Au Sénégal, le procès en appel de l’ex-président tchadien, Hissène Habré, a débuté, ce lundi 9 janvier, devant les Chambres africaines extraordinaires. En première instance, l’ex-président tchadien avait été condamné, en mai, à la prison à perpétuité. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de rejuger le fond du dossier, mais de savoir si le droit a été respecté. Hissène Habré a été reconnu coupable de crimes de guerre, contre l’humanité, tortures et viols. Il avait dirigé le Tchad, entre 1982 et 1990. L’accusé n’est pas obligé de se présenter en salle d’audience, selon le président du tribunal. De toute façon, il s’était muré dans le silence, lors du premier procès. Ses avocats, commis d’office, sont, eux, bien présents et c’était à eux de s’exprimer ce lundi.
« Mesdames, messieurs, veuillez vous asseoir ».
Dans la salle n°4 du tribunal de Dakar, trois petites heures ont suffi aux avocats de la défense pour exposer leurs arguments.
Premier à prendre la parole, Maître Gningue a demandé l’annulation de la condamnation, car, a-t-il expliqué, l’un des juges, lors du premier procès, n’avait pas les dix ans d’ancienneté exigés.
« Cela nous a conduits à vous demander de considérer que la décision du 30 mai était une décision nulle et non avenue », a-t-il déclaré.
Maître Mounir Balal est allé sur un autre terrain, celui des faux témoignages. L’avocat accuse les juges, en première instance, d’avoir poussé Khadija Hassan Zidane à accuser Hissène Habré de viol. Pour lui, ce témoignage est « invraisemblable ».
« C’est une histoire à dormir debout. C’est totalement invraisemblable. L’accusé n’a nullement bénéficié des garanties et ce qui nous est arrivé, à nous, ici, dans le procès Habré, ne serait jamais arrivé à la CPI [Cour pénale internationale]», a-t-il soutenu.
Maître Mabye Sene a bouclé cette journée d’audiences dans une salle totalement vide. Il a demandé l’acquittement d’Hissène Habré.
« Jugeant à nouveau, vous vous rendrez compte qu’aucune preuve de la culpabilité du président Habré n’a été rapportée dans ces faits et vous l’acquitterez purement et simplement en le renvoyant à sa famille. Je vous remercie », a-t-il plaidé.
Le président du tribunal – qui a décidé que la présence d’Hissène Habré n’était pas indispensable – a convoqué toutes les parties, mardi à 9h00. Ce sont les avocats des victimes qui auront la parole.
Publié le 09-01-2017