pour se dénigrer eux-mêmes, dénigrer leur pays, dénigrer leur continent. Et voir comme un paradis tout ce qui vient surtout de l’Europe. Lorsqu’on envoie un adolescent de 16 ans étudier en Europe, c’est un espion potentiel du pays de destination qu’on est en train de préparer. C’est ce qui va expliquer que les diplômés des grandes écoles européennes qui ensuite occupent des postes importants dans l’administration en Afrique, donnent l’impression d’appliquer un agenda qui n’a rien à voir avec les besoins et les exigences de la population. C’est parce qu’ils ont été programmés depuis l’adolescence à se sentir réalisés, comblés comme être humain, par rapport à leur degré de subalternité au pays où ils ont étudié et non par rapport à un quelconque résultat concret qu’ils peuvent réaliser sur le terrain et vérifiable, ou par rapport au niveau de vie des populations sous leur administration. Pour savoir le degré d’allégeance, il suffit de se poser la question : où sont cousus les uniformes des armées et polices britanniques et françaises ? Réponse : Chine et pour des raisons économiques. La même question : où sont cousus les uniformes des armées des pays africains ? Réponse : France et Grande Bretagne. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment l’armée française pour s’habiller va en Chine pour économiser et les armées africaines se sentir si riches qu’elles vont là où fuit la France ? Wikileaks nous a démontré à quel point certains politiciens se couchaient et priaient les ambassadeurs américains de marcher sur eux. Il suffit d’imaginer une seule seconde si la réciprocité est possible pour comprendre l’absurdité d’un tel complexe d’infériorité. Imagine-t-on un ministre américain aller voir l’Ambassadeur camerounais à Washington pour mal parler de Obama ? Imagine-t-on le président américain Obama téléphoner chaque matin à l’Ambassadeur du Nigeria à Washington pour savoir ce qu’il doit faire pour son programme de la journée ? Cela démontre un manque total de patriotisme, sans lequel il ne peut y avoir un service de renseignement efficace, puisque ne reposant sur aucune base solide. En Afrique dans ces conditions de manque de patriotisme, ce sont des ministres au pouvoir qui sont des Agents des services secrets étrangers. Ce sont les oppositions qui sont aussi des Agents des services secrets étrangers. Pour le découvrir, il suffit de leur demander leur opinion sur le Franc CFA et on a la réponse. En Afrique, ce sont les journalistes qui sont des Agents de services secrets étrangers, pour le savoir il suffit de leur demander si c’est normal qu’un journaliste reçoive de l’argent des ambassades occidentales et vous aurez la réponse. Il suffit aussi ensuite de lire toutes les informations négatives qu’ils vont déverser contre leur propre pays pour comprendre pour qui ils roulent. L’Afrique doit pouvoir identifier sa population, toute sa population. Chaque pays doit mettre sur place un registre des populations dans chaque mairie. Ce n’est pas au commissariat qu’il faut établir une carte d’identité ou un certificat de résidence, mais à la mairie ou à la chefferie traditionnelle. Il faut arrêter de croire que tout ce qu’on copie en Europe est salutaire. Il existe des mauvais exemples à ne pas suivre, des mauvais choix à ne pas importer systématiquement. On a vu le comble de la bêtise humaine dans des pays comme le Gabon ou le Cameroun, jeter l’argent du contribuable par la fenêtre en mettant des milliards de Francs CFA, dans le système de la Biométrie pour, selon les partis d’opposition, avoir la seule garantie de finalement prendre leur revanche et accéder au pouvoir. Mais que peut valoir une carte électorale biométrique dans un pays où l’Etat ne connaît pas ses citoyens ? Où les communes ne disposent d’aucun registre des populations pour savoir avec précision qui habite où ? ZERO. Que vaut une liste électorale orpheline et complètement déconnectée de la mairie, sans le registre des populations résidentes ?

C’est peut-être facile de traiter les services de renseignement de nul, comme l’a fait Eric Denécé dans son livre accablant intitulé : «Les Services Secrets Français Sont-Ils-Nuls», encore faut-il se demander si ces services ont les moyens adéquats pour travailler. Si chaque maison n’est pas identifiable et identifiée avec un numéro, si chaque rue n’est pas identifiée avec un nom, les services secrets africains ne pourront pas faire des miracles avec des quartiers, des avenues, des rues qui portent les noms des bars et discothèques qui à leur tour portent des noms des pubs britanniques et des cabarets français. Les naissances et les décès doivent être enregistrés à la mairie. La mairie doit avoir la certitude du lieu de la sépulture, devant respecter des normes précises pour éviter l’incroyable scénario des villages africains violentés par l’image omniprésente de la mort, où de très nombreuses tombes clandestines cimentées remplacent les fleurs devant les maisons.

L’Afrique doit s’équiper pour assurer toutes les formations utiles à sa sécurité, à sa stabilité, à son épanouissement. Lorsqu’on regarde la liste des généraux qui ont déserté dans la crise syrienne, on ne peut s’empêcher de constater qu’ils ont tous étudié dans les pays occidentaux qui soutiennent et financent la rébellion en Syrie. Lorsque le Général Manaf Tlass, le plus haut gradé fait défection et trahit son ami d’enfance, le président Assad le 06/07/2012, il s’est mis en route pour la France, pays où il a fait ses études supérieures. Avec lui, la liste des désertions est impressionnante : le 8 mars 2012, c’est le vice-ministre du Pétrole, Abdo Houssameddine qui déserte, le 11/07/2012, c’est l’ambassadeur de Syrie à Bagdad, Nawaf Farès qui fuit pour le Qatar, il sera le premier d’une liste de 8 diplomates qui vont déserter, comme l’ambassadeur syrien aux Emirats arabes unis, Abdel Latif al-Dabbagh le 24/7/2012 avec son épouse Lamia Hariri, chargée d’affaire à Chypre, le lendemain 25/7, c’est au tour de Mohammad Tahsine al-Faqir, l’attaché de sécurité de l’ambassade de Syrie dans le sultanat d’Oman de faire défection.

À peine un mois après, le général Tlass, le nombre des généraux qui font défection passe subitement à 31, selon le décompte de l’AFP rendu public dans le quotidien français Le Figaro du 06/08/2012, jour qui correspond à la défection du Premier ministre en personne. Pour qu’il y ait une telle accélération, il est évident qu’il y a eu une régie pour tout l’organiser. Comment le savoir ? Il suffit de regarder les pays d’étude de ceux qui ont fait défection et les comparer à ceux restés fidèles : tous les déserteurs ont étudié en occident et ceux restés fidèles, ont presque tous été formés dans le pays.

La leçon de cette situation est que la sécurité de l’Afrique se construira aussi et surtout autour de la qualité de ses écoles et universités qui fera en sorte que le moins de personnes aient besoin d’aller se former hors du continent. Lorsqu’on a dans un gouvernement le 100% des ministres qui ont étudié dans un seul et même pays, il est naïf, sinon stupide de vouloir créer un quelconque conflit avec le pays où ces ministres ont étudié, parce qu’en dernier ressort, ils prendront la défense pas de leur pays qu’ils sont supposés servir, mais celle du pays où ils ont étudié, parce qu’ils en sont devenus même en bonne foi, dans leur subconscient des agents.

Nkongsamba, le 17 décembre 2012

Jean-Paul Pougala

Qu’est-ce qu’un service de renseignement ? Le service de renseignement recueille toutes les informations qui vont permettre de prendre des bonnes décisions. C’est quoi les bonnes décisions ? Ce sont celles qui en dernière analyse, vont pousser l’interlocuteur à se comporter comme nous le voulons, pour assurer et protéger nos intérêts, même si, et surtout si, ce sera contre les siens. Les techniques peuvent aller de la simple écoute à l’assassinat politique, en passant par la manipulation et les mensonges divers. Tout est bon et tout semble permis pour atteindre l’objectif fixé.

  • Cible des services de renseignement

Il existe plusieurs types de cibles : économiques, politique ou militaires. Selon la facilité ou la difficulté d’atteindre une cible, elles sont classées en cible protégée, cible méfiante et cible naïve. Lorsqu’on accède aux différents archives déclassifiées des services secrets occidentaux, il y a quelque chose qui saute très vite à l’œil, c’est que presque toutes les cibles africaines sont classées dans cette dernière catégorie : cible naïve. Il n’est pas rare de voir à côté de cette qualification de la cible, le motif. Ainsi, sur la fiche des services de renseignement d’un pays occidental, le président d’un grand pays africain était considéré comme cible naïve et à côté, il avait été ajouté qu’il croyait que «il suffisait de se laver après un rapport sexuel non-protégé pour ne pas attraper le sida». Sur la fiche d’un autre dirigeant, il a été écrit qu’il consulte les charlatans pour savoir si les rebelles allaient arriver à la capitale, sur la fiche d’un autre encore, il était tout simplement écrit qu’il croyait en dieu comme au père noël. Aujourd’hui, les pays occidentaux ont mis au point une nouvelle cible et pour eux la plus importante, c’est l’opinion publique dans les pays définis. C’est ce qui justifie que des chaînes de radios vont tout faire pour émettre en Modulation de Fréquence (FM) dans ces pays, sans aucune réciprocité, afin de toucher le maximum de la population. Des chaînes de télévision sont mises à contribution. Le résultat est spectaculaire, et si on pose la question à un dirigeant politique, économique ou même l’homme de la rue dans les pays cibles de savoir ce qu’ils pensent du pays qui mène ce genre d’opération de manipulation de l’opinion publique, rarement, il y aura des avis contre ce pays, parce que la première technique est celle qui consiste à faire croire aux gens qu’on est là pour leur bien, qu’on a investi tous ces millions d’Euros pour payer le matériel et les journalistes, parce qu’on est magnanime et on est très préoccupé par leur besoin d’être informés. Et lorsqu’un ministre de la République, dans son bureau, est branché pour s’informer non pas à la radio que son gouvernement gère, mais à une radio étrangère construite sur mesure pour lui, c’est un signe de faiblesse, d’allégeance, car il a déjà fait un choix, ou mieux, on l’a poussé à faire un choix et ce choix c’est celui indiqué à son subconscient d’être le bon. Il a préféré le choix de la facilité, et plutôt que de mettre les moyens conséquents pour que sa propre radio, sa télévision, sous son commandement soit à la hauteur de lui fournir les informations dont il a besoin, il croit plus facile de s’abreuver à la source qu’il lui a gentiment tendue. Ce qu’il oublie, c’est que dans les relations entre les Etats, il n’existe pas de cadeau gratuit. Ces gouvernants se rendent compte souvent très tard lorsqu’ayant tenté de prendre un semblant d’autonomie de décision, c’est cette même radio qui va conduire le lynchage médiatique avec des adjectifs qui ont été préparés depuis de longues dates : dictature, régime, etc.  Des pays comme la Chine ou la Russie ont trouvé la parade et c’est tout simplement de brouiller les ondes de tout média étranger qui cherche à s’adresser directement à sa population.

  • Les journalistes espions

En Occident, il existe une pratique que le grand public ne songe pas, c’est symbolisé par un mot aussi innocent qu’insignifiant, c’est le mot BRIFFIENG. Le «Briefing» consiste pour la plupart des pays occidentaux de recevoir tous leurs journalistes qui ont été sur un théâtre de guerre ou qui ont tout simplement été dans un pays étranger cible, pour se faire raconter tout ce qu’ils pensent avoir vu ou entendu et qui peut être utile pour leur pays. Il y a presque partout une cellule du service de renseignement qui rencontre ces journalistes pour avoir leurs dépositions. C’est très souvent un travail gratuit que les journalistes font par pur patriotisme. Par ailleurs, lorsqu’on observe bien toutes les crises au niveau mondial, on constate très vite qu’il n’y a jamais une divergence de pensée entre les positions officielles du gouvernement d’un pays occidental et ses médias. Il suffit de voir dans les élections présidentielles russes de 2012, mais aussi la crise ivoirienne, où la décision unanime de l’Union européenne (chose très rare) de soutenir un des candidats, dès le lendemain ; ce sont toutes les radios, télévisons et tous les journaux publics et privés (sans exception) à peintre l’autre candidat de tous les maux. Et toujours d’ajouter : «Gbagbo qui a perdu les élections et qui s’accroche au pouvoir». Ce qui est plutôt curieux pour des pays qui donnent au monde entier des leçons de liberté de la presse. Pour comprendre la gravité de cette connivence entre journalistes et politiciens, il suffit d’imaginer si après les élections au parti politique français de droite l’UMP, on décrivait Copé à l’unanimité comme : «Copé qui a perdu les élections et qui s’accroche au pouvoir». Comme minimum, ce serait suspect et dans tous les cas, cela nous indique clairement que personne sur cette planète ne peut donner des leçons de la liberté d’expression. Ces journalistes avaient-ils été libres d’écrire sur la guerre en Libye ? Puisque tous leurs commentaires n’étaient que des dépêches provenant des instances militaires. Cela ne surprend donc plus personne lorsque l’institut italien Indymedia communique le résultat d’une enquête et rendue publique par le journal en ligne Giornalettissimo du 1er  mars 2012, selon laquelle, 80% des journalistes italiens sont payés par les services secrets intérieurs. Alors que la loi numéro 801 de 1977 interdit tout rapport entre les journalistes et les services secrets. D’autres sont payés par les services secrets étrangers. Le cas le plus curieux de journaliste espion, reste l’Italien Giuliano Ferrara qui avait surpris tous les Italiens de son passage de l’extrême gauche où il a milité pendant des dizaines d’années dans «Lotta Continua» vers l’extrême droit et ardent défenseur de Silvio Berlusconi, et salarié comme directeur du quotidien Il Foglio de la famille Berlusconi. Il confessera lui-même que pendant toutes ses longues années de  militantisme dans l’extrême gauche, il n’était qu’un infiltré de la CIA, les  services secrets étrangers américains. Lorsqu’en septembre 2011 les archives de la guerre froide de la MI6, les services secrets britanniques étrangers, sont déclassifiés et rendus publics, on découvre que les Américains avaient décidé qu’il n’y aurait aucun changement de gouvernement en Italie et pendant 60 ans, ce sont les mêmes 5 partis qui ont formé la coalition du gouvernement. Pour y parvenir, les Américains avaient chargé les Britanniques de s’occuper du problème. Les services secrets britanniques ont écarté toutes les autres pistes et se sont focalisés sur les meilleurs journalistes proches de l’opposition, qu’ils ont recrutés et payés très chers pour convaincre l’opinion publique italienne que rien n’était plus dangereux que de tenter d’envoyer les communistes au pouvoir. Ce qui est curieux c’est que cette liste de journalistes était surtout faite d’intellectuels dits de gauche, c’est-à-dire des personnes proches de ce parti communiste qui ne devait pas arriver au pouvoir.  Sur la liste rendue publique par le journal de la famille Berlusconi  Il Giornale dans son édition du 09 septembre 2011, on découvre ces noms de journalistes : Arrigo Levi, Domenico Bartoli, Mario Missiroli,  Paolo Murialdi, Luigi Albertini,  Jader Jacobelli, Gaetano Afeltra, Luigi Barzini et le très célèbre Norberto Bobbio. Tous des sommités journalistiques que le système a bien sûr largement popularisées.

  • Des services secrets inquiétants

Dans chaque pays du monde, en posant la simple question de savoir comment s’appellent les services de renseignement des cinq pays membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies : Chine, France, Royaume Uni, Russie et USA, on peut être certain que presque tous sauront nommer ceux des pays occidentaux, beaucoup moins sur les services chinois et russes. La raison tient moins à l’efficacité ou à l’activisme  de ces services, mais plutôt à une forte propagande pour soigner leur image de marque auprès de l’opinion publique, le système mensonger démocratique oblige. C’est plutôt curieux pour des services qui doivent par définition, rester discrets. D’autres personnes pensent par erreur qu’avec la chute du mur de Berlin, l’espionnage est terminé et que seuls les services des pays supposés les gagnants de la guerre froide triomphent sur les autres, d’où leur plus grande popularité. Ce qui n’est pas vrai. Au contraire, ce sont des services qui brillent par leur inefficacité, leur amateurisme et pire encore, leur goût prononcé pour l’argent et la conséquente mutation vers le crime organisé. Passant ainsi d’un organe qui aurait dû protéger les pays occidentaux des potentiels ennemis externes et internes à des parfaits délinquants. Examinons les situations dans différents pays :

  • En Italie

Le 4 août 2011, le ministre italien de l’Economie et des Finances Giulio Tremonti est convoqué au tribunal de Rome par le Magistrat Giovanni Ferrara qui veut en savoir plus sur les accusations que le ministre avait proférées quelques jours auparavant à travers le quotidien italien, «La Republica», disant qu’il était obligé de vivre caché en location chez un ami, parce qu’il ne se sentait pas en sécurité, qu’il avait peur pour sa vie parce qu’il savait qu’on l’espionnait, qu’il était suivi dans la rue et contrôlé dans tous ses mouvements. Il avait peur des services secrets de son pays. Le ministre avait ainsi expliqué au Magistrat pourquoi il a avait cessé d’habiter au camp militaire de la brigade financière, les militaires spécialisés à la lutte contre la délinquance financière comme le blanchiment d’argent de la mafia, l’évasion fiscale et la corruption des politiciens. C’est cette brigade qui assure en Italie l’escorte et la sécurité des ministres de l’Economie et des Finances 24heures sur 24. Donc, seuls les services secrets pouvaient défier aussi ouvertement le corps très respecté de la brigade financière. L’intrigue est devenue plus inquiétante, lorsque convoqué par la commission parlementaire du contrôle sur les services secrets COPASIR, le directeur du service d’information et du renseignement (services secrets italiens), Gianni de Gennaro a affirmé devant cette commission qu’il n’en savait rien, que les services secrets italiens n’étaient pas à l’origine de l’observation du ministre. Ce dernier qui ne manque pas d’ironie a fait cadeau au magistrat de son livre écrit en 1998 avec un titre tout aussi évocateur : «L’Etat Criminogène», pour dénoncer les actes délictuels des organes officiels de l’Etat italien. Le côté comique de cette histoire arrive lorsque le magistrat demande au ministre chargé de lutter contre la corruption des fonctionnaires et politiciens, comment est-ce possible qu’il ait payé seulement 4.000 € de location par mois à son ami alors que le précédent locataire payait plus du double : 8.500€ ? En d’autres termes, le magistrat voulait savoir quelle faveur a-t-il donné en échange d’une telle largesse ? La réponse du ministre a surpris même les journalistes qui ont reporté la déposition : «4000€ c’est la partie officielle de la location, la différence était versée au noir». Pour comprendre la gravité de ces propos, il faut rappeler que le ministre est celui qui commande la brigade financière, qui elle, lutte contre l’évasion fiscale.

  • Au Portugal

Le plus grand espion portugais de tous les temps s’appelle Jorge Silva Carvalho. Il a dirigé le Service d’Information Stratégique de Défense (SIED, le renseignement portugais) pendant des années. En 2010, il quitte le SIED pour un poste plus juteux dans un groupe de presses et télécommunications dénommé : ONGOING. Il est tout simplement ainsi récompensé de toutes les informations croustillantes sur les personnalités portugaises de premier plan qu’il a fournies aux journaux du groupe pendant qu’il dirigeait les services secrets. Des informations à scandale qui ont pendant longtemps fait la une de ces journaux créant à chaque fois le scoop et le buzz, ce qui a été un succès commercial garanti dans le secteur. Selon les informations publiées le 26 mai 2012 par l’hebdomadaire portugais Visao, pendant qu’il dirigeait les 007 portugais, Jorge Silva aurait mis au point une liste bien élaborée et complète sur les mœurs intimes et les fréquentations de chaque politicien portugais. Ceci lui permettant de faire chanter qui il voulait et quand il le désirait. C’est ainsi que lorsque la droite arrive au pouvoir en 2011, c’est bien Jorge qui fait la liste des personnes qu’il souhaite voir dans le gouvernement. Et ses vœux sont très vite exaucés. Selon le journal portugais PUBLICO, les tentacules de l’ancien 007 vont jusqu’au numéro 2 du gouvernement portugais, le ministre Miguel Relvas, à qui Silva a bonnement tendu la liste de ses amis à recruter au gouvernement. Lorsque la journaliste de Publico a fait remarquer que le ministre avait menti sur ses relations avec Silva qu’il prétendait ne pas connaître, il l’a tout simplement menacée la journaliste de révéler des informations intimes sur sa vie privée. C’est le vice du ministre de Relvas, un certain Adelino Cunha qui n’a pas tenu dur longtemps et a vendu la mèche. Il a reconnu les relations entretenues avec l’ex 007 et donné sa démission, immédiatement acceptée par Relvas. Le Premier ministre lui-même est resté muet, de peur de quoi ?

  • En Chine

Comment fonctionne le très discret service de renseignement chinois ? Il est très difficile de le dire, parce que tous leurs agents sont strictement chinois et utilisent une codification spéciale en langue chinoise qui pour être lue, a besoin qu’on maîtrise environ 9.000 mots. Pour savoir donc comment marchait avant  le Shihuibu (Service de renseignement extérieur chinois) et le Gonganbu (Service du renseignement intérieur au Ministère de l’Intérieur, et responsable aussi du contre-espionnage), et leur successeur à partir de 1983, le Guojia Anquanbu (Ministère de la Sécurité d’ État, chargé du renseignement extérieur et du contre-espionnage) il a fallu attendre que les archives du service secret de l’Union Soviétique, le KGB, soient déclassifiés pour découvrir les techniques utilisées. Comme par exemple, l’envoi à l’étranger de faux dissidents qui vont clamer haut et fort qu’ils ont été torturés dans les prisons chinoises et qu’ils demandent l’asile politique en Occident. Par exemple, dans le rapport annuel d’activité du KGB, (déclassifié) n° 709-A du 30/03/1976, pour les activités du KGB pour toute l’année 1975, on cite le nom de deux agents du renseignement chinois identifiés par le KGB parmi les personnes fuyant la Chine, et le détail des missions que ces 2 espions devaient accomplir à l’étranger. Les différents rapports qui vont suivre parlent de la même technique, comme le rapport n°728/A-OB du 10/04/1982 pour l’année 1981, qui cette fois-ci, cite 7 agents du renseignement chinois identifiés, parmi les personnes prétendument fuyant la misère en République populaire de Chine, cette fois-ci, les espions chinois se seraient mélangés dans la masse des sans-papiers venus des pays pauvres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. Le rapport n°547-Tch/OB du 15/03/1983 pour l’année 1982 parle lui de 10 espions chinois identifiés par le KGB utilisant la même méthode.

  • Les Africains sont-ils plus libres de circuler que les Européens ?

Contrairement à une certaine idée reçue, il est plus facile pour un Africain avec un passeport africain de circuler librement dans le monde entier en dehors de l’Occident que pour un Européen. Par exemple, avec un passeport européen, il faut un visa obligatoire pour se rendre dans tous les pays de l’Afrique de l’Est. Et pour limiter les activités d’espionnage des Européens arrivant à la création des rebellions sur commande, même avec le visa, les Européens ont l’interdiction formelle d’accéder à plusieurs zones de ces pays, sinon avec un permis spécial. C’est par exemple en vertu de ces restrictions que deux journalistes suédois, le supposé reporteur Martin Schibbye et le supposé photographe Johan Persson ont écopé de onze ans de prison ferme par le tribunal d’Addis-Abeba pour être entrés en Ethiopie sans visa et reconnus coupables le 21/12/2011 pour avoir été en plus arrêtés dans une zone interdite aux Occidentaux, lesquels sont soupçonnés de financer le terrorisme en Ethiopie à travers les rebelles du Front National de Libération de l’Ogaden (ONLF). L’accusation qui avait demandé 18 ans et demi de prison avait montré durant le procès une vidéo dans laquelle les présumés journalistes étaient avec les armes au poing, prêts à faire feu. Le juge Shemsu Sirgaga avait conclu la lecture de sa sentence de 11 ans de prison ferme avec ces mots : «Cette peine remplit l’objectif de paix et de stabilité». C’est tout dire sur la lutte contre l’espionnage occidental visant à déstabiliser l’Ethiopie pour la punir d’avoir mis le cap sur Pékin avec son taux de croissance de 13% en 2011, alors que l’Occident l’annonçait moribond. Après les vaines protestations de l’Union européenne à travers la voix du  chef de la diplomatie européenne Mme Catherine Ashton, ajoutées aux indignations des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, dans une dépêche de l’AFP du 27/12/2011, Bereket Simon, porte-parole du gouvernement éthiopien, s’est moqué de ces accusations, disant qu’elles venaient des «mêmes organisations qui ne s’intéressent qu’à un changement de pouvoir politique en Ethiopie et ailleurs en Afrique. Nous avons l’impression que ces personnes ne comprennent pas le concept d’Etat de droit. Le processus judiciaire ne peut pas et ne doit pas prendre fin parce que quelqu’un en Europe a ordonné à l’Ethiopie ou à son administration judiciaire de l’interrompre.» L’Inde délivre un visa de 6 mois aux Occidentaux, mais limite leur circulation dans le pays. Il y a des régions entières où pour y accéder, les Occidentaux ont besoin d’un permis spécial et il faut qu’ils soient accompagnés. L’Indonésie délivre aux Occidentaux un visa de 30 jours non renouvelable. Si le citoyen d’un pays européen veut résider 3 mois en Indonésie, il doit sortir 2 fois, après chaque 30 jours pour aller prendre un nouveau visa dans son pays d’origine et retourner pour répéter l’opération. Pire, ils ne peuvent pas circuler librement sur tout le territoire indonésien. Il leur est interdit l’accès dans plusieurs régions comme par exemple l’Irian Jaya  et Bornéo. En Malaisie, si vous avez un passeport européen, vous ne pouvez pas vous rendre dans la région de Sarawak. À moins d’être en possession d’un permis spécial délivré par le ministère de la Sécurité Intérieure. Qu’ils soient étudiants, hommes ou femmes d’affaires, les Africains ont plus de liberté de circulation dans plusieurs pays du monde que les Occidentaux, surtout, il n’y a pas de restriction à leurs mouvements dès lors qu’ils sont en possession des visas, là où c’est nécessaire. Et si cette situation trahissait plutôt le fait que personne ne prend au sérieux les espions africains ? En d’autres termes, que valent les services secrets africains pour ne susciter aucune crainte ?

  • Que valent les services de renseignement africains ?

Hors mis l’Algérie, qui confrontée au terrorisme islamiste le plus violent d’Afrique, a aujourd’hui les meilleurs services de renseignement du continent africain, les services de renseignements de la quasi-totalité des pays africains est à l’image des services britanniques et français qui les ont formés, c’est-à-dire médiocres, de vrais cancres. Il existe plusieurs paramètres pour juger de l’efficacité des services de renseignement d’un pays comme par exemple, sur le plan intérieur, de la capacité de ce pays à faire la lumière sur des crimes et délits, c’est-à-dire par le taux d’élucidation des crimes et délits dans ce pays. Prenons l’exemple de la France. Pour savoir si elle est en mesure de former convenablement les services de renseignement africains, nous devons voir comment ce service sert à la même France. Les crimes et délits peu élucidés en France. Dans la lettre ouverte que j’avais écrite au président français en 2010, Nicolas Sarkozy (voir Tome1), sur le racisme d’Etat en France contre les Africains, je dénonçais l’acharnement contre les Africains des banlieues stigmatisés comme tous des trafiquants de drogue et invitais le chef d’Etat français à faire travailler ses services secrets pour enfin l’informer du fait que dans le trafic de drogue ce n’est pas le petit détaillant qui compte, ce n’est pas le minuscule pusher à l’angle de la rue qui importe, puisqu’il est vite remplacé lorsqu’il est arrêté, mais surtout le grossiste, l’importateur, le raffineur, le gros bonnet qui très souvent est une entreprise qui investit à la bourse. Et pour le savoir, seul le service de renseignement intérieur est outillé pour dire effectivement qui fait quoi. Que constatons-nous ? Que les services de renseignement français n’arrivent pas à venir à bout du trafic de drogue à Paris ou à Marseille où des quartiers entiers sont interdits d’entrée à la police. Et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls devenir le politicien le plus populaire parce qu’il a fait comme tous les autres, de la communication. Il crée des unités spéciales, etc. alors qu’il aurait fallu que les services de renseignent disent qui fait quoi, qui gagne combien et comment ? pour démanteler les réseaux aussitôt qu’ils se forment. La Corse est réputée la région la plus violente de toute l’Union Européenne, même pire que la Sicile. On a vu le ministre de l’intérieur Manuel Valls accuser un citoyen Corse de savoir plus que l’Etat sur les homicides sur l’ile. C’est un aveu de l’inefficacité des services de renseignement intérieurs. Ce qui est absurde puisque le ministre est celui qui dès lors qu’il avait identifié une telle cible, potentielle source d’information utile, plutôt de l’accuser sans preuve, aurait dû charger ses services de renseignement, pour obtenir tout ce que pouvait savoir ce citoyen et même plus. Quelques années auparavant, on était même arrivé à l’impensable où les gendarmes ne sachant comment coincer un présumé malfrat étaient arrivés au point d’incendier eux-mêmes des pagodes sur la plage. Et pour mettre la cerise sur le gâteau de la bêtise humaine, un des gendarmes avait été brûlé par le feu que lui-même avait allumé dans la nuit. Dans l’incroyable cafouillage de l’affaire Merah, cet islamiste présumé agent-double français qui avait pendant des semaines abattu d’abord des militaires français dans la rue et ensuite les enfants et parents dans une école juive de Toulouse, on a là une autre preuve de la navigation à vue des services de renseignement français. Il est plus utile pour nous de comprendre les raisons de l’incompétence de services français pour en tirer des conclusions pour l’Afrique, puisqu’il est prouvé que les pays africains de langue française ont copié bêtement un modèle français qui est perdant sur tous les plans. Le service de renseignement pour être efficace doit se baser sur des informations fiables, sur la connaissance des citoyens. Or en France, l’Etat ne connaît pas ses citoyens. Et cette méconnaissance se fonde sur 2 failles principales :

Absence totale du registre des citoyens tenu par la mairie. L’efficacité des services de renseignement dans les pays européens comme l’Allemagne, L’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, Suisse, etc. vient du fait que tous ces pays tiennent dans chaque mairie, un registre des populations. Chaque citoyen qui réside dans une commune a l’obligation de s’inscrire sur ces registres. Et lorsqu’on change de résidence, on est obligé dans un délai très bref de s’enregistrer dans sa nouvelle mairie. Cette dernière fait deux opérations : envoyer un vigile de la police municipale pour vérifier que ce que le citoyen a déclaré correspond à la vérité. Si c’est vérifié, la mairie envoie une note à sa mairie de provenance pour faire effacer ce citoyen dans son ancienne commune et se faire envoyer tout son dossier dans la nouvelle commune. Sans cela, le citoyen ne peut pas avoir accès par exemple aux services sociaux, à l’inscription des enfants dans une école publique ou privée. Il ne peut pas signer un contrat d’électricité ou de téléphone. C’est ce fichier qui est la base du travail sérieux de tous les services de renseignement des pays cités. En France, un tel registre n’existe pas. La Caisse d’Allocation Familiale (CAF) qui offre les prestations sociales est complètement déconnectée de la mairie, qui elle est déconnectée du registre des contribuables tenu par le fisc. Ainsi, les services de renseignement sont privés d’instrument primaire pour l’activité de veille d’où émerge qu’un citoyen qui effectue un certain métier mène un train de vie incompatible avec le niveau de revenu attendu pour une telle profession. Sans cela, c’est une complète navigation à vue. Il y a 2 raisons du manque de la tenue du registre de la population en France, la première vient du fait qu’il existe dans ce pays une véritable insulte à la prétendue démocratie appelée «cumul des mandats» qui fait que les maires sont en même temps députés au parlement ou sénateurs, mais aussi ministres, comme ça ne suffit pas, ils sont aussi présidents des conseils régionaux. Ce qui veut dire qu’ils ne pourront jamais avoir le temps pour gérer leurs mairies de façon efficace dans le modèle décrit avant, avec le registre de la population qui devient le centre même de l’organisation administrative d’un pays. La deuxième raison beaucoup plus triste vient d’une plaie de la deuxième guerre mondiale où on s’est basé sur un tel registre mis en place par l’ordonnance allemande du 27  septembre 1940, pour les seuls Juifs, qui a ensuite servi pour effectuer des rafles de ces juifs, notamment la rafle du Vélodrome d’Hiver le 16 juillet 1942, communément appelée «rafle du Vel’ d’Hiv» où le régime de Vichy en une seule journée avait mobilisé pour la seule ville de Paris 9.000 policiers et gendarmes pour aller traquer dans chaque maison comme résultant du registre des populations juives, tous les juifs de la capitale française. À la fin de la journée, la moisson est conséquente : 13.152 Juifs arrêtés dont 4115 enfants, selon les chiffres officiels de la préfecture de Paris. Tous déportés pour être brûlés dans les fours crématoires. À la fin de la guerre en 1945, aucun de ces 4.115 enfants n’avait survécu, contre une centaine d’adultes qui furent sauvés. 70 ans après, la France n’a toujours pas surmonté ce traumatisme et la seule idée de constituer un registre de la population rend allergique les plus âgés qui savent ce qu’on en a fait. Manque de recensement. Lorsqu’on pose la question : la France compte combien d’habitants, on a deux organes de l’Etat qui fournissent deux réponses différentes et contradictoires. Par exemple pour connaître le nombre de la population française le 1er janvier 2012, l’INSEE, l’Institut National de Statistique donne le chiffre de 65,35 millions de français alors que le Décret n°2011-1994 du 27 décembre 2011 paru au Journal Officiel  JORF n°0301 du 29 décembre 2011 page 22580 texte n° 36, parle plutôt de 64,30 millions de français. Ce cafouillage vient du fait qu’à cause du manque d’argent, la France est le seul pays au monde à ne pas frapper à chaque porte pour recenser sa population. Selon un rapport parlementaire de 2008 et rendu public par le journal Le Monde du 31/07/2012, le dernier recensement qui a démarré en 1990 et qui aurait dû se terminer en 5 ans, en 1995, ne s’est achevé que 9 ans plus tard en 1999, à cause notamment du manque du registre des populations (dont nous avons parlé plus haut). Ce dernier recensement, selon le rapport, a mobilisé 100.000 agents et coûté 180 millions d’Euros, argent que l’Etat français n’a plus. Voilà pourquoi à sa place, on a tout simplement remplacé le comptage des populations en une chose bizarre qu’ils appellent là-bas «recensement par sondage». Et qui consiste à aller dans chaque commune, choisir 8% des maisons et aller compter les occupants de ces maisons, voir leur évolution au bout de 5 ans et l’extrapoler à la population totale selon un paramètre qui reste secret vu l’absurdité de la méthode et dont tout le monde se moque en appelant «secret défense». La France est le seul pays au monde à chercher un tel raccourci contesté par ses propres mairies, tous les autres pays restent sur le modèle recommandé par les Nations-Unies du comptage intégral de la population. Dans ces conditions, on comprend dès lors les lacunes de certains services de renseignement en Afrique qui ont tout simplement copié le modèle qu’ils croyaient excellent du maître. Ce qu’ils ne savaient pas était qu’il leur était plus profitable de repartir de zéro, plutôt que de copier les tares des autres, parce qu’il arrive souvent que le maître soit plus cancre que l’élève.

  • Quelles leçons pour l’Afrique ?

Le service de renseignent est tout d’abord l’expression d’un patriotisme. Les Africains ont été pour la plupart formatés pour se dénigrer eux-mêmes, dénigrer leur pays, dénigrer leur continent. Et voir comme un paradis tout ce qui vient surtout de l’Europe. Lorsqu’on envoie un adolescent de 16 ans étudier en Europe, c’est un espion potentiel du pays de destination qu’on est en train de préparer. C’est ce qui va expliquer que les diplômés des grandes écoles européennes qui ensuite occupent des postes importants dans l’administration en Afrique, donnent l’impression d’appliquer un agenda qui n’a rien à voir avec les besoins et les exigences de la population. C’est parce qu’ils ont été programmés depuis l’adolescence à se sentir réalisés, comblés comme être humain, par rapport à leur degré de subalternité au pays où ils ont étudié et non par rapport à un quelconque résultat concret qu’ils peuvent réaliser sur le terrain et vérifiable, ou par rapport au niveau de vie des populations sous leur administration. Pour savoir le degré d’allégeance, il suffit de se poser la question : où sont cousus les uniformes des armées et polices britanniques et françaises ? Réponse : Chine et pour des raisons économiques. La même question : où sont cousus les uniformes des armées des pays africains ? Réponse : France et Grande Bretagne. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment l’armée française pour s’habiller va en Chine pour économiser et les armées africaines se sentir si riches qu’elles vont là où fuit la France ? Wikileaks nous a démontré à quel point certains politiciens se couchaient et priaient les ambassadeurs américains de marcher sur eux. Il suffit d’imaginer une seule seconde si la réciprocité est possible pour comprendre l’absurdité d’un tel complexe d’infériorité. Imagine-t-on un ministre américain aller voir l’Ambassadeur camerounais à Washington pour mal parler de Obama ? Imagine-t-on le président américain Obama téléphoner chaque matin à l’Ambassadeur du Nigeria à Washington pour savoir ce qu’il doit faire pour son programme de la journée ? Cela démontre un manque total de patriotisme, sans lequel il ne peut y avoir un service de renseignement efficace, puisque ne reposant sur aucune base solide. En Afrique dans ces conditions de manque de patriotisme, ce sont des ministres au pouvoir qui sont des Agents des services secrets étrangers. Ce sont les oppositions qui sont aussi des Agents des services secrets étrangers. Pour le découvrir, il suffit de leur demander leur opinion sur le Franc CFA et on a la réponse. En Afrique, ce sont les journalistes qui sont des Agents de services secrets étrangers, pour le savoir il suffit de leur demander si c’est normal qu’un journaliste reçoive de l’argent des ambassades occidentales et vous aurez la réponse. Il suffit aussi ensuite de lire toutes les informations négatives qu’ils vont déverser contre leur propre pays pour comprendre pour qui ils roulent. L’Afrique doit pouvoir identifier sa population, toute sa population. Chaque pays doit mettre sur place un registre des populations dans chaque mairie. Ce n’est pas au commissariat qu’il faut établir une carte d’identité ou un certificat de résidence, mais à la mairie ou à la chefferie traditionnelle. Il faut arrêter de croire que tout ce qu’on copie en Europe est salutaire. Il existe des mauvais exemples à ne pas suivre, des mauvais choix à ne pas importer systématiquement. On a vu le comble de la bêtise humaine dans des pays comme le Gabon ou le Cameroun, jeter l’argent du contribuable par la fenêtre en mettant des milliards de Francs CFA, dans le système de la Biométrie pour, selon les partis d’opposition, avoir la seule garantie de finalement prendre leur revanche et accéder au pouvoir. Mais que peut valoir une carte électorale biométrique dans un pays où l’Etat ne connaît pas ses citoyens ? Où les communes ne disposent d’aucun registre des populations pour savoir avec précision qui habite où ? ZERO. Que vaut une liste électorale orpheline et complètement déconnectée de la mairie, sans le registre des populations résidentes ?

C’est peut-être facile de traiter les services de renseignement de nul, comme l’a fait Eric Denécé dans son livre accablant intitulé : «Les Services Secrets Français Sont-Ils-Nuls», encore faut-il se demander si ces services ont les moyens adéquats pour travailler. Si chaque maison n’est pas identifiable et identifiée avec un numéro, si chaque rue n’est pas identifiée avec un nom, les services secrets africains ne pourront pas faire des miracles avec des quartiers, des avenues, des rues qui portent les noms des bars et discothèques qui à leur tour portent des noms des pubs britanniques et des cabarets français. Les naissances et les décès doivent être enregistrés à la mairie. La mairie doit avoir la certitude du lieu de la sépulture, devant respecter des normes précises pour éviter l’incroyable scénario des villages africains violentés par l’image omniprésente de la mort, où de très nombreuses tombes clandestines cimentées remplacent les fleurs devant les maisons.

L’Afrique doit s’équiper pour assurer toutes les formations utiles à sa sécurité, à sa stabilité, à son épanouissement. Lorsqu’on regarde la liste des généraux qui ont déserté dans la crise syrienne, on ne peut s’empêcher de constater qu’ils ont tous étudié dans les pays occidentaux qui soutiennent et financent la rébellion en Syrie. Lorsque le Général Manaf Tlass, le plus haut gradé fait défection et trahit son ami d’enfance, le président Assad le 06/07/2012, il s’est mis en route pour la France, pays où il a fait ses études supérieures. Avec lui, la liste des désertions est impressionnante : le 8 mars 2012, c’est le vice-ministre du Pétrole, Abdo Houssameddine qui déserte, le 11/07/2012, c’est l’ambassadeur de Syrie à Bagdad, Nawaf Farès qui fuit pour le Qatar, il sera le premier d’une liste de 8 diplomates qui vont déserter, comme l’ambassadeur syrien aux Emirats arabes unis, Abdel Latif al-Dabbagh le 24/7/2012 avec son épouse Lamia Hariri, chargée d’affaire à Chypre, le lendemain 25/7, c’est au tour de Mohammad Tahsine al-Faqir, l’attaché de sécurité de l’ambassade de Syrie dans le sultanat d’Oman de faire défection.

À peine un mois après, le général Tlass, le nombre des généraux qui font défection passe subitement à 31, selon le décompte de l’AFP rendu public dans le quotidien français Le Figaro du 06/08/2012, jour qui correspond à la défection du Premier ministre en personne. Pour qu’il y ait une telle accélération, il est évident qu’il y a eu une régie pour tout l’organiser. Comment le savoir ? Il suffit de regarder les pays d’étude de ceux qui ont fait défection et les comparer à ceux restés fidèles : tous les déserteurs ont étudié en occident et ceux restés fidèles, ont presque tous été formés dans le pays.

La leçon de cette situation est que la sécurité de l’Afrique se construira aussi et surtout autour de la qualité de ses écoles et universités qui fera en sorte que le moins de personnes aient besoin d’aller se former hors du continent. Lorsqu’on a dans un gouvernement le 100% des ministres qui ont étudié dans un seul et même pays, il est naïf, sinon stupide de vouloir créer un quelconque conflit avec le pays où ces ministres ont étudié, parce qu’en dernier ressort, ils prendront la défense pas de leur pays qu’ils sont supposés servir, mais celle du pays où ils ont étudié, parce qu’ils en sont devenus même en bonne foi, dans leur subconscient des agents.

Nkongsamba, le 17 décembre 2012

Jean-Paul Pougala

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