Cameroun-présidentielle : Sans suspense

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Les Camerounais votaient hier lors d’un scrutin présidentiel à un tour qui a commencé en retard dans la plupart des 24.000 bureaux et dont le vainqueur probable sera le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Biya, qui brigue à 78 ans un sixième mandat, a face à lui 22 autres candidats dont son opposant historique John Fru Ndi, son seul véritable challenger.

“J’ai l’impression que les choses se déroulent dans le calme malgré le léger retard”, a affirmé Noa Etienne, un professeur de mathématiques, premier à voter au bureau d’Ekié à Yaoundé avec un peu plus d’une demi-heure de retard sur l’heure prévue d’ouverture des bureaux à 08h00 (07h00 GMT). Des retards plus importants ont été enregistrés à Douala, la capitale économique, où le vote n’avait pas encore commencé dans certains bureaux en fin de matinée. Paul Biya, que ses adversaires accusent d’avoir verrouillé l’élection à son avantage, a voté peu avant midi à Yaoundé et défendu la commission électorale Elecam (Elections Cameroon), “un organisme jeune qui a beaucoup fait”. “Je demande qu’on soit indulgent vis-à-vis des imperfections éventuelles mais il n’y a aucune volonté de fraude”. “Nous sommes pour la transparence, pour des élections libres afin que les Camerounais choisissent qui doit conduire leur destin. J’attends de voir qui sera élu”, a ajouté le président. Prédisant une surprise “historique”, un candidat d’opposition, Anicet Ekane, a évoqué la révolution tunisienne de janvier dernier qui a fait tomber le régime du président Ben Ali après 27 ans de pouvoir : “on pensait qu’une chose pareille ne pouvait pas arriver. On est convaincus qu’il y aura quelque chose d’historique ce soir”, a-t-il déclaré. ”

Le pouvoir a pris sur lui d’acculer les Camerounais dans leurs derniers retranchements. Il y a toujours un moment où la ligne rouge est franchie et cela déclenche des choses inimaginables”, a-t-il prévenu. Les 24.OOO bureaux, censés accueillir 7 millions d’électeurs inscrits, devaient fermer à 18 heures et les opérations de dépouillement, publiques, démarrer dans la foulée. La Cour suprême dispose de 15 jours maximum pour publier les résultats, les procès verbaux des différents départements devant lui être transmis dans les dix jours. Plus de 6.000 structures d’observation et près de 600 journalistes ont été accrédités. La principale inconnue du scrutin semble être le taux de participation, sans écarter la possibilité de troubles post-électoraux. L’abstention s’annonce de fait importante, tant les jeux semblent faits d’avance, ce qui expliquerait que la campagne électorale qui s’est achevée samedi soir se soit déroulée dans une relative indifférence.

En prévision du scrutin, les mesures de sécurité ont été renforcées à Yaoundé et Douala (sud). En février 2008, des émeutes contre la vie chère et contre le projet de suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, adopté quelques semaines plus tard, avaient coûté la vie à 40 personnes, selon un bilan officiel, au moins 139 d’après des ONG. Le contexte social est également lourd : un tiers des 20 millions de Camerounais n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité et une personne sur quatre vit avec moins de 1,1 euro par jour. Le taux de croissance du pays (3,2% en 2010) considéré comme un des plus corrompus au monde, est le plus faible de la sous-région malgré des richesses minières.

lundi 10 octobre 2011

 

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