Au Qatar, Emmanuel Macron met les pieds dans le plat du financement du terrorisme

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Au Qatar, Emmanuel Macron met les pieds dans le plat du financement du terrorisme

Le président emporte dans ses valises le préfet Pierre de Bousquet de Florian, directeur du Centre national du contre-terrorisme.

POLITIQUE – Autre destination, autres objectifs. Alors que sa visite en Algérie a été placée sous le signe du “travail” et de “l’amitié” avec la France, Emmanuel Macron a mis dans la soirée de ce mercredi 6 décembre le cap sur le Qatar avec d’autres ambitions, autrement plus sensibles. Dans l’Hexagone, la question des relations avec ce riche émirat est source de tensions politiques depuis plusieurs années. Depuis la vague d’attentats qui a frappé la France, son implication dans le financement de groupes islamistes est devenu un sujet récurrent de polémiques. Il faut se souvenir comment Bruno Le Maire, aujourd’hui ministre de l’Economie, exprimait en 2015 ses “doutes” vis-à-vis du Qatar et de son possible appui financier à des groupes terroristes.

Le chef de l’Etat ne dit pas autre chose. “Le Qatar et l’Arabie saoudite ont financé des groupements qui n’étaient pas les mêmes, mais qui ont de fait contribué au terrorisme”, affirmait-il dans Le Point au mois d’août. Pour autant, Emmanuel Macron n’a pas rompu les liens entre Paris et ce “pays ami”, notamment au moment de la crise du Golfe où le Qatar s’est retrouvé en conflit ouvert avec ses voisins, dont la puissante Arabie saoudite. Depuis, “le président s’est entretenu à plusieurs reprises avec l’émir du Qatar”, souligne-t-on à l’Elysée, ce qui confère à la France une image de “puissance d’équilibre et de dialogue” à Doha dans un contexte où plusieurs puissances, dont les Etats-Unis, prenaient le parti de Riyad.

Fort de cette “position médiane” et de cette approche “multi-latérale” de la géopolitique de la région, Emmanuel Macron entend passer un cap en matière de lutte contre le financement du terrorisme. C’est en tout cas ce que martèle l’Elysée, qui veut faire de ce voyage officiel une vitrine du volontarisme présidentiel en la matière.

“Lettre d’intention”

Emmanuel Macron va ainsi visiter la base américaine d’Al-Udeid, l‘un des quartiers-généraux de la coalition anti-Daech où est déployé un contingent français. Puis il sera reçu au Diwan Emiri, où il mènera “des rencontres placées sous le sceau de la lutte-antiterroriste”, insiste l’Elysée, qui affirme que “l’émir et le président ouvriront le premier dialogue de haut-niveau” consacré à cette question.

Un initiative “inédite” selon l’entourage du chef de l’Etat, dans la mesure où le préfet Pierre de Bousquet de Florian, patron de la fameuse “task force anti-Daech”, participera à cette réunion, avec plusieurs de ses collègues du renseignement français. Preuve que le financement sera à l’ordre du jour, des agents de Tracfin, le service de renseignement de Bercy, seront également du voyage, dans un contexte où la France balaie devant sa propre porte en matière de financement du terrorisme. “L’idée c’est de balayer tous les sujets liés au terrorisme, avec une coopération multidimensionnelle sur le sujet”, indique l’Elysée sans rentrer dans le détail des négociations à venir.

Toujours dans la catégorie mise en scène, cette réunion entre le cheikh Tamim al-Than et Emmanuel Macron débouchera sur la signature devant les caméras d’un MoU (Memorandum of Understanding ou “lettre d’intention” en français, NDLR) sur “la lutte contre le financement du terrorisme et de l’islam radical”, renseigne l’entourage du président. Reste à savoir ce que la France compte obtenir de ce “partenariat complet”. L’arrestation des individus qui financent à titre privé le terrorisme identifiés par les services occidentaux? Un engagement sur la réelle application des lois-antiterroriste et anti-blanchiment récemment adoptées à Doha? L’Elysée, qui insiste sur la volonté de coopération entre les deux pays, jure que la réunion ne souffrira “d’aucun tabou”.

Pour compléter cette visite placée sous le sceau de la coopération sécuritaire, Emmanuel Macron a aussi à négocier le projet de vente de 12 Rafale, lesquels font l’objet d’une option d’achat contractée au moment de la vente de 24 avions de chasse en 2015. “Cette semaine, les proches du dossier semblaient optimistes”, note L’Opinion, qui précise que cette visite pourrait également déboucher sur la signature d’un contrat portant sur la vente de centaines de véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI).

Par huffingtonpost.fr

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