Procès de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara et compagnons : vers l’élucidation d’une affaire judiciaire trentenaire ?

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Demeurée trop longtemps au frigo de la justice Burkinabé, l’affaire judiciaire concernant le meurtre de l’ex président du Pays des hommes intègres, en la personne du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons, a finalement été décongelée le 11 octobre 2021 avec l’ouverture du procès par le tribunal militaire de Ouagadougou.

Mais ce grand ouf de soulagement fut de courte durée, et pour cause. À peine ouvertes que les audiences surmédiatisées ont été aussitôt renvoyées à la date du mardi 26 octobre 2021, à la demande des avocats de la défense qui prétextent n’avoir pas eu assez de temps pour se préparer convenablement. Il convient cependant de rappeler que comme lors de la première ouverture du procès , la deuxième s’est faite en l’absence des deux grandes figures de proue dont les noms figurent dans la nomenclature des quatorze prévenus sur le banc d’accusation qui n’ont pas daigné répondre à l’appel de la justice Burkinabé, contrairement au général Gilbert Diendéré. Il s’agit notamment de l’ex-président Blaise Compaoré, non moins nouveau citoyen ivoirien, et Hyacinthe Kafando, ex chef de la sécurité de Blaise Compaoré en 1987. Des absences plus que significatives pour la majorité des observateurs, qui n’ont jamais eu de cesse de dénoncer le caractère politique et sournois du procès. Nonobstant, l’entame de la phase d’audition des accusés a suscité beaucoup d’espoir avec les aveux de l’agent et chauffeur dans la sécurité du président Compaoré en 1987, Yamba Elysée Ilboudo, le premier des quatorze accusés à la barre.

Sur tout un autre plan, ce jugement intervient dans un contexte tumultueux au Burkina Faso du légendaire visionneur feu capitaine Thomas Sankara. Entre insécurité grandissante, virulente dissension sociopolitique et vagues de manifestions contre l’ex puissance coloniale pointée du doigt sans ambages dans cette affaire macabre survenue le 15 octobre 1987 lors d’une réunion au siège du conseil national de la révolution à Ouagadougou. On peut logiquement être à même d’espérer que les 20.000 pièces de l’épineux dossier permettront de rendre définitivement justice à la famille des victimes qui ne se sont jamais lassées d’en réclamer contre vents et marées durant les 34 dernières années. De toute façon, quel que soit le verdict du procès qui a réellement démarré le 26 octobre  passé, le charismatique jeune capitaine et ses compagnons lâchement assassinés auront été réhabilités par l’histoire mais également par l’Afrique toute entière. Hissé à la même longueur d’onde qu’un certain Victor Hugo qui disait « Grand homme si vous voulez avoir raison demain, mourrez aujourd’hui avec vos convictions », Thomas Sankara, l’idole incontesté de l’actuelle jeunesse africaine, avait bien assimilé cette assertion à l’instar d’ailleurs d’un Modibo Keita, Kwame N’Nkrumah, Patrice Lumumba.

 

Ousmane Tiemoko Diakité

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