Les Chambres africaines extraordinaires ont dénoncé, samedi 18 octobre, le manque de coopération du Tchad dans l’enquête préliminaire au procès d’Hissène Habré, l’ancien président du pays, poursuivi pour acte de torture, crime de guerre et crime contre l’humanité, des actes commis alors qu’il était au pouvoir entre 1982 et 1990. Ce tribunal spécial, mandaté par l’Union africaine et basé à Dakar, avait lancé des mandats d’arrêt contre deux complices présumés d’Hissène Habré. Mais Dakar a annoncé que Ndjamena refusait officiellement de mettre à sa disposition les co-accusés de l’ancien président tchadien.
Depuis quelques mois, Dakar et Ndjamena se livrent un véritable bras de fer sur la question du transfert de deux complices présumés d’Hissène Habré : Saleh Younous, premier directeur de la DDS (ancienne police politique de l’ancien président tchadien), et Mahamat Djibrine, dit « El Djonto », présenté comme un tortionnaire. Tous deux ont été inculpés de crime de guerre et d’acte de torture par les Chambres africaines.
Ce tribunal spécial a sollicité à plusieurs reprises les autorités tchadiennes afin d’entendre les deux hommes qui sont en détention provisoire à Ndjamena. Lorsque début octobre, le Tchad refuse officiellement de transférer les deux hommes vers Dakar, les Chambres africaines modifient leur stratégie et lancent une commission rogatoire afin de se rendre sur place pour les interroger.
Une violation de l’accord de coopération judiciaire
Mais les enquêteurs se heurtent alors de nouveau au refus des autorités tchadiennes. Raison invoquée : ces personnes sont citées dans deux autres procédures internes. Ndjamena estime donc qu’ils ne peuvent pas être remis au tribunal spécial.
Les Chambres africaines dénoncent une « fuite en avant ». « Ndjamena viole l’accord de coopération judiciaire » signé en juillet 2012, s’agace un membre de ce tribunal. L’audition des deux hommes aurait permis, selon une autre source, de donner « des éclaircissements sur ce qui s’est passé au sein de la DDS ».
Par RFI