Punch :Les orphelins de Kadhafi

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Il ne s’agit pas de Mohammed, l’aîné de 37 ans, seul enfant du premier mariage du Guide, président de l’organisme libyen des télécommunications, féru de nouvelles technologies et resté longtemps discret ; encore moins de Seif Al-Islam, 36 ans, architecte de formation, look de play-boy, super-patron de la Fondation Kadhafi qui joue un peu le rôle de Ministre des affaires étrangères. Il ne s’agit pas non plus de Saadi, 35 ans, le sportif qu’on surnomme le hooligan depuis son implication dans la sanglante bagarre avec l’équipe de son frère Mohammed ; ni du turbulent Hannibal qui a été arrêté à Genève pour avoir maltraité une domestique, lui qui, en 2004, s’est permis de faire 140 km/h au volant d’un bolide sur les Champs-Elysées, grillant du coup plusieurs feux rouges.
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rnEn parlant d’orphelins, ce n’est pas non plus de la « Claudia Schiffer » libyenne, Aïsha, 31 ans qu’il s’agit. La diplômée de l’Université Paris VII qui commence à faire de l’ombre à ses frères. Celle qui a écrit une thèse sur "Le tiers monde face à la légalité des actes du Conseil de sécurité", alors que son pays sortait à peine des sanctions onusiennes.

C’est vrai que leur père et tout le reste vont manquer aux enfants «terribles» aussi atypiques les uns que les autres… Si la «révolution» déclenchée dans leur pays depuis quelques semaines l’emportait sur celle instaurée par Mouammar Kadhafi depuis 42 ans maintenant.
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rnIls ne seront pas les seuls à qui va manquer le Guide. En effet, c’est à un véritable séisme que nous allons assister si ce dernier venait à perdre son pouvoir. Pas seulement que dans sa famille, mais partout en Afrique… et même au-delà.

Contrairement à la Tunisie et à l’Egypte -Seif Al-Islam a d’ailleurs eu raison de le dire –  en Libye, ce n’est pas simplement un pouvoir politique qui tangue, mais plutôt une puissance économique importante qui menace de s’écrouler. La Libye est le troisième pays producteur de pétrole en Afrique, après le Nigeria et l’Angola… Grâce aux pétrodollars, qui fructifient à vue d’œil, Kadhafi et son pays jouent, depuis plusieurs décennies, un rôle extrêmement important dans (et sur) l’économie du continent. A travers des investissements à nul autre pareil.

Mouammar Kadhafi a depuis des décennies mis l’accent sur la coopération économique avec plusieurs pays africains pour le développement du continent. C’est dans ce cadre qu’il a créé en 1990 la Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO), avec comme objectif le développement des économies africaines. A travers la LAAICO, dont le capital de base était fixé à 100 millions de dinars libyens, le volume des investissements libyens en Afrique est passé de 25 millions de dollars en 1991 à 1,5 milliard de dollars en 2008.
rnLe capital de la LAAICO est placé sous la tutelle de la Libya Africa Portfolio (LAP), qui pèse 8 milliards de dollars et qui englobe Oil Libya Holding Company, LAP GREEN Holding Co, Rascom Star – QAF, et Laptech Holding Co ltd, la Libya Africa Financial Company (LAFICO), Afriqiya (la compagnie aérienne à vocation panafricaine), la Banque sahélo-saharienne pour l’industrie et le commerce (BSIC) et Oilibya.
rnC’est surtout le secteur de l’agriculture qui bénéficie de cette manne financière par le biais de la société mixte Malibya. Doté d’un capital de 56 milliards de francs CFA, Malibya est en train d’aménager 100 000 hectares de terre sur le site de l’Office du Niger. L’objectif principal est la satisfaction des besoins alimentaires d’un pays qui compte aujourd’hui quelque 13 millions d’habitants.
rnAutre secteur bénéficiant de cette pluie de milliards libyens, l’hôtellerie. La société libyenne Lafico a racheté le célèbre Hôtel Amitié. Elle a d’ailleurs aménagé ses locaux dans cet hôtel et a investi 24 millions d’euros dans son réaménagement. La même société a aussi racheté à 6 millions d’euros l’hôtel Mariatou Palace qui est en cours de réhabilitation. Lafico a aussi racheté l’Hôtel Kempisky. La Libye, toujours dans le secteur, promet d’aménager un grand espace touristique de 7 hectares à l’entrée de notre capitale. Elle n’attend plus que l’attribution du site pour commencer les travaux.
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rnLes Libyens sont aussi très présents dans le secteur bancaire dans notre pays, par le biais de la Banque commerciale du Sahel (BCS), dont le capital se monte à 10 millions d’euros. La société nationale du tabac (SONATAM) a aussi été sauvée de la faillite par la Libye, qui l’a rachetée à 70 millions d’euros pour assurer sa relance.
rnC’est une lapalissade de dire que le Mali n’est pas le seul pays bénéficiaire des largesses de la Libye et de son Guide. Ces mêmes investissements et ce même partenariat est en cours dans plusieurs autres pays du continent, sans oublier l’approvisionnement pétrolier de certaines puissances.
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rnQue se passera-t-il alors si la révolution changeait de parrain en Libye ? Qui disait que la Grande Jamahiriya est le seul pays qui paie cash et l’un des seuls solvables dans le monde ? Il va nous manquer à tous Kadhafi et ses «folies».
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rnMakan Koné
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