En 1994, on se souvient encore de l’indignation morale des Africains appartenant aux Etats ayant en partage le CFA, après la dévaluation brutale de cette monnaie.
Et, sous le coup de la colère, se sentant méprisées et humiliées par cette volte-face de l’ancienne puissance coloniale, la rue et l’opinion africaines avaient exigé de leurs classes dirigeantes, la création immédiate de monnaies africaines, qu’elles soient continentales ou régionales. Mais entre-temps, le temps a fait son œuvre et tout s’est estompé. Cela dit, depuis 2009, entre les Etats de la CEDEAO, il existe une initiative claire et nette sur la création d’une monnaie unique vers 2020. Ce qui signifie qu’il faudra réunifier les deux zones monétaires dans l’espace CEDEAO : la zone UEMOA et la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) regroupant sept Etats disposant de monnaies différentes (Nigeria, Ghana, Cap-Vert, Gambie, Guinée, Liberia, Sierra Leone).
L’intégration ouest-africaine actuelle ne satisfait tout à fait personne
Si le rôle des experts, des technocrates est essentiel dans la création de cette monnaie unique, tout le monde convient qu’ici « seule une décision politique pourra ordonner l’exécution opérationnelle ». L’enjeu d’une telle démarche, n’est-ce pas la prospérité économique et le bien-être matériel pour les peuples d’Afrique de l’Ouest ? Mais derrière cette initiative de création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest, on ne peut éluder l’épineuse question de l’intégration politique avec la souveraineté monétaire qui lui est intimement liée.
En vérité, on a affaire à un idéal d’intégration et d’unité politique, économique, sociale et culturelle.
Or, dans les faits, cet idéal reste encore sabordé par une addition de volontés politiques occupées et impuissantes. A dire vrai, jusque-là, on a assisté au triomphe, dans l’espace CEDEAO, d’une conception « boutiquière », artisanale de l’intégration ouest-africaine. Certes, les obstacles, les difficultés qui s’opposent à la réalisation d’un tel rêve tiennent au caractère extrêmement complexe de ce projet en tant que tel.
Cela dit, le maintien pur et simple de cette dépendance néocoloniale n’est pas du tout la solution. Il faut revenir absolument aux visions inspiratrices de N’Krumah, Cheick Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo. Car la réalisation d’un tel projet incombe entièrement à la vision politique des dirigeants africains. Or, l’intégration ouest-africaine actuelle ne satisfait tout à fait personne, et les Etats dits nationaux ou multinationaux se révèlent incapables d’opérer les sacrifices nécessaires.
Il est facile de protester contre l’Occident, et d’accuser la France qui maintient et perpétue effectivement la vassalisation économique des pays de la zone CFA (Communauté financière africaine). Mais il convient de rappeler ici que, bien qu’elle ait été historiquement le modèle des Etats nationaux, la France a consenti d’ultimes sacrifices en vue de la construction européenne, en faisant tout pour éviter à l’Europe, le surplace et le déclin. Cela devrait instruire et inspirer les dirigeants ouest-africains.
Le projet de création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest est une initiative politique parfaitement conforme à l’intérêt supérieur des peuples de cette partie de l’Afrique
Or, si ce projet de création d’une monnaie unique piétine, c’est qu’aucun Etat ne veut accepter de faire les sacrifices nécessaires, renvoyant l’Afrique de l’Ouest à ses déchirures et à ses divisions historiques et politiques. Sans sacrifices, cet idéal est totalement condamné. Bien sûr, au sein de la CEDEAO, certains dirigeants croient sincèrement à cet idéal, sont conscients que la création d’une monnaie unique peut conférer à l’Afrique de l’Ouest une immense influence sur les affaires continentales, voire mondiales. Mais ils continuent de croire, de façon inconsciente, que le salut de l’Afrique de l’Ouest, est au-dehors, et non au-dedans.
Le projet de création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest est une initiative politique parfaitement conforme à l’intérêt supérieur des peuples de cette partie de l’Afrique. Mais avant tout, et en attendant, les Etats de la CEDEAO, face à cette question stratégique essentielle, et en vue de réaliser un tel projet, doivent apprendre à parler d’une seule voix. En tout état de cause, de janvier 1994 à janvier 2014, cela fait vingt ans que la zone CFA parle de frapper sa propre monnaie. Pendant combien de décennies la CEDEAO doit-elle encore attendre. Le temps que tous les Etats se mettent d’accord. Il ne faut pas rêver. Même l’Europe à laquelle nous aimons souvent indûment nous référer n’a pas attendu que tous ses Etats parlent tous le même langage avant de créer l’UE.
Pas plus qu’elle n’a attendu l’accord de tous pour créer l’Euro. Sans aucun doute, le moment est venu, pour la zone CFA de sauter enfin le pas, d’aller au-delà des discours lénifiants et de passer au concret. Pour les difficultés qui ne manqueront pas de surgir sur le parcours, elle avisera. Rome ne s’est pas construite en un seul jour et il est de notoriété publique que c’et l’hostilité de l’environnement qui forge le caractère des hommes et le destin des nations. Qu’on le veuille ou non il n’existe pas de communauté de destin sans sacrifices. Là est le véritable enjeu de la création de cette monnaie unique.
Abdoulaye BARRO
Source: LePays.bf
pues muy bien me alegro mucho esta iniciativa espero que dirigentes africanos cumpla su palabra
Belles idées!
Mais les sacrifices seront consentis par qui?
Je crains que nos dirigeants aient du cran pour affronter ces défis majeurs. Puisqu’il s’agit de tenir tête à des institutions financières adossées à la zone CFA tel le trésor français ou encore l’euro… bref c’est un réel combat contre un adversaire puissant.
Néanmoins nous restons afro-optimistes pour la réalisation de ce rêve historique et futuriste en même temps.
Bonne chance à Maman Africa,Que Dieu te protège des Rapaces d’Afrique et du monde occidental!
Pour cela, l’africain a besoin de dirigeant patriotes, intégrés courageux ayant de la vision.Bien sure avec une Afrique sans trop de traitres.
Attendons voir, si la France ne va pas torpiller le projet car la banque de France a beaucoup à perdre si ce projet abouti.
Selon le Professeur NICOLAS AGBOHOU (Docteur en sciences politiques et Docteur en Économie politique), La souveraineté politique va de pair avec la souveraineté économique plus précisément le fait de battre sa monnaie.
Selon le professeur AGBOHOU, les ÉTATS de l’UEMOA dépose chaque année plus de la moitié de leur fonds de fonctionnement a la Banque de France qui se chiffre a plusieurs milliards de CFA que la Banque de France utilise comme elle le veut sans verser aucun intérêt aux ÉTATS AFRICAINS.
La raison invoquée, est la prétendue Garantie de convertibilité du CFA en EUROS. Alors qu’en réalité c’est pas le cas.
vous avez lien youtub de la Vidéo du Professeur NICOLAS AGBOHOU A BERLIN, sur le Franc CFA avec une démonstration powerpoint implacable.
http://www.youtube.com/watch?v=P01Fq66hyts
Bonne visio pour tous ceux qui veulent savoir un plus sur comment la France contrôle l’économie de nos Pays par le Franc CFA.
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