Procès Hissène Habré : prison à vie pour l’ex-président tchadien

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Hissène Habré, escorté par des militaires après avoir été entendu par un juge, le 2 juillet 2013 à Dakar. AFP PHOTO / STRINGER
La sentence est tombée : l’ancien président tchadien Hissène Habré est condamné à la prison à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires.

Le tribunal spécial africain qui juge l’ex-président tchadien Hissène Habré à Dakar pour crimes contre l’humanité l’a reconnu coupable de viols, a déclaré lundi le président de la Cour, le magistrat burkinabé Gberdao Gustave Kam.

Habré, coupable de crimes contre l’humanité et crimes de guerre

Le tribunal « a été convaincu » par le témoignage de Khadija Hassan Zidane, qui avait affirmé pendant le procès avoir été violée par Hissène Habré, a indiqué M. Kam lors de la lecture du verdict, faisant état de « rapports sexuels non consentis à trois reprises et un rapport buccal non consenti ». Le tribunal spécial africain qui juge Hissène Habré à Dakar pour crimes contre l’humanité a entamé lundi matin la lecture de son verdict, au terme d’un procès inédit censé servir d’exemple en Afrique, un quart de siècle après la chute de l’ex-président tchadien. Poursuivi pour « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture », Hissène Habré a dirigé le Tchad pendant huit ans (1982-1990), avant d’être renversé par un de ses anciens collaborateurs, l’actuel président Idriss Déby Itno, et de se réfugier au Sénégal en décembre 1990.

 

La fin d’une longue attente pour les victimes

Arrêté le 30 juin 2013, il est jugé depuis le 20 juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), qu’il récuse et devant lesquelles il refuse de s’exprimer ou de se défendre. Une commission d’enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous Hissène Habré à quelque 40 000 morts. Le président du tribunal spécial, le magistrat burkinabè Gberdao Gustave Kam, a ouvert la séance peu avant 10 h 30 (locales et GMT), rappelant les éléments du dossier et le déroulé du procès, marqué par l’audition de « 96 victimes, témoins et experts ».

 

Comme depuis le premier jour du procès, où il avait été amené de force à l’audience, le prévenu, en boubou et turban blancs, le regard caché par des lunettes noires, restait impassible lundi. Conformément à ses instructions et à son attitude depuis l’ouverture du procès – qui a conduit les CAE à désigner trois avocats commis d’office pour assurer sa défense -, les conseils choisis par Hissène Habré n’étaient pas présents. Les avocats commis d’office et ceux des parties civiles assistaient en revanche à l’audience, de même que des défenseurs de droits humains, et des partisans de l’accusé, dont des proches, dans une salle plus clairsemée qu’à l’ouverture du procès. À la clôture des débats, le 11 février, la défense a plaidé l’acquittement. L’un des avocats commis d’office, Mbaye Sène, a assuré à l’AFP attendre « le verdict avec beaucoup de sérénité », estimant avoir établi l’innocence de Hissène Habré et concluant à « l’impossibilité pour l’accusation et les parties civiles de prouver sa culpabilité ». Le procureur spécial, Mbacké Fall, avait réclamé la prison à perpétuité contre le président tchadien déchu, « véritable chef de service » de l’appareil de répression sous son régime, en particulier la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), la police politique.

Le Point Afrique – Publié le 30/05/2016 à 13:52

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